Elaine Mokhtefi, acteur et témoin d’Alger, la “Mecque des révolutionnaires”: un récit passionnant
Elaine Mokhtefi/ Editions Brazakh
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Dans les années 50, alors que l’utopie de la création d’un gouvernement mondial suscite de l’effervescence, une jeune militante américaine entend à l’appel des mouvements anticolonialistes. Elle plonge corps et âme dans la défense de la cause algérienne. Elle, c’est Elaine Mokhtefi. Ce nom ne vous dit rien? Et pourtant… il dit beaucoup. 

Début des années 50, la jeune militante Elaine Klein, débarque en Europe en plein guerre froide. Dans ce vieux monde, la décolonisation était une question primordiale, nul ne pouvait prendre la tangente et s’en dérober. Elaine Mokhtefi se range automatiquement du côté des anti-guerre. Elle participe aux  manifestations et prend part aux réunions pour trouver des solutions. Cet engagement sera l’occasion de son premier contact avec les Algériens. D’une réunion à une autre, elle épouse la cause algérienne et cet engagement la mènera d’un bout à l’autre de la terre pour défendre l’indépendance.

De New York, siège des Nations Unis où se rend la délégation algérienne, jusqu’en Afrique, précisément au Ghana où elle fait la connaissance de Frantz Fanon, Elaine Mokhtefi est une militante acharnée de la libération de l’Algérie. Il est donc naturel pour elle de se poser à Alger, quelques semaines, après l’indépendance. Là, dans cette capitale du nouvel Etat algérien, elle pense avoir trouvé son chez soi. Pleine d’espoir, elle s’engage dans la construction de la jeune nation aux côtés des Algériens, au point de demander la nationalité. Chose qu’on lui refuse sans plus d’explication. Cela ne la décourage pas pour autant, Elaine Klein avait épousé la cause algérienne et elle contribuait à bâtir cette jeune nation.

Interprète, organisatrice de grands évènements, notamment du mythique premier festival panafricain, journaliste, Elaine Klein multiplie les missions avec l’espoir de  voir le pays servir d’exemple aux jeunes nations à peine libérées du joug colonial.

Dans cette Algérie, “Mecque des révolutionnaires”, Elaine Klein a pour mission d’installer et d’aider le bureau international des Black Panthers à prendre ses marques à Alger. Elle est le vis-à-vis d’Eldridge Cleaver –  militant des droits civiques américain et membre dirigeant des Black Panthers – et son intermédiaire avec les autorités algériennes pendant de longues années.

 Elle est l’amie  intime de Zohra Sellami qui deviendra l’épouse de Ahmed Ben Bella après le coup d’état et sa mise en résidence surveillée. Cette proximité va être une source de problèmes. Les services secrets algériens lui demandent d’être leur informatrice auprès du couple, faute de quoi elle sera interdite de séjour en Algérie. Elle refuse et fait jouer ses relations, ce qui lui permet d’obtenir un sursis, au cours duquel, elle fait la connaissance de celui qui sera son époux : Mokhtar Mokhtefi.

Un an plus tard, en 1974, la SM revient à la charge. Face à l’obstination d’Elaine, elle est mise dans un avion et expulsée d’Algérie. Malgré toutes ses tentatives de revenir, elle reste sur une liste noire des personnes interdites de rentrer en Algérie. Elle n’est autorisée à y revenir que….44 ans plus tard. Elle n’a pas eu le plaisir de retrouver ce pays d’adoption en compagnie de son époux décédé des années plus tôt. Mais elle n’en éprouve pas moins le plaisir de retrouver l’Algérie.

Son livre est un récit fascinant et instructif qui retrace la vie palpitante de cette capitale de la “révolution mondiale”. Celle des grands espoirs et aussi des désillusions, toutes aussi grandes. Un récit qui se lit d’un trait. Elaine Mokhtefi s’y raconte et raconte une partie de l’Algérie. Sans rancune, ni ressentiment.

Elaine Mokhtefi, Alger Capitale de la révolution de Frantz fanon aux Blacks Panthers , Editions Barzakh, 800 da

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