Réduit au silence par l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, le CNESE (Conseil national économique, social et environnemental) revendique aujourd’hui son autonomie. L’environnement fait désormais partie des missions du Conseil.
« La non autonomie de l’ex-CNES était un point noir. Il était fortement lié sinon soumis au gouvernement. Dans le nouveau texte (publié le 6 janvier 2021), la séparation entre le gouvernement et le CNESE est consacrée », a annoncé, ce lundi 1 février, Rédha Tir, président du CNESE, lors du forum de la Chaîne Une de la radio nationale.
Il cite l’article 209 de la nouvelle Constitution qui stipule que « le Conseil national économique, social et environnemental est un cadre de dialogue, de concertation, de proposition, de prospective et d’analyse dans le domaine économique, social et environnemental, placé auprès du Président de la République ».
« Le CNESE va élargir ses missions au dialogue social »
« Le CNESE n’est pas seulement un cadre de concertation et de dialogue, il va statuer sur les réformes économiques et lancer une action de prospective et d’anticipation. Le CNESE va élargir ses missions au dialogue social, contribuer à régler les conflits sociaux avec les syndicats. En tant que troisième partie, nous allons proposer des solutions. Le gouvernement ne va plus être confronté à la société, à la rue », a précisé Rédha Tir.
Il a annoncé que le CNESE, qui est composé de 200 membres, a remis un rapport de 400 pages sur « l’état de la nation » au président de la République qui sera rendu public dès accord de la Présidence de la République. Le Conseil publiera aussi un rapport de conjoncture en avril 2021.
Bouteflika a verrouillé l’ex-CNES
Par le passé, le CNES publiait régulièrement des rapports de conjoncture économique et sociale évaluant avec objectivité les politiques publiques. Cela n’avait pas plu à Abdelaziz Bouteflika, allergique à toute critique de son action et de ses gouvernements. Il a alors décidé de mettre à l’écart le CNES et tous les autres organismes de consultation et de contrôle. La Cour des comptes était logée à la même enseigne. Deux ans après le décès de Mohamed Seghir Babes, en 2017, le CNES est resté sans président jusqu’à la désignation de Réda Tir, un professeur d’économie, en mars 2020.
Détecter les facteurs de risques
Selon Rédha Tir, le CNESE cherche à consolider sa composante par des « compétences nationales » représentatives de toutes les wilayas du pays. « Nous voulons aussi une égalité hommes-femmes au sein du Conseil mais pas au détriment de la compétence. Les jeunes auront leurs places aussi. Le Conseil s’ouvrira également aux compétences algériennes à l’étranger. Il sera un centre d’intelligence, pas un espace de pratiques politiciennes », souligne Rédha Tir. Il a précisé que le CNESE sera là pour détecter tous les facteurs de risque économique, social et environnemental.