Le meurtre de Chaïma ravive le débat sur l’application de la peine de mort

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Le meurtre de Chaïma ravive le débat sur l'application de la peine de mort
Le meurtre de Chaïma ravive le débat sur l'application de la peine de mort
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L’horrible assassinat de Chaïma, jeune fille de 18 ans, ravive le débat, récurrent, au sein de la société algérienne, sur l’application de la peine de mort contre les auteurs de ces crimes odieux. Comme dans d’autres affaires, les appels à l’application du « Quisas », la loi du talion, se sont rapidement exprimés sur les réseaux sociaux.

Les services de la Sûreté ont retrouvé samedi 03 octobre 2020 la dépouille, brûlée, de Chaïma, au niveau d’une station d’essence dans le quartier El Louz, dans la commune de Thénia ( Boumerdès). Kidnappée une semaine auparavant, Chaïma été violée, tuée à l’arme blanche puis son corps brûlé par son ravisseur.

Le calvaire de la jeune fille a provoqué une onde de choc et une vague de colère chez les internautes algériens dont beaucoup appellent à l’application effective de la peine capitale. « Combien de Chaïma doivent être victimes » de ces actes horribles avant « que les enfants et les femmes soient protégés » demande-t-on. Sur les réseaux sociaux, beaucoup relaient, l’appel de la mère de Chaïma, à appliquer la peine de mort contre les auteurs de viols, de kidnappings et d’homicides. Des hashtags comme « القصاص لقاتل شيماء » (Le quisas pour le meurtrier de Chaïma) ou encore « الشعبي ريد القصاص » (Le peuple veut le quisas) sont largement relayés. Sur Twitter, le premier hashtag est à la tête des tendances en Algérie.

L’indignation est d’autant plus grande que le bourreau de Chaïma est un récidiviste. Le violeur et assassin présumé, identifié comme étant Bouchenaki Abdeslam par la mère de la victime, n’en est pas à son premier forfait contre Chaïma. En 2016, il a déjà fait l’objet d’une plainte de sa part pour tentative de viol.

Le débat qui vient d’être ravivé ne porte pas sur la peine de mort qui est prévue dans le code pénal algérien et n’a pas été abolie, mais sur le moratoire à son application en vigueur depuis 1993. La peine capitale n’est pas abolie mais elle n’est pas appliquée. Des condamnations à mort continuent tout de même d’être prononcées par les tribunaux puisque le législateur n’a changé la loi.

En Algérie, le débat sur la levée de ce moratoire ressurgit ainsi plusieurs fois par an au gré des affaires qui secouent l’opinion publique. Le 30 septembre dernier, Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM) s’est dit favorable à l’application de peine de mort contre les auteurs des crimes contre les enfants.

« Durant les 20 dernières années, nous avons en moyenne un ou 2 enlèvements par an. Un réel problème puisque dans les autres pays, ce sont des cas exceptionnels qui se manifestent tous les 5 à 10 ans », avait-t-il expliqué à la radio nationale.

Le débat est aussi porté par les ONG. Amnesty International Algérie appelle chaque année les autorités à abolir la peine capitale. “Même durant la période des grands massacres des années 1990, l’Algérie n’avait pas recouru à la peine de mort”, a déclaré la présidente d’Amnesty Algérie, Hassina Oussedik, à Liberté.

“Nous sommes catégoriquement opposés à la peine de mort, et ce, quels que soient la situation ou le crime commis”. Elle considère la peine capitale comme “une atteinte à la dignité humaine”. Elle souligne également que cette peine est « irréversible », pouvant « tuer des innocents”. La peine capitane nest pas non plus « dissuasive », affirme-t-elle, puisque le « nombre de crime n a pas baissé dans les pays qui l’appliquent encore.

Le ministre de la Justice  a  annoncé, mardi dernier, qu’un nouvel amendement au code pénal rétablissant la peine de mort est à l’étude, rapporte Liberté Algérie.

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2 Commentaires

  1. Chaïma : 24hdz. Peine capitale. Débat.

    La mort de Chaïma est un drame sans nom. Je ne peux même pas imaginer la douleur de sa famille. La justice doit sévir d’une façon exemplaire : aucune circonstance atténuante pour un tel crime. La place de ce criminel est en prison.

    Après avoir affirmé cela, je ne pense pas que le moment soit idoine pour relancer l’épineux débat sur la levée du moratoire sur l’exécution des peines capitales. L’immense émotion suscitée par ce crime n’est pas bonne conseillère. Un tel débat doit avoir lieu dans la sérénité, avec des esprits apaisés. Impossible de l’avoir dans un contexte fait de larmes, de tristesse et de douleur.

    Personnellement, tout en étant meurtri (sans aucun jeu de mot) par l’assassinat de Chaïma, je continue à être contre la peine de mort. Par principe. Un État n’a pas pour vocation à appliquer la loi du talion, cette loi d’un autre temps. Il n’a pas à s’octroyer le droit d’ôter la vie à ses citoyens, aussi criminels soient-ils.

    Un Etat, par contre, a le devoir de protéger ses citoyens les plus vulnérables, à l’exemple de la défunte Chaïma, en privant de liberté les criminels. La privation de liberté à perpétuité, en sus des mesures de sûreté, est un châtiment exemplaire.

    Au-delà donc du maintien de ce moratoire, le gouvernement serait bien inspiré d’abroger la peine de mort du code pénal car un État moderne n’a pas à être un État bourreau.

    Que Chaïma repose en paix. Mes sincères pensées vont à sa famille.

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