Au Festival international de Béjaia, le théâtre s’exprime avec éloquence avec ou sans paroles

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Au Festival international de Béjaia, le théâtre s'exprime avec éloquence avec ou sans paroles
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Avec ou sans paroles, des pièces sont présentées au 12ème Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB) qui se poursuit jusqu’au 21 octobre 2023.


Dimanche 15 octobre, la pièce “Speranza della sera del cielo” (Ciel soir espoir) de la troupe italienne Lucido Sottile a été présentée au Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh (TRB). Un spectacle muet construit sur la danse et la musique. Deux comédiennes, Tiziana Troja et Michela Sale Musio, évoluent sur scène, chacune voulant mettre un pas sur la piste étoilée de la gloire. Une piste traversée de pièges.


L’hypocrisie, l’égoïsme et les petits mensonges de l’univers artistique sont évoqués dans ce spectacle drôle et à la tonalité irrévérencieuse, propre au théâtre du sud de l’Italie. Tiziana Troja et Michela Sale Musio sont connues pour être de “mauvaises filles” à la langue pendue qui ne font aucune concession devant “la pensée politique correcte” qui marque parfois la scène européenne contemporaine.


Sans paroles aussi, la pièce “El ounouane” (l’adresse) du Théâtre régional Mohamed Tahar Fergani de Constantine (TRC) a été présentée en “Off” à la maison de la culture Taous Amrouche à Béjaïa. C’est un drame social qui s’appuie sur la danse, comme expression fluide et soignée, sur la musique, comme complément scénique, sur le mapping pour rester dans le langage du siècle et sur l’éclairage pour élaborer un tableau complet.  


Interprété par Billel Boubred, danseur et chorégraphe, Abdelhamid Litim, musicien, Aicha Abassi et Aya Khellaf, danseuses, le spectacle évoque l’histoire dramatique d’une mère pauvre forcée d’abandonner ses trois enfants.


Comme une petite flamme dans un océan sombre

Des enfants qui vont réussir dans la vie pour devenir artistes : danseur, musicien et peintre visuel.  Une manière de suggérer que l’espoir peut émerger comme une petite flamme dans un océan sombre. “El ounouane”, encadré artistiquement par le metteur en scène Karim Boudechiche à la faveur d’un laboratoire créé au TRC, n’a été présenté qu’une seule fois à Constantine.


Le 12ème FITB est la deuxième date pour ce spectacle, conçu, par Billel Boubred et Abdelhamid Litim, pendant un mois.
“Le théâtre-laboratoire à Constantine a pour objectif de prendre en charge de jeunes créateurs, qui ont des compétences artistiques, techniques et intellectuelles. Il s’agit de les accompagner dans le processus créatif et de leur préparer toutes les conditions pour monter un spectacle”, a souligné Karim Boudechiche.


Lundi 16 octobre, la pièce « El flouka » (l’embarcation), produite par l’association Essarkha de Skikda, a été présentée à la Maison de la culture Taous Amrouche.
Écrite par Seifeddine Bouha et mise en scène par Ahmed Aggoune, la pièce, interprétée par Seifeddine Bouha et Sabrina Koraïchi, est une tragi-comédie sur le phénomène de la harga et sur ses implications sociales et psychologiques.


“Confessions conjugales”

En plein mer, un couple, parti en quête d’un remède contre la stérilité, entre en conflit. La femme veut revenir au pays alors que l’homme entend poursuivre la traversée vers les rivages d’un rêve qui pourrait être évanescent.
La pièce “Itirafat zaoudjia” (confessions conjugales) de la troupe égyptienne Sufi Performing Arts, présentée lundi 16 octobre au TRB,  est également une histoire de couple.


La pièce est une adaptation de “Petits crimes conjugaux” du dramaturge franco-belge Éric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène par Ahmed Fouad, “Itirafat zaoudjia”, interprétée par un couple sans nom, Nora Ismat (femme) et Ahmed Al Salakaoui (homme).


Souffrant d’une amnésie, l’homme revient à son appartement accompagné par son épouse, toute heureuse de le retrouver. Elle lui parle des meubles, de ses livres et de ses théories sur l’existence. De fil en aiguille, la discussion, intime et chaleureuse au début, se poursuit en se refroidissant.


Quand l’amour se dévitalise

Chacun a des reproches à faire à l’autre. La femme trouve qu’elle devient moche avec la succession des saisons et des années. A l’opposé, son époux est, ses yeux, plus séduisant, attirant les jeunes femmes. L’époux croit à l’infédilité de son épouse et se rappelle d’un tentative de meurtre. La chanson “It’s a man’s man’s man’s World” (c’est le monde de l’homme) de l’américain James Brown ravive les souvenirs d’une nuit terrible.


Dans le couple s’installe la monotonie et l’ennui. L’amour se dévitalise alors petit à petit. Sera-t-il sauvé ?  “Itirafat zaoudjia” pousse la réflexion au loin sur l’entreprise du mariage, sur les rapports conjugaux mis à l’épreuve des imprévus de la vie, sur la valeur de la confiance et sur les effets, parfois insoupçonnés, de la négligence.


“C’est une histoire qui peut se produire dans n’importe quel endroit et à n’importe quelle époque. Elle peut se répéter à l’infini avec n’importe quel couple dans le monde. Mon personnage peut être celui de chaque femme, quelque soit son âge ou son identité. Idem pour le personnage de l’homme qui peut aussi souffrir de l’ennui, de la négligence et de la solitude. Chacun de nous peut se retrouver dans cette pièce”, a soutenu la comédienne Nora Ismat, dans une déclaration à 24 H Algérie.


“Il faut savoir se parler…”

Selon elle, l’amour peut reprendre ses droits lorsque les gens retrouvent un terrain d’entente. “Il faut savoir se parler, dialoguer”, a-t-elle plaidé. La pièce “Itirafat zaoudjia”  a été présentée pour la première fois au Festival national du théâtre en Egypte.


 “Moi-même et Ahmed El Salakawi avons été nominés pour le prix de la meilleure interprétation. Nous avons constaté un grand intérêt du public pour notre spectacle”, a confié Nora Ismat qui revient à Béjaia.


“Béjaïa a dans mon cœur une place particulière. Je suis venue ici en 2015. Il y a des souvenirs entre nous et Béjaia. Je suis ravie d’y retourner. J’ai vu de beaux spectacles ici à Béjaïa, comme les pièces italienne et cubaine”, a-t-elle dit.


Sufi Performing Arts Troupe existe depuis plus de six ans. “C’est une troupe indépendante. Elle sollicite des artistes travaillant pour leur compte ou ceux dépendant du ministère de la Culture. En Egypte, le théâtre indépendant ou celui produit par les institutions étatiques ont les mêmes chances de représentation. Il n’y a pas de distinction. Le théâtre qui invite à la réflexion a aussi son public, comme le théâtre commercial”, a précisé Mohamed Mabrouk, responsable de la troupe.


Des master class sont organisés durant le 12ème FITB, à la maison de la culture Taous Amrouche. L’un d’eux a été encadré par le scénographe égyptien Abou Bakr Chérif. D’autres master class sont prévus sur la mise en scène et l’actorat. Parallèlement, des séances de contes sont organisées dans les écoles de la région de Béjaia, notamment à Toudja. 

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