La pandémie de coronavirus, qui s’accélère à l’échelle mondiale selon l’OMS, oblige l’Australie à reconfiner jeudi les cinq millions d’habitants de Melbourne, la deuxième ville du pays, alors que les Etats-Unis ont dépassé le seuil des trois millions de personnes contaminées.
Loin derrière les lourds bilans enregistrés par les pays les plus touchés comme les Etats-Unis et le Brésil, l’Australie – qui compte environ 9.000 cas et 106 morts – enregistre une hausse des cas à Melbourne (sud-est), avec plus d’une centaine de nouvelles infections quotidiennes. Une flambée aux yeux des autorités de ce pays qui semblait avoir réussi à maîtriser l’épidémie de Covid-19.
Les cinq millions d’habitants de la métropole ont donc reçu l’ordre de se confiner à nouveau pour six semaines, à compter de minuit dans la nuit de mercredi à jeudi.
Ils devront rester chez eux sauf pour raisons professionnelles, pour faire de l’exercice physique, se rendre à des rendez-vous médicaux ou acheter des produits de première nécessité. De telles mesures n’avaient été que récemment levées.
Restaurants et cafés ne pourront plus servir que des plats à emporter, tandis que les salles de gym et les cinémas devront à nouveau fermer.
Selon Daniel Andrews, Premier ministre de l’Etat de Victoria dont Melbourne est la capitale, il s’agit de la seule solution possible car sinon, « potentiellement », il y aura « des milliers et des milliers de cas » supplémentaires.
En prévision du reconfinement, les rayons des supermarchés ont été dévalisés mercredi. « Aussi frustrant que cela soit, je soutiens (le confinement) – mais reposez-moi la question dans six semaines », a lancé à l’AFP Michael Albert, un habitant de Melbourne.
« Jamais redescendus »
Après leur divorce avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – qualifié mercredi par l’Allemagne de « revers » face à la pandémie qui a fait plus de 545.000 morts dans le monde – les Etats-Unis restent le pays le plus durement touché par la maladie, en nombre de contaminations comme en nombre de décès.
L’épidémie a fait à ce jour 132.195 morts dans la première puissance économique mondiale et 3.046.351 cas de contaminations y avaient été détectés mercredi soir.
Après une stabilisation de l’épidémie dans ses premiers foyers, notamment à New York, le pays affronte depuis quelques semaines une flambée des infections dans le Sud et l’Ouest. Plusieurs Etats ont ainsi été obligés de suspendre leur processus de déconfinement.
Le président Donald Trump, qui a appelé mercredi les écoles du pays à rouvrir, nie la réalité de ce rebond: « le taux de mortalité du coronavirus a été divisé par dix! », a-t-il tweeté.
Le nombre de cas s’est aussi envolé à Tulsa (Oklahoma), un peu plus de deux semaines après un meeting de campagne organisé par Donald Trump dans cette ville, selon les autorités sanitaires locales.
« Nous sommes montés, nous ne sommes jamais redescendus au niveau de base, et là nous sommes en train de remonter », s’est inquiété Anthony Fauci, plus haut expert en maladies infectieuses du gouvernement américain.
Dans ce contexte tendu, l’OMS a mis en garde contre la probable capacité du virus à se transmettre par voie aérienne, notamment dans les lieux publics, c’est-à-dire de manière beaucoup plus contagieuse qu’initialement envisagé.
« Débordés »
L’épidémie continue ses ravages en Amérique latine et aux Caraïbes, où plus de trois millions de cas de Covid-19 ont été recensés, dont plus de la moitié au Brésil, selon un bilan établi mercredi par l’AFP.
Deuxième pays le plus touché, le Brésil recense 67.964 morts pour 1.713.160 cas mais Jair Bolsonaro, son président de 65 ans, même contaminé, reste défiant: « Je vais parfaitement bien », a-t-il assuré.
Le Pérou a dépassé la barre des 11.000 morts, une semaine après avoir amorcé un déconfinement graduel, et le Mexique a enregistré un nouveau record journalier de 6.995 cas mercredi. Et les chiffres officiels bondissent au Venezuela: plus de 1.500 malades le 1er juin, plus de 7.000 un mois plus tard.
L’explosion de cas dans l’Etat de Zulia, à la frontière avec la Colombie, a entraîné une situation « horrible » à l’hôpital universitaire de Maracaïbo, confie à l’AFP Pilar, une infirmière. « On est débordés », déplore-t-elle.
De loin le pays le plus touché au Proche et Moyen-Orient, l’Iran a dépassé la barre des 12.000 morts, ont annoncé mercredi les autorités.
L’Afrique reste loin derrière, tant en termes de contaminations déclarées que de décès dus au Covid-19, mais le continent a franchi mercredi la barre des 500.000 cas, après avoir dépassé le 1er juillet les 10.000 morts.
En Europe, la situation semble sous contrôle, même si le Vieux Continent reste le plus durement touché par le virus avec plus de 200.000 morts, dont plus des deux tiers au Royaume-Uni, en Italie, en France et en Espagne.
En Serbie, de nouveaux heurts ont éclaté mercredi à Belgrade lors d’un rassemblement de manifestants furieux de la gestion par les autorités de la crise du coronavirus.
En France, la mairie de Paris a annoncé que la ville aurait bien son traditionnel feu d’artifice tiré depuis la tour Eiffel pour la fête nationale du 14 juillet, mais sans public. Celui-ci sera en revanche présent jeudi pour le premier concert depuis mi-mars de la Philharmonie de Paris, qui affiche complet.
Quant à la Finlande, elle a annoncé rouvrir ses frontières aux touristes de 17 pays européens considérés comme ayant un faible taux d’infection, une liste ne comportant pas la France ni le Luxembourg pour l’instant.
A Londres, la National Gallery est devenue mercredi le premier grand musée à rouvrir, avec masques et parcours fléchés pour les visiteurs.
Sur le front économique, le gouvernement britannique a dévoilé mercredi de nouvelles mesures de relance totalisant 33 milliards d’euros. Et à Bruxelles, la chancelière Merkel a appelé les Européens à se montrer solidaires et à assurer l’adoption dès cet été du plan de relance massif destiné à sortir de la crise du coronavirus.