La célèbre guitariste finlandaise Erja Lyytinen a confirmé tout son talent, jeudi 12 mai, lors de la deuxième soirée du 17ème Festival international du jazz de Constantine (Dimajazz).
La salle Ahmed Bey était emportée dans un tourbillon de sonorités rock. Erja Lyytinen y a trouvé un terrain fertile. Elle s’est éclatée ! Et le public n’en demandait pas plus. Les jeunes ont pris d’assaut les espaces arrière de la salle pour danser en groupe et s’amuser à gorge déployée. Cela fait bien longtemps que Constantine n’avait pas connu une telle fiesta.
A un moment donné du concert, Erja Lyytinen, classée parmi les dix meilleures guitaristes au monde, descend de la scène avec sa guitare et continue à jouer sans être impressionnée par les spectateurs qui l’entouraient pour prendre des photos et des selfies.
Au contraire, elle s’est donnée à coeur joie faisant dire à sa guitare bleue tout ce qu’elle voulait y compris en improvisant.
Sur les routes depuis dix sept ans
Erja Lyytinen est sur les routes depuis 2005 avec l’enregistrement de son premier album « Pilgrimage », produit par le label allemand Ruf Records. Elle s’est fait connaître en Europe et en Amérique du Nord en 2006 lors de la tournée Blues Caravan.
Avec les frères américains David et Kinney Kimbrough, elle a fait le tour des Etats Unis où elle a imposé le respect de la critique musicale réputée sévère. Elle a enchaîné ensuite les albums tels que « Grip of the Blues » (l’emprise du blues), en 2008, « Voracious Love » (amour vorace), en 2010, « Forbidden Fruit » (fruit interdit), en 2013, « The sky is crying » (le ciel pleure), en 2014.
La même année, « The sky is crying » a été classé parmi les trois meilleurs albums internationaux par Blues Matters de Grande-Bretagne, de vrais connaisseurs.
Avec le britannique Chris Kimsey, qui a collaboré avec les Rolling stones, Erja Lyytinen a travaillé pour la production de son cinquième album, « Stolen hearts » (coeurs volés). Le dernier album de la guitariste et chanteuse finlandaise est « Another World » (un autre monde), sorti en 2019.
« Ange et démon »
« Je m’inspire de l’ange et du démon. D’un côté, il y un monde lumineux, avec du soleil et des roses. Et de l’autre, il y a un monde sombre et renfermé. Cette sensation est présente dans mon dernier album, écrit en 2019, donc avant la crise de Covid-19 », a raconté Erja Lyytinen, lors de la conférence de presse après le concert.
Le prochain album sortira en octobre 2022. « Durant le confinement sanitaire à cause de la pandémie de Covid19, j’ai écrit des chansons avec des sentiments très profonds. Aussi, les prochains titres seront-ils plus sombres avec un son progressif. L’album sera blues rock mais en plus lourd. Ma musique est blues rock. Il y a un peu de jazz. Il est important d’avoir un peu de tout dans sa musique », a-t-elle détaillé.
Erja Lyytinen dit avoir étudié tous les styles de musique en Suède, au Danemark, aux Etats unis. « Aussi, je joue du blues, du jazz, de latin music, du rock, de la musique progressive, tous les styles…Le plus important est de vivre la musique en live, lors des tournées, sur la route…On s’imprègne des différentes cultures », a-t-elle dit.
Le heavy metal domine en Finlande
Erja Lyytinen a terminé son concert au Dimajazz par une chanson traditionnelle scandinave. « Dans la salle, les gens chantaient avec moi. L’année passée, la télévision finlandaise m’a demandé d’interpréter à ma manière une chanson traditionnelle. J’ai choisi un titre qui date des années 1950. Je m’approprie cette chanson en la jouant à chaque fois partout dans le monde », a-t-elle souligné.
Selon elle, le heavy metal (un style musical dérivé du rock et du blues) domine la scène musicale en Finlande.
« Dans mon pays, il y a une culture très rock. La scène est foisonnante », a-t-elle noté.
Erja Lyytinen a visité les rues commerçantes de Constantine pour acheter une robe traditionnelle. Elle le fait à chaque voyage.
« C’est un privilège et un honneur d’être ici à Dimajazz. Un festival qui existe depuis des années. J’ai vu le théâtre de Constantine où le festival se tenait pendant des années. Cela a commencé par la présence de 400 personnes, aujourd’hui, les concerts attirent des milliers de personnes. Les gens adorent le festival. J’ai ressenti de la joie sur scène. Jouer en Algérie, c’est particulier. C’est une expérience unique. J’aurai voulu rester avec mon groupe encore une semaine pour mieux connaître l’Algérie et les Algériens », a confié la chanteuse.
Après Constantine, Erja Lyytinen est allée à Malmo, en Suède, pour un autre concert.