Les autorités algériennes réagissent au documentaire « Algérie, le pays de toutes les révoltes », de l’émission « Enquête exclusive » de la chaîne française M6. Le ministère de la Communication a annoncé ce lundi 21 septembre 2020 sa décision de « ne plus autoriser » celle-ci « à opérer en Algérie ». Le département de Amar Belhimer qualifie le regard porté par ce documentaire sur le Hirak de « biaisé », affirmant que cet épisode a été tourné par une équipe munie d’une « fausse autorisation de tournage ».
« Ce précédent nous conduit à décider de ne plus autoriser M6 à opérer en Algérie, sous quelle que forme que ce soit », a indiqué le ministère dans un communiqué. Selon la même source, « une journaliste franco-algérienne a assuré la réalisation du film, avec l’aide d’un fixeur algérien, munis d’une fausse autorisation de tournage ».
« Une infraction au demeurant sévèrement sanctionnée qui restera inscrite au compte indélébile de ses auteurs qui auront à répondre aux poursuites prévues par l’article 216 du Code pénal algérien pour « faux en écriture authentique ou publique », précise le ministère.
Une demande d’accréditation sur « l’essor touristique d’Oran »
La même source rajoute que les médias français « s’adonnent à la réalisation et la diffusion de reportages filmés et autres produits journalistiques, dans le vil but de tenter de démotiver le peuple algérien, notamment sa jeunesse » et ce, « à l’approche de chaque rendez-vous électoral, crucial pour l’Algérie et son avenir ».
Le ministère poursuit qu’il « n’est pas fortuit que ces médias, outillés pour exécuter un agenda visant à ternir l’image de l’Algérie et à fissurer la confiance indéfectible établie entre le peuple algérien et ses institutions, agissent de concert et à différents niveaux et supports ».
Le département conduit par Amar Belhimer rappelle que la chaine française a introduit une « demande d’accréditation de presse pour les membres de l’équipe de l’émission « Enquête Exclusive », en vue du tournage d’un documentaire sur « la valorisation de l’essor économique et touristique de la ville d’Oran, ainsi que le multiculturalisme qui fait la richesse de notre pays ».
« Cette demande a reçu une suite défavorable des services des ministères de la Communication et des Affaires étrangères », a-t-il souligné.
Cependant, « au final, l’équipe a produit un tout autre documentaire diffusé hier 20 septembre 2020 à 23h10 (heure française) sous le titre: +Algérie, le Pays des Révoltes+, portant un regard biaisé sur le Hirak », fait remarquer le communiqué.
« D’une durée de 75 minutes, ce film documentaire réalisé par le dénommé Dahmane Ziane, traite du « Hirak » et de la jeunesse algérienne, à partir de témoignages de trois jeunes algériens sur l’avenir dans leur pays », rappelle-t-on.
« Selon le synopsis dudit documentaire, il est également question de relater le « désespoir » de certains Algériens, qui n’envisagent qu’une option : fuir le pays. Un pays où « filmer est très difficile », subodore le producteur-présentateur Bernard De la Villardière », a-t-on ajouté.
Plainte contre la chaîne M6
Selon le ministère de la Communication, « ce dernier a reconnu avoir eu recours à l’usage « de caméras discrètes » avant de souligner le choix « de nombreux journalistes anonymes » ayant travaillé pour ce qu’il prétend être une « enquête » ». « Au final, censé dévoiler « la banqueroute du régime algérien », le produit est une somme de trois témoignages insipides puisant dans les clichés les plus réducteurs : d’abord, celui de Noor, une youtubeuse qui « rêve de liberté en vivant des conseils de maquillage qu’elle donne aux femmes ». Ensuite, Nardjes qui, elle, a décidé de vivre à l’occidentale dans un pays jugé « ultraconservateur ». Enfin, Ayoub qui « rêve de voir un Etat islamique naître en Algérie et s’est engagé à cette fin en politique », a-t-il ajouté.
La ministère a fait savoir, à ce propos, que « les principaux concernés ont pris contact avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel français (CSA) et ont saisi les services de l’ambassade de France en Algérie, afin de porter plainte pour avoir été manipulés, hors de tout professionnalisme, de toute déontologie et de toute morale ».
« Dans une mise au point publiée aujourd’hui sur les réseaux sociaux, Noor déplore « le manque de professionnalisme » de la chaine et « regrette vraiment d’avoir participé au reportage » », a-t-on indiqué, soulignant que celle-ci « rapporte avoir été contactée par un journaliste algérien pour un reportage traitant de « l’émancipation de la femme algérienne » et qu’elle était « loin d’imaginer qu’elle allait être utilisée, elle et son mari, pour donner une mauvaise image des femmes et des hommes de notre pays » ».
« Un tournage clandestin supposé révéler « la face cachée » de notre pays s’est avéré être une somme d’anecdotes sans profondeur et sans rapport avec la réalité socio-économique (en amélioration constante) et politique (d’ouverture démocratique) », conclut le ministère de la Communication, relayé par l’APS.
Bonjour,
Au-delà de l’importance accordée par tout un État à une chaîne de télévision racoleuse de seconde zone (M6 en l’occurrence), c’est ahurissant de lire une telle rhétorique brejnevienne en 2020 ! Une langue de bois comme on en lit rarement. Un cas d’école de l’anti-communication.
J’en suis surpris, venant d’un département géré actuellement par M.Belhimer, qui donnait l’impression d’être un démocrate de convictions et un fin communiquant. J’appréciais ses chroniques, sur « Le Soir d’Algérie » notamment, quand il était en dehors de la sphère du pouvoir, avec un regard un peu plus lucide et objectif.
Il est bien placé pour savoir que l’indépendance de la presse n’a aucun sens si cette presse ne se donne pas le droit et les moyens de critiquer l’action du pouvoir en place. Dans le cas contraire, El Moudjahid suffirait.
Dire que c’est l’amour fou entre ce pouvoir et le peuple est soit aveuglement politique ou insipide propagande. Dans les deux cas, « L’Algérie nouvelle » s’amarre un peu trop aux wagons du passé. Et c’est l’une des raisons d’être du Hirak « béni ».
C’est triste et affligeant !!!
#Free_Khaled_Drareni
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