Le Parti de la Justice et du Développement (PJD, islamiste) a perdu les élections générales (législatives, régionales et communales) du 8 septembre 2021 au Maroc.
Le PJD a dominé le Parlement marocain pendant dix ans après ses victoires électorales en 2011 et en 2016. Selon les résultats provisoires, annoncés par le ministère de l’Intérieur dans la soirée de mercredi 8 septembre, le PJD, qui est symbolisé par la lampe, n’a obtenu que 12 sièges sur les 365 que compte le Parlement. Lors des dernières élections législatives en 2016 ce parti islamiste a obtenu 125 sièges. Une perte de 113 sièges.
Le PJD a dénoncé des irrégularités et des dépassements qualifiés de graves lors des élections. Il a notamment évoqué le refus de certains chefs de bureaux de vote de remettre les procès verbaux des dépouillements des voix. Il a également dénoncé l’usage « massif » d’argent pour « acheter » des voix. Le ministère de l’intérieur a, pour sa part, minimisé ces accusations et évoqué l’existence « d’actes isolés ».
Un mode électoral désavantageux
Certains observateurs estiment que le PJD est sanctionné pour sa mauvaise gestion de l’économie marocaine ces dix dernières années et pour certaines décisions sociales qualifiées d’anti populaires. Pour d’autres, le parti de Saad eddine El Othmani paye sa position froide par rapport à la normalisation du Royaume marocain avec Israël.
Le PJD, comme les autres partis, aurait été désavantagé par le nouveau mode électoral. Le calcul se fait sur base du nombre total des électeurs inscrits dans la circonscription et non pas sur celui des suffrages exprimés.
Après la débâcle électorale, Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement et ancien secrétaire général du PJD, a demandé à Saâdeddine El Othmani, actuel chef du gouvernement, de démissionner. Il a appelé le parti à convoquer un congrès pour étudier la nouvelle situation.
Aziz Akhannouche, futur chef du gouvernement ?
Le Rassemblement national des indépendants (RNI), le parti de l’homme d’affaires Aziz Akhannouch, actuel ministre de l’Agriculture, est sorti vainqueur des élections. Il a obtenu 97 sièges au Parlement, 60 sièges de plus par rapport aux dernières consultations. Reputé proche du Roi Mohammed VI, le libéral Aziz Akhannouch, 60 ans, pourrrait être le prochain chef du gouvernement.
Actionnaire majoritaire d’Akwa Group , Aziz Akhannouch possède une soixantaine d’entreprises au Maroc. Akwa Group est actif dans plusieurs secteurs comme l’énergie, la distribution de gaz, l’immobilier, le tourisme, la finance et la presse.
« Le parti du tracteur » ou le Parti Authenticité et Modernité (PAM) est arrivé en deuxième position avec 82 sièges.
Né en 2008 à l’initiative de Fouad Ali El Himma, conseiller du roi, ce parti de centre gauche est sorti vainqueur des élections communales de 2016, devant l’Istiqlal et le PJD. Le PAM, créé de la fusion de cinq partis pour contrer l’avancée du PJD, est dirigé par l’avocat Abdellatif Ouahbi, un ancien militant de l’USFP (Union socialiste des forces populaires).
L’Istiqlal en troisième position
Abdellatif Ouahbi a ouvertement accusé le RNI d’avoir eu recours à l’argent pour gagner les élections et « inonder la scène politique marocaine ».
Avec 78 sièges, l’Istiqlal est arrivé en troisième position devant l’USFP, 35 sièges. Il n’y a donc pas de majorité absolue au Parlement. Il faudra des alliances pour pouvoir former le prochain gouvernement. Une mission difficile compte tenu des divergences entre RNI, PAM, Istiqlal et PJD. Le taux national de participation lors des élections a été, selon le ministère de l’Intérieur, 50,3 %, contre 42 % en 2016