Le grand reporter britannique Robert Fisk est décédé le 1er novembre à Dublin à l’âge de 74 ans suite à un AVC après avoir été admis à l’hôpital.
Correspondant au Moyen-Orient, Robert Fisk, surnommé le journaliste des opprimés, avait fait de la capitale libanaise Beyrouth sa résidence principale et a couvert depuis le Liban toute l’actualité du Moyen-Orient.
Durant plus de 40 ans, il a couvert toutes les guerres et conflits de la région notamment la guerre en Syrie et au Liban, les invasions israéliennes, les guerres Iran-Irak, la décennie noire en Algérie, l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, l’invasion et l’occupation américaines de l’Irak et les révolutions arabes de 2011.
En 2005, le New York Times l’avait décrit comme étant « probablement le plus célèbre des correspondants étrangers en Grande-Bretagne ». Il était un des très rares journalistes occidentaux à avoir interviewé Oussama Ben Laden. Il l’a fait à trois reprises dans les années 1990.
Sa carrière avait commencé au Sunday Express à Londres. Il a ensuite rejoint The Times. Après s’être installé brièvement au Portugal, il a choisi de s’établir à Beyrouth où il a travaillé comme correspondant au Moyen-Orient pour The Times et The Independent. Sa carrière a été honorée par de nombreux prix, notamment le prix Orwell, le British Press Awards International Journalist of the Year et le Foreign Reporter of the Year à plusieurs reprises.
Robert Fisk, dont le travail allait à contre sens de la majorité des médias occidentaux, a écrit plusieurs livres dont le célèbre Pity the Nation: Lebanon at War et The Great War for Civilisation.
Robert Fisk était parmi les reporters qui ont décrit l’enfer des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. En premières lignes, il était l’un des premiers journalistes à entrer dans ces camps, alors même que les tueurs ne s’étaient pas encore retirés des lieux.
En avril 2007, lors d’une conférence, il déclare : « Les attentats du 11 septembre nous ont, malgré nous, transformés en racistes. Moi-même je me sens raciste quand je dévisage un homme barbu ou un jeune qui lit le Coran dans l’avion. Il ne faut pas permettre aux terroristes qui ont attaqué New York, Washington et la Pennsylvanie de changer notre vision du monde ! ». Et il affirmait, et c’était là tout l’esprit de Rober Fisk, que le monde occidental doit comprendre que sa sécurité est liée à sa politique étrangère.