Diego Mellado Pascua, ambassadeur de l’Union européenne à Alger : « Nous continuerons à être le client principal de l’Algérie, un client fiable, en matière d’énergie »

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Diego Mellado Pascua, ambassadeur de l'Union européenne à Alger : "Nous continuerons à être le client principal de l'Algérie, un client fiable, en matière d'énergie"
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L’Union européenne (UE) a engagé un échange avec l’Algérie sur le dossier de l’énergie. Un échange qui concerne les énergies renouvelables aussi.


« Plusieurs hauts cadres du ministère algérien de l’Energie se sont déplacés à Bruxelles. Nous espérons faire venir des ministres de l’énergie européens ainsi que la commissaire européenne à l’énergie en Algérie l’année prochaine. C’est un débat crucial », a déclaré Diego Mellado Pascua, ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Alger, lors d’une rencontre avec la presse, mercredi 4 décembre 2024, au siège de la Délégation de l’Union européenne (DUE).
Il a évoqué la décision de Bruxelles d’adopter « le Pacte vert européen » pour réduire la consommation de l’énergie fossile dans un proche avenir. « Nous avons décidé qu’en 2050, l’Europe va être le premier continent entièrement décarbonisé. En 2030, nous allons atteindre les 42 % d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, on est à 22 %. En 2035, nous allons éliminer les véhicules thermiques. En Europe, on est les champions de la recherche sur la transition énergétique parce que nous n’avons pas le choix. 60 % des brevets déposés au niveau international comme sur les biocombustibles sont européens. Cela veut dire que nous allons réduire la consommation d’énergie fossile et revoir le mix énergétique », a-t-il expliqué.
Il a rappelé que l’Europe a renoncé en grande partie à importer et à utiliser du gaz naturel et du pétrole de la Russie. « C’est pour cela que nous accélérons l’utilisation des énergies renouvelables. Il y a des solutions alternatives. Nous avons décidé de prendre le chemin le plus dur comme l’élimination de l’utilisation des gazoducs et oléoducs (pour importer le gaz russe). Les partenariats énergétiques sont des partenariats de choix. Les russes pensaient que nous n’avions pas le choix. Et, bien non, nous avons d’autres choix comme le recourt au GNL. Les américains et les norvégiens sont nos premiers fournisseurs. Les échanges commerciaux évoluent en permanence. Il faut regarder la globalité. Avec les américains nous avons la volonté d’avoir une relation stratégique forte. Et avec l’Algérie, nous avons la même volonté », a appuyé l’ambassadeur européen.


« La transition énergétique va durer un certain nombre d’années »


L’Europe s’intéresse, selon lui, à développer les énergies renouvelables en Algérie. « Je pense que cela sera l’objet principal de notre coopération à partir de 2025, voir comment on peut contribuer à apporter des idées, de la technologie et des investissements. La transition énergétique va durer un certain nombre d’années. L’Algérie a l’avantage d’avoir une stabilité financière assurée par l’Europe (achat du gaz). Nous voulons un partenariat solide en matière énergétique ce qui nous permet d’aller vers une transition. Il y a beaucoup de possibilités d’éliminer l’empreinte Carbonne du gaz. On peut aller vers l’option de l’hydrogène vert et développer parallèlement l’énergie solaire », a plaidé l’ambassadeur européen.
Diego Mellado Pascua a répondu à une question sur le projet du Trans-Saharan Gas-Pipeline (Gazoduc transsaharien) liant le Nigéria à l’Algérie pour acheminer ensuite le gaz vers le continent européen.
« Notre grande proposition à l’Afrique et aux pays de la région est la Global Gateway (portail mondial) pour apporter des fonds publics et essayer d’attirer des fonds privés pour les infrastructures. Il faut étudier les projets s’ils peuvent être d’intérêt commun. Il y a pas mal de discussions entre tous les pays qui sont concernés par ce sur ce projet (de gazoduc). Je ne suis pas sûr qu’il ait un accord véritable à tous les niveaux actuellement. Mais, ce projet peut faire partie éventuellement de nos discussions », a-t-il dit.
Le Global Gateway, pour rappel, est un projet européen qui vise à mobiliser près de 300 milliards d’euros d’investissements public et privé dans le monde, principalement en Afrique. L’objectif stratégique est de contrer le projet chinois de « La ceinture et la route » portant sur les liaisons maritimes et les infrastructures des transports ferroviaire et routiers.


« L’accès au marché européen sera de plus en plus conditionné par le respect de ces normes »


L’ambassadeur européen à Alger a estimé que pour être crédible, le partenariat en énergie doit contenir des garanties. « Notre but au final est de décarboniser. Il faut préciser quelles sont nos attentions. Dans le cadre du Pacte pour la Méditerranée, nous pouvons apporter des financements et des soutiens pour que l’Algérie soit également une puissance en matière d’énergie renouvelable. Pendant une période assez longue, il y a le gaz et les nouvelles énergies. Il faut qu’il ait une montée en puissance des énergies renouvelables en utilisant le potentiel gigantesque de l’Algérie. L’Algérie est le plus grand pays d’Afrique avec un vaste territoire dans le désert. Il est possible d’y engager de grands projets. L’idée est de trouver une base commune pour avancer. Le gaz sera toujours un élément très important pour le développement de ce pays. Nous continuerons à être le client principal de l’Algérie, client fiable, en matière d’énergie », a soutenu Diego Mellado Pascua.
Il a rappelé que la loi européenne sur le climat impose une série d’obligations « comme la transformation des grands industries énergivores ». Le nucléaire et le gaz sont encore des énergies de transition. Les engagements pris par l’Europe sont contraignants. Nous devons réduire de 55 % les émissions à effet de serre d’ici 2035. Les américains se sont engagés à réduire de 50 à 55 % de leurs émissions d’ici 2030 (…) L’accès au marché européen sera de plus en plus conditionné par le respect de ces normes. Les pays qui vont s’adapter auront un accès privilégié », a-t-il soutenu.
Le Pacte pour la Méditerranée aura, entre autres, comme grands titres, le renforcement des moyens pour créer des liens et des connexions. Tous ces liens existaient déjà dans le processus euro-méditerranéen de Barcelone (lancé en 1992). On revient à des idées du passé qui n’ont pas donné de grands résultats.

Pacte pour la Méditerranéen


Avec la commissaire dédié à la Méditerranéen et le lancement en 2025 du Pacte pour la Méditerranéen, nous pouvons rééquilibrer nos relations et montrer qu’il existe une réelle volonté politique et que la géopolitique a changé. Par le passé, le processus de Barcelone était en pilotage automatique. Aujourd’hui, nous sommes là et nous allons coopérer d’une manière naturelle.
Selon lui, le Pacte pour la Méditerranée que l’UE vise les échanges bilatéraux. « Nous allons parler avec des pays comme l’Algérie. Comment peut-on renforcer les relations et quelles sont les leçons du passé ? Il est vrai que chaque Etat membre de l’UE a ses propres politiques mais il existe un cadre européen. Aucun pays ne sort de ce cadre où il y a beaucoup de possibles nuances nationales. L’attractivité de l’Europe est d’être un marché unique en termes économiques. Il s’agit de financement regroupés surtout pour les infrastructures. La plus grande banque au niveau mondial pour le financement des infrastructures, c’est la Banque européenne d’investissement qui est basé au Luxembourg », a-t-il souligné.
Et d’ajouter : « Il faut changer la perspective du côté européen avec le but de créer les conditions d’une meilleure circulation des marchandises, y compris les produits agricoles, dans l’espace méditerranéen. Nous devons offrir ce genre d’avantages à nos partenaires. Sinon, le Pacte pour la Méditerranée sera réduit qu’à des mots. Pour éviter cela, nous devons évoluer vers des mesures plus tangibles pour renforcer les échanges ».

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