Le ministre des finances, Aymen Benabderrahmane, a déclaré dimanche que l’ouverture du capital des banques publiques est une piste retenue dans le programme sur la réforme financière qui sera mis en application par l’Etat. Cela fait très longtemps qu’on ne parle plus, en Algérie, de privatisation d’une banque publique.
On n’en parle plus depuis 2007, le sujet est devenu tabou. Pourtant, durant toute l’année 2007, un travail important avait été menée pour privatiser le Crédit Populaire d’Algérie (CPA), classée alors 5ème banque du pays. En octobre 2007, une circulaire prise en 2004 après le crash et le scandale de la Khalifa Bank qui interdisait aux entreprises et administrations publiques de déposer des fonds dans des banques privées, a été abrogée.
C’était le dernier obstacle à la privatisation du CPA présenté alors comme étant la preuve d’une volonté de modernisation un système bancaire algérien resté primitif. Tout semblait aller dans ce sens, les déclarations des responsables du secteur maintenant clairement l’option. L’opération préparée depuis 2005 allait aboutir. Mais le 24 novembre 2007, deux jours avant l’ouverture des plis, le gouvernement décide de « surseoir » à la privatisation.
Le communiqué du ministère des finances annonçait la décision de »surseoir » à l’opération de privatisation du Crédit populaire d’Algérie (CPA) et « par voie de conséquence à l’ouverture des plis, programmée pour le 26 novembre, en attendant une meilleure visibilité sur les marchés financiers internationaux ».
Les banques étrangères viennent sans passer par la privatisation
Mme Fatiha Mentouri, ministre déléguée à la réforme financière, assure le lendemain que cette suspension n’entachera pas le « processus de privatisation du CPA ». C’était le 26 novembre 2007, Mme Mentouri laissait entendre que la décision de surseoir à la privatisation correspond à la signification commune du mot : remettre l’opération à plus tard. « On ne prend pas la mer en pleine tempête » avait assuré Mme Mentouri.
Mais finalement la privatisation du CPA – on a commencé à en parler dans les années 90 – ne sera plus à l’ordre du jour. En 2009, la loi des finances complémentaires est venue consacrer un changement de cap de la politique économique de Bouteflika : la règle des 51% de capitaux algériens pour les investissements étrangers était instituée ainsi qu’un droit de préemption. Et plutôt que de permettre aux banques étrangères d’entrer via l’ouverture du capital des banques publiques… On leur permet de s’installer directement sur la place algérienne où leur apport en savoir-faire reste des plus limités. Ces banques étrangères, encadrés par la législation algérienne, font tout juste comme les banques publiques. Le privé algérien étant exclu depuis l’affaire Khalifa, les banques privées algériennes seront ces… étrangères.
[…] LIRE AUSSI: C’était en 2007 : la privatisation du CPA stoppée à la toute dernière minute […]