Un petit groupe de pays riches, représentant 13 % de la population mondiale, a pré-acheté la moitié des futures doses de vaccins contre le Covid-19, a indiqué l’Ong Oxfam qui s’alarme de voir près deux tiers (61%) de la population mondiale privée de vaccin avant “au moins 2022.
“Les pays riches qui ne représentent que 13% de la population mondiale ont déjà accaparé plus de la moitié (51%) des doses promises des principaux candidats vaccins COVID-19” a indiqué l’ONG Oxfam sur la base d’une analyse des accords déjà conclus dans le monde pour les cinq principaux vaccins candidats actuellement en phase 3 d’essais cliniques.
Le rapport souligne la quasi-impossible pour une grande partie de la population mondiale à trouver des vaccins dans la période initiale, alors qu’un dispositif de mutualisation internationale appelé Covax, soutenu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est boycotté par Washington et manque de financements.
Les États-Unis dès le mois de mai, puis le Royaume-Uni, l’Union européenne, le Japon et d’autres pays ont signé de multiples contrats garantissant en avance la production et la livraison de doses si les essais cliniques en cours étaient concluants. Les Américains se feront même livrer des doses dès octobre, afin d’être prêts à les distribuer dans les 24 heures suivant une éventuelle autorisation sanitaire.
Le groupe AstraZeneca, partenaire de l’université d’Oxford, a signé le plus de ces contrats de façon publique, mais Sanofi, Pfizer, Johnson & Johnson, la biotech américaine Moderna, le laboratoire chinois Sinovac et l’institut russe Gamaleïa ont aussi pré-vendu des centaines de millions de doses dans le monde, parfois sous la forme de partenariats avec des fabricants locaux.
61% de la population mondiale sans vaccin avant 2022
Oxfam qui s’appuie sur la base des données collectées par Airfinity souligne que les entreprises concernées n’ont pas la capacité de fabriquer suffisamment de vaccins pour tous ceux qui en ont besoin. “Même dans le cas extrêmement improbable où les cinq vaccins réussissent, près des deux tiers (61%) de la population mondiale n’auront pas de vaccin avant au moins 2022” indique l’ONG en estimant encore plus probable que “certaines de ces expériences échouent, laissant le nombre de personnes sans accès encore plus élevé.”
“Les calculs révèlent un système défectueux qui protège les monopoles et les bénéfices des sociétés pharmaceutiques et favorise les pays riches, tout en restreignant artificiellement la production et en laissant la majeure partie de la population mondiale attendre plus longtemps que nécessaire pour un vaccin” dénonce Oxfam;
L’un des principaux vaccins candidats, développé par Moderna, a reçu 2,48 milliards de dollars en argent des contribuables engagés. Malgré cela, la société a déclaré qu’elle avait l’intention de tirer un profit de son vaccin et a vendu les options pour l’ensemble de son approvisionnement aux pays riches.
«À des prix allant de 12 à 16 dollars la dose aux États-Unis à environ 35 dollars la dose dans les autres pays», mettant la protection hors de portée de nombreuses personnes vivant dans la pauvreté. Bien qu’elle fasse de réels efforts pour augmenter l’offre, selon les rapports, la société n’a en place que la capacité de produire suffisamment pour 475 millions de personnes, soit 6% de la population mondiale.
Les monopoles dénoncés
“Oxfam et d’autres organisations à travers le monde demandent un vaccin populaire accessible à tous, gratuit et distribué équitablement en fonction des besoins . Cela ne sera possible que si les sociétés pharmaceutiques autorisent la production de vaccins aussi largement que possible en partageant librement leurs connaissances sans brevets, au lieu de protéger leurs monopoles et de les vendre au plus offrant.” indique l’ONG;
Chema Vera, directeur exécutif par intérim d’Oxfam International, a estimé que les gouvernements vont prolonger “cette crise dans toute sa tragédie humaine et ses dommages économiques s’ils permettent aux sociétés pharmaceutiques de protéger leurs monopoles et leurs profits. Aucune entreprise ne pourra jamais répondre aux besoins mondiaux d’un vaccin COVID-19. C’est pourquoi nous les appelons à partager leurs connaissances sans brevets et à s’engager dans un bond en avant dans la production pour assurer la sécurité de tous. Nous avons besoin d’un vaccin populaire, et non d’un vaccin à but lucratif. »
