El Khidru Muhammad Abdul Baaqi, directeur du Centre des recherches arabes au Nigeria : l’Occident préfère l’Islam « docile »

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El Khidru Muhammad Abdul Baaqi, directeur du Centre des recherches arabes au Nigeria : l'Occident préfère l'Islam "docile"
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Invité du SILA pour participer à la conférence sur le soufisme en Afrique, El Khidru Muhammad Abdul Baaqi, directeur du Centre des recherches arabes au Nigeria s’est confié à 24H Algérie sur plusieurs sujets notamment la réalité de la langue arabe dans les pays non arabe, la question palestinienne dans son pays mais aussi sur la perception de l’Islam soufi par l’Occident.    

24H Algérie : vous affirmez que l’islam soufi est un islam qui ne « dérange pas l’Occident« , qu’entendez-vous exactement par cela? 

El Khidru Muhammad Abdul Baaqi: En disant l’Islam soufi ne dérange pas l’Occident, je voulais dire que le musulman qui observe les rites de la religion, fait sa prière, observe le jeûne du ramadan, donne sa sadaqa, laisse pousser sa barbe ou encore raccourci son qamis ne dérange personne. C’est le « bon musulman » pour l’Occident car il ne s’exprime pas en public, ne veut pas organiser la vie sociale et fond dans le paysage. Pour l’Occident il faut favoriser cet islam qu’on lie souvent à certaines zaouiyas “dociles” et à la bigoterie et qu’il finance même.   

L’islam contestataire ou celui qui s’affirme et s’immisce dans la politique et exprime ses opinions et s’exprime en tant que musulman, celui-là n’est pas la bienvenue. Le musulman qui prône l’indépendance économique, qui s’oppose aux chemins tracés par les Etats-Unis ou la France ou les autres puissances coloniales, celui là n’est pas bien vu.

Ghaza est victime de bombardements israléiens intenses et un vrai génocide depuis le 07 octobre. Comment est perçue la question palestinienne au Nigeria? Et quel est l’impact de cette énième agression sur Ghaza?      

La question palestinienne reste centrale pour la Oumma musulmane mais l’expression de la solidarité avec le peuple palestinien varie d’un pays à un autre et dépend de la réalité politique de chaque état, de sa situation économique et aussi des lois du pays. 

Mais il faut signaler qu’il y a une solidarité indéniable même en dehors de la sphère religieuse. Aucun humain ne peut être insensible à ce que subit actuellement le peuple palestinien par les forces d’occupation. 

Pour cette énième agression, la position des intellectuels et des écrivains sur la question palestinienne est sans équivoque. Ils ont condamné unanimement l’agression sioniste et exprimé leur solidarité avec le peuple palestinien.      

Vous-êtes responsable du centre des recherches arabes dans votre pays. Comment  peut-on évaluer la langue arabe au Nigeria ?

La situation de la langue arabe est assez confortable au Nigeria. Il y a des acquis certains mais il subsiste de nombreux défis pour les intellectuels arabisants. Il y a de nombreux organismes qui enseignent la langue arabe au Nigeria. Ça va jusqu’au niveau universitaire et des hautes études. Il y a par exemple le centre de recherche à Kanu. Il y a aussi des institutions qui utilisent les langues arabes et anglaise en même temps. Il y a également des organismes publics utilisant la langue arabe mais aussi privés qui peuvent être des associations et organisations non gouvernementales qui sont très nombreuses. Ce qui démontre à l’évidence l’enracinement de la langue arabe et sa culture au Nigeria. 

Que désignez-vous par les « arabisants africains » ?

C’est tout simplement les habitants des pays africains non-arabes qui ont l’arabe comme locution principale ou secondaire. 

La question des arabisants africains dans les pays non-arabes est l’un des axes majeurs du centre que je dirige à Lagos. Il a pour mission la promotion de ces populations. Définir leurs préoccupations. Quelle est leur réalité de tous les jours culturellement, socialement, juridiquement et politiquement.  Il s’agit de mettre la lumière sur la production culturelle de ces arabisants dans la cartographie arabe dans différents domaines. Il y a aussi leurs luttes culturelles à promouvoir face aux deux espaces qui nous sont imposés à savoir l’anglophone et le francophone. 

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