Djamel Ould Abbes, ancien ministre de la Solidarité nationale, ancien membre du Conseil de la Nation et ancien secrétaire général du FLN, a pleuré devant le juge, à l’ouverture, ce mercredi 9 septembre, de son procès au tribunal de Sidi M’Hamed à Alger. Il est poursuivi avec Said Barkat, ancien ministre de la Solidarité nationale et ancien membre du Conseil de la Nation, pour, entre autres, « dilapidation de deniers publics », « octroi de marchés non conforme à la législation », « abus de fonctions », « détournement du fonds de solidarité au profit d’associations fictive » et « faux en écritures publiques ».
Des accusations liées, pour Djamel Ould Abbes, pour sa gestion du ministère de la Solidarité nationale, entre 1999 à 2010. Saïd Barkat lui a succédé en mai 2010. Les deux anciens ministres ont été mis en détention provisoire en juillet 2019.
Devant le juge, Ould Abbes, qui a occupé aussi le poste de ministre de la Santé entre 2010 et 2012, a déclaré qu’il avait sous sa direction 240 administrations et qu’au niveau du département Solidarité nationale, il y a parfois un aspect humanitaire urgent. « J’agissais en tant que médecin quand le président de la République m’a désigné en 1999. Chaque semaine, nous trouvions des personnes âgées abandonnées par leurs enfants que nous devions prendre en charge en urgence. Il fallait s’occuper aussi des handicapés et des démunis. Le premier jour de ma désignation en tant que ministre, un fort séisme a frappé ma wilaya (Ain Temouchent, 22 décembre 1999). J’ai vécu six autres tremblements de terre, le dernier en date était à M’Sila. La gestion et la prise en charge des sans abris prenaient beaucoup de temps », a-t-il dit en parlant de son action à l’étranger notamment en Irak et à Ghaza.
Interrogé sur les financements accordés aux associations, Ould Abbes a affirmé que les décisions étaient prises sur base de confiance. « Nous avions donné aux associations leurs droits », a-t-il lancé. Le juge lui a rappelé qu’il avait accordé des subventions à l’association dont il était secrétaire général. Depuis les années 1980, Ould Abbes dirigeait l’Union médicale algérienne (UMA). « Dans le cadre d’une mission humanitaire, la loi ne l’interdit pas », a-t-il répliqué.
64 milliards de centimes pour les associations
Citant le témoignage d’un cadre du ministre, le juge a précisé que 64 milliards de centimes ont été dépensés en faveur des associations jusqu’à 2014. « En 2019, j’ai appris qu’on a imité ma signature pour utiliser des chèques. J’ai été surpris de découvrir l’existence de 13 chèques signés en mon nom », a répondu Ould Abbes.
« L’expertise précise que vous avez accordé 22 milliards de centimes à des associations sans convention », a repris le juge. « J’ai chargé le secrétaire général du ministère d’établir des conventions. Je faisais confiance aux cadres du ministère », a précisé l’ancien ministre.
Interrogé sur une subvention de 19 milliards de centimes accordée à l’Association Africana, Ould Abbes s’est contenté de dire qu’il s’agissait « d’une aide de l’Etat », sans autres détails.
Bus, micro-ordinateurs et don koweïtien
Il a démenti que l’argent versé aux associations servaient de financement des campagnes électorales, pour Abdelaziz Bouteflika notamment. « Sellal s’occupait des fonds de la campagne électorale », a-t-il. Abdelmalek Sellal, ancien Premier ministre, était directeur des campagnes électorales de Bouteflika en 2014 et 2019.
L’audition s’est concentrée en ensuite sur la distribution de bus et de micro-ordinateurs. « Après les inondations de Ghardaïa, nous avons acheté 57 bus, 22 ont été distribués à Ghardaïa, les autres fournis aux clubs sportifs. Nous avons offert aussi 974 micro ordinateurs aux lauréats du bac et aux handicapés », a-t-il dit.
Le juge a rappelé au prévenu qu’il avait offert des micro-ordinateurs en cadeau à un conseiller de la Présidence de la République et à l’épouse de l’ex-ambassadeur d’Irak à Alger et qu’il versé un don du Koweit estimé à 5 millions de dinars dans le compte de l’UMA. « Il s’agissait d’une aide destinée à la construction de logements pour les victimes du terrorisme et des sans abris », a-t-il répondu.
Avant la levée de l’audience, Djamel Ould Abbes a déclaré : « je subis une injustice, monsieur le juge. Laissez-moi parler. Je n’ai jamais bénéficié d’un logement. J’habite dans une résidence privée. J’ai la conscience tranquille… », a-t-il dit.
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