Le nombre de transactions par e-paiement en Algérie a enregistré un nouveau pic durant le mois d’octobre 2020, selon les chiffres du Groupement d’Intérêt Économique (GIE) Monétique. Plus de 486.000 (1000 = K) opérations ont été effectuées en ligne, contre (+) 457K durant septembre et (+) 445K en août de cette année.
Le nombre de transactions en ligne enregistré durant 2020 est, certes, 15 fois plus important que celui enregistré en 2019, rappelle M. Madjid Messaoudène, administrateur du groupement. Mais le boom qui avait suscité un optimisme de la tutelle au début de la période de confinement a fini par se stabiliser, malgré l’opportunité qu’offrait la crise sanitaire.
M. Messaoudène explique, sans équivoque, pourquoi la courbe évolue lentement et “n’est pas beaucoup plus ascendante” comme l’espéraient le ministère, les internautes, les opérateurs du secteur ou encore les spécialistes. Et les facteurs sont très nombreux, de la responsabilité des autorités à celle des citoyens.
L’administrateur du GIE Monétique évoque une situation de « décalage » entre le paiement en ligne et les porteurs de cartes de paiement, leurs besoins et les offres des webmarchands. Car, souligne-t-il, “Il ne s’agit pas tant de payer sur internet que d’acheter sur internet”.
En effet, sur plus de 486K opérations en octobre, seulement 33 constituaient un achat de biens. Les secteurs des Télécom (457K), de l’Electricité et du gaz (+7K) ainsi que les prestations de services (+20K) s’accaparent, encore et toujours, la part du lion. Il s’agit notamment du paiement des factures auprès de sociétés publiques ou des abonnements Internet, auprès des opérateurs. Les secteurs des transports et des assurances ont vu leurs activités chuter drastiquement.
L’e-paiement reste porté par les institutions
Des chiffres qui démontrent que le marché du paiement électronique est ainsi orienté, dans sa quasi-totalité, vers des institutions publiques. En plus des fournisseurs en gaz, en eau et en électricité, d’autres régies du ministère des finances seront intégrées, sous peu, à la plateforme de paiement (Impôts, douanes, domaines..) sans oublier les organismes tels que L’AADL, les OPGI qui sont en cours d’intégration », fait-il savoir à 24H Algérie.
Une démarche qui pourrait bien accroître le nombre de transactions et du montant de celles-ci mais ne pourrait faire décoller la généralisation du paiement électronique. Mais comment faire ?
La démarche s’inscrit sur deux volets, selon les explications de M. Messaoudène. L’administrateur du GIE Monétique dit miser sur la massification des émissions de cartes bancaires pour renforcer la “force des porteurs”. Cette démarche est confortée par une hausse sensible des opérations de retraits dans les distributeurs automatiques de billets.
“Nous avons aujourd’hui 8 millions de cartes susceptibles d’être utilisées pour payer en ligne, dont plus de 6 millions de cartes Eddahabiya”, souligne-t-il. “Mais ce nombre n’est pas en corrélation avec le nombre de commerçants qui se sont mis à la vente en ligne de manière formelle. Beaucoup d’entre eux vendent leur produits via les réseaux sociaux qui ne permettent pas d’implémenter le paiement en ligne sur leurs pages Facebook ou Instagram…”, rajoute-t-il encore.
Actuellement, seulement 32.000 commerçants ont été équipés de TPE, sur un potentiel de 1.8 à 2 millions de commerçants. “Ceci est relativement faible”, à cause, premièrement, de la réticence de beaucoup de commerçants à se doter d’une solution de paiement en ligne.
Puis, deuxièmement, la disponibilité des TPE, jusque-là importés, qui fait défaut, et la distribution de ces équipements durant la crise sanitaire liée au coronavirus. “Seuls les commerçants possédant un site web de vente en ligne et ayant le code activité « e-fournisseur » délivré par le CNRC sont habilités à intégrer le paiement par cartes CIB ou Dahabiya”, rappelle M. Messaoudène, et cette “régularisation”, légale et technique, “prend du temps”.
Actuellement, le nombre de boutiques en ligne, ou de “webmarchands”, homologués est de 63. “56 autres sont en cours d’homologation. On compte parmi eux des marketplaces d’envergure telles que ‘Ouedknis’, ‘Jumia’, ‘PMG’…. Ainsi que des VTC, des plateformes de réservation et d’autres hôtels et agences de voyages”, annonce M. Messaoudène.
Ce dernier promet: “une fois ces entités intégrées dans le système de paiement sur internet, avec comme échéance le 1er trimestre 2021, nous verrons une croissance à 2 voire 3 chiffres”.
Que faire ?
L’administrateur du GIE Monétique évoque d’autres facteurs à l’origine du ralentissement de la généralisation du e-paiement. Devenir webmarchand nécessite, certes, de se doter d’un site Internet et d’un code d’activité particulier au CNRC. Mais ce n’est principalement pas ce qui “démotive” certains commerçants. “Culturellement le citoyen Algérien, qu’il soit client ou commerçant, est habitué à l’utilisation du cash”, rappelle-t-il.
Pour notre interlocuteur, la balle est dans le camp des banques. “Il est important pour les banques de maintenir un lien fort avec les clients qui souhaitent disposer de la même qualité de service peu importe les circonstances. Les banques doivent donc effectuer leur mue au travers d’une stratégie omnicanale qui place en son centre l’expérience client. L’Algérie n’est pas en marge de cette transformation”, estime-t-il, soulignant qu’il faut également “réadapter la réglementation”.
Un point relevé par plusieurs spécialistes en juin 2020, lorsque le paiement électronique avait enregistré un boom. Youcef Boucherim, expert en TIC, spécialisé dans les solutions techniques des opérations et de maintenance de réseau, avait par exemple dénoncé une “absence de volonté” qui se traduit, premièrement, par l’échec, jusque-là, des autorités algériennes à drainer la masse monétaire informelle vers les banques. “Il existe un manque de confiance entre les Algériens et les banques. C’est pour cette raison que nous avons un commerce semi-électronique. Le citoyen consulte les sites mais la marchandise est payée cash à la livraison. Quand vous lui demandez de placer son argent dans une banque et payer par carte, ils disent ne pas avoir confiance”, avait-il dit.
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Autre facteur évoqué par le responsable du GIE Monétique, “la qualité du réseau internet ADSL ou données mobiles, qui engendre un taux d’échec des transactions relativement important”. Raison pour laquelle le groupement envisage de collaborer avec les opérateurs des télécommunications pour améliorer la couverture réseau et la qualité du débit internet.
Un avis également partagé par des spécialistes en TIC.
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Madjid Messaoudène évoque également un manque de campagnes de communication auprès des citoyens. Le GIE Monétique entend, dans son plan de développement pour 2020/2022, soutenir ces actions avec des campagnes de communication cycliques et ciblées.
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