Les Assises nationales du cinéma se tiennent pendant deux jours au Centre international des conférences (CIC) Abdellatif Rahal, au Club des Pins, à l’ouest d’Alger. Il s’agit d’enrichir le projet de la loi relative à l’industrie cinématographique.
Soraya Mouloudji, ministre de la Culture et des Arts, a précisé que ces assises interviennent après la décision du président Abdelmadjid Tebboune, prise lors d’un Conseil des ministres, tenu le 20 février 2023, de reporter l’examen de l’avant-projet de loi portant sur l’industrie cinématographique dans le but de l’enrichir avec la contribution des professionnels.
« Il s’agit aussi de tracer les grandes lignes d’une stratégie prospective pour le secteur du cinéma en Algérie. Ces assises ont été préparées par des ateliers régionaux en présence des professionnels du septième art. La consultation a été élargie aux algériens établis à l’étranger. Les associations professionnelles ont été également sollicitées dont celles des producteurs et des techniciens du cinéma(…) Les propositions faites expriment un haut de responsabilité des professionnels, soucieux de développer l’art et l’industrie cinématographiques en Algérie « , a précisé la ministre, à l’ouverture de ces assises, ce samedi 29 avril.
Nabil Hadji, conseiller au ministère de la Culture, a indiqué, pour sa part, que des ateliers régionaux sur le cinéma ont été organisés du 11 mars au 18 avril 2023 à Oran, Constantine, Biskra, Béjaïa, Tipaza et Alger. Une quinzaine de propositions ont été retenues après ces débats.
« Nous nous engageons à soutenir les producteurs de films… »
« Les conclusions de ces assises seront prises en charge dans l’élaboration de l’avant-projet de loi sur l’industrie cinématographique. Un comité élargi sera créé pour contribuer à la rédaction finale. Le comité de préparation de ces assises est composé de presque 80 % d’experts, d’universitaires et des professionnels du cinéma. D’autres secteurs ministériels vont apporter leur contribution aussi », a souligné Soraya Mouloudji.
Le ministère de la Culture prendra en charge, selon elle, toutes les préoccupations exprimées par les professionnels. « Nous nous engageons à soutenir les producteurs de films dans leur quête de réaliser le succès et à garantir la liberté de création dans le cadre des lois de la République. L’Etat algérien s’engage à protéger et à soutenir le cinéma algérien. Des mesures de soutien ont été prises en 2022 après la fermeture du FDATIC (Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique) », a-t-elle souligné.
Elle a rappelé que le soutien au cinéma se fait à travers le budget de fonctionnement du ministère de la Culture. Un fonds a été dégagé pour financer les productions cinématographiques entrant dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale.
Projet de création d’un Centre national du cinéma
« Des autorisations spéciales ont été accordées pour les projets qui étaient suspendus depuis 2020. Nous avons également ouvert l’exploitation des salles de cinéma aux privés. Des actions ont été entamées pour concrétiser le projet de création d’un Institut supérieur de cinéma qui aura la double tutelle du ministère de la Culture et du ministère de l’Enseignement supérieur », a noté Soraya Mouloudji.
Elle a parlé aussi de la création du lycée des arts où le cinéma est enseigné. Les premiers détenteurs d’un bac arts seront connus à la fin de l’année scolaire 2023/2024. La ministre a annoncé la création d’un Centre national du cinéma, à l’image de ce qui existe dans certains pays européens, après restructuration des établissements existants (CADC, CNCA).
« Il y a une étroite coordination avec les départements ministériels concernés par la question de l’investissement dans le domaine du cinéma, comme le ministère des Finances avec la révision des mesures fiscales et la création de nouveaux mécanismes de financement, et le ministère de l’Intérieur, dont l’aide est nécessaire pour l’attribution de terrains et de foncier culturel à l’échelle nationale. Cela nous permettra d’établir une cartographie nationale de l’investissement cinématographique en Algérie, surtout à la faveur de la nouvelle loi sur l’investissement », a-t-elle indiqué en évoquant le rôle important du ministère de l’Industrie.
Révision à la hausse du taux de subvention accordée aux projets cinématographiques
Elle a annoncé la révision à la hausse du taux de subvention accordée aux projets cinématographiques. « Décision a été prise aussi de réduire les pièces justificatives demandées aux producteurs pour bénéficier de la subvention. La durée pour bénéficier de nouveau d’un financement a été réduite de cinq à deux ans. Le délai de dépôt des demandes de subvention a été prolongé au 15 mai 2023. Les demandes d’autorisation de tournage seront accordées au niveau des directions de culture de wilayas, cela évitera aux professionnels de faire le déplacement à Alger pour les obtenir », a détaillé la ministre.
« Faciliter l’accès au fond d’aide »
Amar Tribeche, président de la Commission de lecture et de soutien aux projets cinématographiques, a indiqué, de son côté, que les gens du septième art souhaitent que la nouvelle loi soit « émancipatrice et encourageante ». « Une des missions de la commission est de faire des propositions et d’apporter des recommandations concernant les préoccupations des cinéastes algériens. Nous avons apporté des modifications nécessaires pour faciliter l’accès au fonds d’aide et permettre aux jeunes réalisateurs et producteurs d’obtenir un premier soutien de l’Etat, susceptible de convaincre d’autres pour en faire la demande », a déclaré Amar Tribeche.
Et d’ajouter : « Nous avons à cœur de mettre en place les dispositions les plus cohérentes pour permettre l’émergence de nouveaux talents. Il n’existe pas de conditions pour les réalisateurs émergents, qui déposent une demande de subvention pour un court métrage, pour la première fois. Le montant alloué est évalué en fonction du budget du projet, varie de 40 à 51 % pour le long métrage, et 40 % pour le court métrage ».
Il a expliqué que les producteurs qui ne respectent pas leurs engagements après l’obtention de subventions de l’Etat sont exclus de l’aide pour une durée de trois ans.
Amar Tribeche a annoncé que la Commission a reçu, jusqu’au 27 avril 2023, 57 demandes de subvention pour le compte de 2022, « entre production, post-production et réécriture à prendre en charge ». « Pour 2023, nous avons reçu 37 dossiers pour l’aide à la production, trois pour la post-production et deux pour la réécriture », a-t-il dit.
Outre Amar Tribeche, la Commission de lecture et de soutien aux projets cinématographique est composée de Rachid Bouchareb, Mounès Khammar, Rachid Belhadj, Drifa Mezenner, Yahia Mouzahem, Sofia Djama, Aissa Ras El Ma, Zakaria Ramdane et Lyès Boukhemmouche.
Les assises se déroulent aussi sous forme d’ateliers abordant plusieurs thèmes : « Investissement et industrie cinématographique », « Mécanismes de soutien et de financement du cinéma », « Créativité cinématographique et public », « Exploitation et distribution de films » et « Formation et métiers du cinéma ».