Maître Hocine Zehouane, ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), est décédé le 17 mars à l’âge de 90 ans.
Né à Draâ Ben Khedda en Kabylie, Hocine Zehouane s’engage très tôt dans la lutte pour la liberté. Lycéen en 1954, il adhère au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), prémices de son parcours militant. Témoin privilégié du déclenchement de la Révolution du 1er novembre 1954, il est arrêté en 1955 et emprisonné jusqu’en 1957. À sa sortie, il rejoint le maquis en Kabylie, où il devient officier puis commissaire politique de la Wilaya III. En mars 1960, il intègre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
À l’indépendance, Hocine Zehouane joue un rôle central dans la construction de la fédération d’Alger du FLN, soutenant avec ardeur les initiatives autogestionnaires dans l’agriculture et l’industrie, instituées par les décrets de mars 1963. Avec Mohamed Harbi, il forme le binôme dirigeant de l’aile gauche du parti, plaidant pour une Algérie populaire et progressiste. Membre du Bureau politique du FLN en 1964, chargé du secteur orientation, il participe au premier Congrès de l’Union régionale de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) à Alger, déclarant alors : « Les travailleurs algériens doivent accéder au pouvoir politique. »
Opposant farouche au coup d’État de Houari Boumediene le 19 juin 1965, il cofonde l’Organisation de la résistance populaire (ORP) avec Mohamed Harbi, Bachir Hadj Ali et Abdelhamid Benzine, en assumant le rôle de porte-parole provisoire. La répression qui s’ensuit le conduit en prison, puis en résidence surveillée dans le Sud de 1965 à 1971. En 1973, il s’évade avec Harbi et s’exile en France, ne rentrant en Algérie qu’après la mort de Boumediene en 1978.
De retour au pays dans les années 1980, il s’installe comme avocat au Barreau d’Alger, défendant avec courage les détenus, notamment ceux de Berrouaghia. En 1985, il participe avec Me Ali Yahia Abdenour à la fondation de la première Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), avant de devenir vice-président puis président de la LADDH en 2005. Anti-impérialiste inébranlable, il dénonce sans relâche les injustices mondiales, de la destruction de la Libye à la situation à Gaza, s’attirant des inimitiés internationales. Militant de gauche jusqu’à son dernier souffle, il rêve d’une ligue populaire priorisant les droits naturels des travailleurs sur les libertés formelles.
Proche de ses camarades, Hocine Zahouane était un roc, refusant de précipiter l’écriture de ses mémoires malgré les encouragements. « Nous avions commencé à y travailler, mais il n’en ressentait pas l’urgence », confie Chawki Salhi, un compagnon de route ému par cete perte.
L’enterrement aura lieu ce 18 mars 2025, au cimetière d’El Alia à Alger, à partir de 12h00, après la prière d’al dohr.