Nawal al Saadawi, ce petit bout de femme taquine, vivace et franche jusqu’à l’insolence vient de tirer sa révérence. Nawal al Saadawi cette grande militante des droits de l’Homme, celle des droits des femmes s’est éteinte ce 21 mars au Caire.
Née en Egypte en 1931, écrivaine, médecin de formation, féministe de combat, Nawal al Saadawi a toute sa vie défendu un Etat de droit où la femme jouirait d’un statut de citoyen accompli.
Elle n’a jamais plié dans ses combats avec pour seule arme sa plume. Sa ténacité l’avait même conduite en prison du temps de Anouar al Sadate lors ce qu’elle s’est opposée à l’instauration du parti unique. elle ne retrouvera sa liberté qu’en 1982 lorsque Hosni Moubarek succède à Sadate. Cette incarcération donnera naissance à l’un de ses plus célèbres livres Mémoires de la prison des femmes.
Dans ses mémoire parues en deux tomes, elle décrit sa vie comme une suite d’épreuves et de trahisons. Elle n’était pas pour autant malheureuse, le lecteur de ses mémoires ne manque pas de sentir les palpitations de son coeur, ceux de la vie qui bouillonnent en elle.
Les histoires les plus émouvantes que raconte Nawal al Saadawi ne la concernent pas elle, mais elles concernent toutes ces femmes dont elle a pris la défense. Ces femmes à qui les hommes imposent leur lois les réduisant à des êtres subalternes.
Nawal al Saadawi a tiré sa révérence mais sa voix continuera à importuner les oppresseurs de femmes et tous ceux qui pensent imposer leur domination aux autres.
Une grande dame humaniste, qui a résisté malgré toutes les menaces.
Une intellectuelle avec un immense courage politique, dans un pays gangréné par l’islamisme politique et la dictature militaire.
Une grande militante pour l’émancipation des femmes et contre les affres du patriarcat.
La vision moderne de la société de Madame Sadaoui manquera à nos luttes pour la modernité et l’égalité, notamment en Algérie où les dispositions du code de la famille sont l’une des formes de violences faites aux femmes au quotidien.
Sa lecture a impacté le regard de l’homme que je suis, à commencer par l’indispensable égalité qui doit régir nos normes sociétales, aux antipodes du statut actuel de « mineures à vie ».
Respect, Madame Sadaoui, et reposez en paix car le fardeau que vous avez porté fut très lourd.