Deux films d’animation ont été projetés, mardi 9 novembre, à la cinémathèque d’Alger, à l’occasion des 6ème Journées du film européen en Algérie. Deux films, deux sagesses.
« Jacob, Mimi et les chiens parlants » est une bande dessinée des lettones Sanita Muizniece et Elina Braslina. Elles se sont inspirées de la fiction réalisée par le cinéaste letton Edmunds Jansons, spécialisé en films d’animation, pour produire la BD. C’est donc un mouvement contraire. Habituellement, les BD sont adaptées au grand écran.
Le film est adapté de « Dogtown » (la ville des chiens) roman de Luize Pastore. En Lettonie, Luize Pastore est une célébrité pour ses livres de littérature jeunesse, comme à « A la recherche du singe perdu ».
L’histoire se passe à Maskatcha, quartier situé au sud de Riga, capitale de Lettonie, surnommé « faubourg de Moscou » (habité pendant longtemps par des russes). Un quartier calme où les maisons construites en bois sont basses, les rues petites et les arbres verdoyants.
Le petit parc du quartier est un lieu de rencontres des familles, un aire de jeu pour les enfants et un espace de répétition pour les artistes.
Les arbres et le gratte-ciel
Jacob, 7 ans, qui rêve de devenir architecte comme son père, adore dessiner. Partant pour une mission d’affaires, son père l’amène chez sa cousine Mimi à Maskatcha pour y passer une semaine. Jacob voulait partir à l’aquaparc. Il doit s’adapter au comportement imprévisible de Mimi et aux gestes curieux de son père surnommé Eagle.
Eagle se prend pour « un pirate ». Jacob rencontre Boss, un dogue allemand gris. La surprise ? Le chien parle, autant que les autres canidés: Rock and Roll, Iggy, Jean…Un matin, des bulldozers et des camions débarquent dans le quartier pour raser des arbres et dégager un terrain pour la construction d’un gratte-ciel. Mimi, Jacob et les chiens montent « la résistance » contre le projet.
« Le progrès en ciment »
Le film, qui se déroule comme un conte urbain réaliste à petit rebondissement, évoque l’avancée du béton à Riga, à l’image des autres villes du Nord de l’Europe où les espaces verts sont menacés par « le progrès en ciment ». Dans les cartes postales apparaissent désormais les Z-Towers, deux gratte-ciel célèbres de Riga, une ville qui commence à changer de visage.
Il y a un peu de fantastique dans la fiction d’Edmunds Jansons ce qui l’a rend savoureuse. Et, c’est la preuve, encore une autre, que le cinéma d’animation n’est pas un sous-genre mais un art complet qui peut pousser à la réflexion, ouvrir des pistes, proposer des idées…
« La fameuse invasion des ours en Sicile »
La preuve est également donnée par « La fameuse invasion des ours en Sicile », un film de l’illustrateur italien Lorenzo Mattotti, d’après un scénario de Jean-Luc Fromental et de Thomas Bidegain, inspiré d’un conte de Dino Buzzati, publié en 1945.
L’ourson Tonio, qui joue dans une rivière avec son père Léonce, le roi des ours, suit le cours d’eau à la poursuite d’un poisson. Il tombe dans un filet, kidnappé par des chasseurs. Triste, Léonce, qui recherche partout son fils, décide de mener « le clan » des ours de la montagne vers la ville. « Et si Tonio était parmi les humains? », s’interroge Salpêtre, proche du roi.
Grand-Duc, connu par sa tyrannie, roi de Sicile, est informé par le magicien De Ambrosis de l’arrivée des ours. Accueilli par les balles et les boulets de canon, les ours décident de résister en envoyant de grosses boules de neige. Acte de défense.
Les mensonges des humains
Les ours continuent leur avancée jusqu’à prendre le palais et Léonce devient roi de Sicile. D’aventure en intrigue, les ours, qui parlent aussi, découvrent toutes les faiblesses, les fourberies, les torts, les vices et les mensonges des humains.
L’histoire est racontée par Gedeone et Alemrina dans un grotte où habite un vieil ours, chapitre après chapitre. Le vieil ours poursuit en racontant « la fin » de l’Histoire…
« La fameuse invasion des ours en Sicile » ressemble à une fable avec tous les ingrédients d’un conte qu’on peut raconter les nuits d’hiver aux adultes et aux enfants. Les paysages montagneux sont célébrés dans ce film durant toutes les saisons, hiver comme printemps. La rivière, les vallées, la plaine et les bois sont présents comme un poème à la beauté de la nature avec un joli travail sur les couleurs.
Et les ours donnent des leçons aux humains corrompus par l’argent et par le souci de garder le pouvoir éternellement. La baguette magique de De Ambrosis ne peut pas changer la nature humaine. Elle est ainsi faite jusqu’à la fin des temps.