« Baghdad Messi » : Rêves brisés et football dans l’Irak occupé

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"Baghdad Messi" : Rêves brisés et football dans l’Irak occupé
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Après Zagros en 2017, Sahim Omar Kalifa, cinéaste flamand d’origine kurde, revisite son court métrage Baghdad Messi (finaliste aux Oscars en 2014) en l’adaptant en un drame poignant sur l’enfance en guerre. Projeté en compétition officielle au 12 festival d’Oran, en présence du cinéaste et de l’actrice Zahra Al Ghandour, ce film Irako-belgo-hollandais, du Flamand d’origine kurde Sahim Omar Kalifa, le film, souligne tout de go son protagoniste représente l’Irak à la présélection des prochains Oscars.

Bagdad, 2009. Hamoudi (Ahmed Mohammed Abdullah), 11 ans, rêve de devenir footballeur professionnel, inspiré par son idole Lionel Messi. Malgré la violence omniprésente dans les rues ravagées de la capitale irakienne, il trouve encore du réconfort en jouant au football avec ses amis. Mais un jour, tout bascule. Une attaque à l’explosif visant les forces d’occupation américaines le laisse amputé d’une jambe. Le rêve d’Hamoudi s’effondre brutalement lorsqu’il réalise la gravité de sa blessure à son réveil à l’hôpital.

Forcée de fuir la ville en raison des menaces de milices nationalistes contre son père Kadhim (Atheer Adel), traducteur pour les Américains, la famille, chiite, de Hamoudi trouve refuge à la campagne auprès de la soue de son épouse dans un milieu sunnite hostile à leur présence. Là, le jeune garçon tente de se reconstruire avec de nouveaux amis après avoir été le capitaine de son équipe à Baghdad. Entre nouvelles amitiés, cruautés et résilience, il commence à rêver à nouveau de football malgré sa condition, luttant pour retrouver une part de ses rêves envolés.

Une enfance détruite par la guerre

Sahim Omar Kalifa, après s’être fait connaître avec Zagros, récompensé au Festival de Gand et par l’Ensor du meilleur film en 2018, revient avec Baghdad Messi pour explorer la guerre à travers le regard d’un enfant brisé mais toujours accroché à l’espoir. Il s’est dit lors des débats qui ont suivi la projection de son film, « réaliste » tout en gardant une fenêtre ouverte d’où l’espoir peut s’infiltrer dans les plus sombres existences ».

Bien que l’histoire puisse évoquer un récit classique de résilience face à un handicap, Baghdad Messi se démarque en situant l’action dans un pays ravagé à ce jour par l’occupation et les déchirements entre une majorité chiite et une minorité sunnite qui a longtemps gouverné le pays avant la chute de Saddam Hussei. Kalifa dépeint un quotidien où les enfants jouent non loin des terrains de mines et troquent des armes pour avoir assez d’argent pour regarder des matchs de Champions League, espérant entrevoir Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo à l’écran.

Le football, une échappatoire salutaire

Inspiré par l’histoire réelle de Hassan Ali Na’aim (2007-2019), un jeune footballeur unijambiste irakien, Baghdad Messi est un portrait bouleversant d’une enfance dévastée par la guerre. Kalifa plonge dans les contradictions d’un pays déchiré en se concentrant sur l’innocence de son jeune héros, dont la passion pour le football devient un refuge face à la cruauté de la réalité.

Avec sensibilité, le cinéaste invite les spectateurs à partager le parcours de Hamoudi, à la fois victime de la guerre et témoin des choix destructeurs des adultes. Mais, malgré la violence et la misère qui le submergent, la force du rêve footbalistique de Hamoudi illumine ce drame, rendant palpable la capacité humaine à trouver de l’espoir même dans les circonstances les plus sombres.

Baghdad Messi
Réalisé par Sahim Omar Kalifa
Scénario de Kobe Van Steenberghe, Ruth Mellaerts et Sahim Omar Kalifa
Photographie : Anton Mertens
Musique : Frédéric Vercheval
Avec : Atheer Adel, Errol Trotman-Harewood, Zahraa Ghandour, Hussein Hassan Ali
Durée : 1h28

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