Le 13ème Festival culturel national du raï se déroule du 10 au 14 juillet 2023 au Théâtre de verdure Hasni Chekroune avec la participation d’une vingtaine de chanteurs.
« Après l’inscription du rai sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco, le festival national du raï revêt une importance particulière surtout avec la tenue actuellement en Algérie des jeux panarabes », a souligné Fayçal Sahbi,universitaire et conseiller au ministère de la Culture et des Arts, lors d’une conférence de presse, dimanche 9 juillet, à la Maison de la culture Zeddour Brahim Belkacem à Oran.
Mohamed Bousmaha, chanteur et commissaire du festival, a, pour sa part, indiqué que le festival devait se dérouler dans trois wilayas, à savoir, Oran, Sidi Bel Abbès et Aïn Temouchent. « On peut dire que le raï est né dans ces trois wilayas. Beaucoup de chanteurs ont des engagements ailleurs. Nous n’avons pu les programmer durant le festival. Durant l’été, les artistes ont un planning de travail chargé. Nous avons essayé de garder le même rythme de l’édition de 2022 du festival. Nous voulons aller loin avec ce festival avec l’aide d’experts surtout après l’inscription du rai sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité. C’est le véritable départ du festival », a-t-il déclaré. Le festival est financé par le ministère de la Culture et des Arts et l’ONDA (Office national des droits d’auteurs). Il est soutenu par la wilaya d’Oran.
« Nous avons eu de la peine à trouver des sponsors »
Mais, selon des indiscrétions, le Comité d’organisation des Jeux arabes, qui a un budget consacré aux activités culturelles, aurait décidé à la dernière minute de ne pas accorder une subvention aux organisateurs du festival du rai. Est-il logique qu’après une grosse bataille menée par l’Algérie pour que le raï soit inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO, le festival organisé autour de cette musique soit si peu financé, si peu soutenu ? « Nous avons eu de la peine à trouver des sponsors. Même les grandes entreprises en Algérie, qui soutiennent les manifestations sportives, n’ont pas encore cette culture de participer au financement d’un festival. Dès que nous évoquons la chanson rai, certains sponsors font un pas en arrière. Ils ont une mauvaise idée sur le raï alors que nous sélectionnons les artistes qui participent au festival. Ce n’est pas le raï que ces sponsors s’imaginent », a relevé Mohamed Bousmaha. « Il y a une certaine ouverture sur de nouveaux noms de la chanson ¨raï de plusieurs villes. Des jeunes qui ravivent, à leur manière, le patrimoine du raï . Le festival est national. Le style rai est présent dans tout le pays », a soutenu Fayçal Sahbi.
La nouvelle génération est en train de revoir l’ancien raï
Le compositeur et musicien Amine Dahane, directeur artistique du festival, a, pour sa part, indiqué qu’un hommage sera rendu à des artistes chaque soirée. Il s’agit de Hasni, Ahmed Zergui, Cheikha Djenia, Belkacem Bouteldja, Djillali Amarna et Djaffar Bensetti. « Un orchestre va jouer sur les voix de ces artistes (…) La nouvelle génération est en train de revoir l’ancien
raïà sa manière. Sofiane Saidi, par exemple, mélange le rai à l’électro. Il représente bien l’Algérie en Europe. Yacine Badis fait du raï avec une guitare acoustique. Djamel eddine Reffes est un algérien qui vit à Marseille et qui aime ce qu’a fait Ahmed Zergui, un des pionniers du raï », a souligné Amine Dahane.
Il a également évoqué le groupe Besta de Mostaganem qui joue « du raï à l’ancienne » avec un accordéon, une guitare et une derbouka. Au programme du festival figurent des stars consacrées du rai à l’image de Zahouania, Cheb Abbas, Cheb Bilal, Cheb Houssem, Cheba Djenet et Cheikh Naam.
« Il est important de moderniser quelque peu le raï par en introduisant des instruments modernes mais en travaillant sur les rythmiques. Nous voulons que le public du festival reconnaisse la tradition de la chanson populaire du raï. Une chanson qui sera mieux organisée sur le plan musical. Il s’agit de créer une vraie structure, mettre de côté les chansons qui ne peuvent pas être écoutées en public. Le raï peut être joué avec des musiciens ayant des partitions. Cela dit, nous ne pouvons pas changer la mélodie du raï. Cela est aussi valable pour le chaâbi que pour la musique arabo-andalouse », a analysé Amine Dahane.
« On ne peut toucher aux mélodies »
Selon lui, certaines musiques resteront toujours dans les ghettos. « Aux Etats Unis, l’industrie du disque n’a rien pu faire. Il y a encore du blues et du jazz qui n’est pas écrit mais qui est toujours joué. Parfois, il est compliqué de retranscrire la culture populaire. On peut écrire les arrangements, mais on ne peut toucher aux mélodies », a-t-il dit.
Une table-ronde sur le raï sera organisée, le mercredi 12 juillet, à la Maison de la culture Zeddour Brahim Belkacem à Oran »Des chercheurs et des universitaires vont intervenir lors des débats. Certains ont publié des textes sur ce style de chansons. Il s’agit aussi de discuter de la question de savoir comment l’Etat algérien, à travers le ministère de la Culture et des Arts, peut protéger le patrimoine populaire du raï inscrit à l’UNESCO. Cette inscription, faite dans des conditions particulières, était une victoire de la culture et de la diplomatie culturelle algériennes. Le travail de recherche mené par Amine Dahane entre dans le cadre de la préservation du raï », a souligné Fayçal Sahbi.
Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique, (Cnrpah), Hmida Ayachi, auteur et journaliste, Saïd Khatibi, romancier et journaliste, Ahmed Benaoum, universitaire et chercheur seront parmi les participants à la table ronde.Mohamed Bousmaha a indiqué qu’il appartient au ministère de la Culture et des Arts de décider sur la ville qui doit abriter le festival national du rai, Oran ou Sidi Bel Abbès. Il a rappelé que le commissariat du festival est toujours basé à Sidi Bel Abbès. « Oran ou Sidi Bel Abbès, ce festival est national. Il peut se tenir n’importe où en Algérie. Il est possible qu’il soit organisé l’année prochaine à Mostaganem ou Ain Temouchent », a-t-il noté.
« Le rai algérien fait partie désormais du patrimoine immatériel de l’humanité. Il appartient au monde entier. Donc, il n’est pas question de parler de telle ou telle wilaya. Par le passé, le festival national du rai était itinérant, se déplaçant d’une ville à une autre. Le rai est une musique algérienne », a appuyé, de son côté, Fayçal Sahbi.