Cpvid-19: le relâchement et le non respect des règles sanitaires accélèrent la propagation du virus
APS
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Les praticiens de la santé publique sont unanimes : l’augmentation des cas positifs de la Covid-19 a été constatée en Algérie après la fête de l’Aïd El Fitr, fin mai 2020. Les visites et les regroupements familiaux liés à cette fête ont été à l’origine de 30 % des cas enregistrés durant le mois de juin 2020, selon le ministère de la Santé.

Malgré les appels à la prudence multipliés la fin du Ramadhan, les algériens se sont déplacés en masse vers leurs familles sans respect des règles de précaution sanitaire. « Nous avons reçu des dizaines de cas de Coronavirus après l’Aïd, parfois des familles entières », témoigne un médecin de Blida. Il n’existe aucune explication à ce non respect des règles pourtant nécessaires pour se protéger du virus.

Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité scientifique du suivi de l’évolution de la pandémie, pense que cela a trait à une certaine négation par rapport à l’existence même de la maladie malgré le caractère alarmant de sa propagation dans le pays. « Les gens ont tendance à ne pas respecter du tout les mesures barrière et il y a une minorité agissante qui nie l’existence de la maladie. Elle est responsable de ce manque de vigilance », dit-il. Il cite l’exemple de la wilaya de Sétif, devenue un nouveau foyer de la pandémie, en raison d’un retour « anormal » aux activités commerciales et économiques d’avant le début de la pandémie.

A Alger, Blida, Tiaret, Ouargla, Tipaza, Béjaia, Médéa, Annaba, Tlemcen, Skikda, Batna et Biskra, des fêtes de mariages ont été organisées avec baroud et fêtes. Plusieurs vidéos ont été postées sur les réseaux sociaux montrant des personnes ne portant pas de masques et dansant en groupe, y compris dans la rue sous le regard de tous.

Circulation des voitures durant le couvre feu

Dans certaines wilayas, des automobilistes circulent bien après le début du couvre-feu comme cela été constaté ce week-end à Blida, Oran, Alger et Constantine. Ces conducteurs ont-ils tous des autorisations de circuler la nuit? Que font les services de sécurité? Le non respect du couvre feu est clairement visible dans certains quartiers populaires où l’on se rassemble par dizaines pour jouer au football, au dominos ou aux cartes jusqu’à tard dans la nuit.

Les « joueurs » nocturnes ne prennent aucune mesure de protection ni de distanciation. Difficile donc de les voir « désinfecter » les dominos ou les cartes ! A Tipaza, Alger, Oran, Boumerdès et Tlemcen, des familles sont allées en bord en mer choisissant « les plages cachées » derrière les buissons ou les arbres pour ne pas être inquiétées par les gendarmes. Certaines plages sur la côte Ouest de la capitale sont visibles de la route nationale et pourtant sont noires de monde depuis le début de l’été.

Sur le sable ou sur les roches, des jeunes se regroupent pour partager « une chicha », le tube passant d’une main à une autre. Ils n’hésitent pas à publier des vidéos sur Facebook et instagram accompagnées de musique rai ! A Blida, les montagnes de Cheréa sont prises d’assaut ces derniers jours par des familles et des petits bataillons de jeunes qui se rassemblent sous les arbres. Là aussi, aucune mesure de précaution n’est respectée. Sous les cèdres, on ne porte pas le masque et aucune distanciation physique n’est observée.

En ville, à Blida, Alger, Cherchell, Msila, El Oued, Khenchela ou ailleurs, les cafés sont servis sous les rideaux. Et les gobelets du liquide noire, devenus si précieux, passent d’une bouche à une autre, toute la journée. Les commerçants peinent parfois à faire respecter le port du masque à l’entrée des magasins. Les petits cartons accrochés devant les portes avertissant des mesures à prendre ne semblent servir à rien.

Rompre la chaîne de la transmission du virus

Dans certaines ruelles, des fruits et légumes sont proposés aux clients par des revendeurs sans masques ou portant « la bavette » en brassard ! Faut-il parler d’indiscipline générale? « Il y a un sérieux problème de communication. Il ne faut pas cesser d’expliquer aux gens la gravité de la maladie et le risque encouru chaque jour. Après le déconfinement de début juin, les citoyens ont cru à la fin de la maladie, d’où le relâchement total », souligne le Pr Yacine Kheloui de l’EPH de Blida.

Intervenant à la radio, Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie, estime qu’il faut absolument rompre la chaîne de la transmission du virus ce mois de juillet. « Il faut aller vers le matraquage médiatique, multiplier les spots, faire de l’affichage, publier des vidéos sur Youtube et sur tous les réseaux sociaux car, on a l’impression que les gens ne nous écoutent pas. Il faut une certaine prise de conscience », déclare-t-il.

Il prévient contre l’utilisation de la climatisation dans les administrations, les maisons et les voitures, plaidant pour un contrôle strict de l’air. Le climatiseur est considéré comme un excellent vecteur des virus et bactéries. Les autorités locales doivent, selon Ryad Mahyaoui, être fermes dans l’application des règles sanitaires et interdire tout regroupements dans les lieux publics.

Les autorités locales critiquées

Les autorités locales ont été critiquées à cause de leur inaction et leur passivité ces dernières semaines surtout dans les wilayas «à haut risque». Un certain laxisme est observé dans l’application des mesures prises. Faire respecter les mesures décidées ne semble être la tâche de personne. Les membres du Comité scientifiques du suivi de l’évolution de la pandémie ont exigé à ce que les walis appliquent strictement les lois et les décisions du gouvernement en ce qui concerne le port du masque, la distanciation sociale et les autres mesures de prévention. « Il y a un laisser aller des autorités locales et le résultat est là, hausse des cas positifs de Coronavirus. Des recommandations et des décisions ne sont pas respectées », crie Mohamed Bekkat Berkani appelant à « une véritable guerre » contre le virus impliquant la société civile et les médias. Il plaide pour une vaste campagne d’explication et de sensibilisation en s’appuyant sur la communication choc et pour un reconfinement ciblé et étudié des zones où une forte contamination est constatée.

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