Une semaine après une visite du chef d’Etat français Emmanuel Macron en Irak, le groupe français Total Energies signe un gros contrat.
Un contrat de 27 milliards de dollars d’investissements dans la production du gaz naturel, de l’énergie solaire et du traitement d’eau de mer dans le sud de l’Irak. Il s’agit en tout de quatre projets dont l’objectif, selon Ihssan Abdoul Jabbar Ismaïl, ministre irakien du Pétrole, est de réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles et à l’importation du gaz naturel.
Négocié depuis octobre 2021, le contrat a été adopté par le Conseil des ministres à Baghdad, fin juillet 2021, et signé le 5 septembre 2021.
Patrick Pouyanné, PDG du groupe français, a annoncé, lors d’une conférence de presse à Baghdad, que TotalEnergies prévoit un investissement initial de 10 milliards de dollars. « Nous sommes ravis de retourner en Irak pour entamer de nouveaux projets. Nous prévoyons de mobiliser les équipes en Irak, à Bassorah, d’ici la fin 2021 », a-t-il dit.
Extraction du pétrole avec de l’eau de mer
« L’idée d’injecter l’eau de mer (du Golfe persique) dans des champs pétroliers afin d’en améliorer la production remonte à trente ans en Irak. Cela fait dix ans que nous essayons de la mettre en exécution, nous n’avons pas pu le faire. Aujourd’hui, avec Total, le projet est à l’étude depuis trois mois, avant la signature du contrat », a précisé Ihssan Abdoul Jabbar Ismaïl.
Selon lui, l’eau de mer sera injectée dans tous les champs pétroliers du sud de l’Irak Bassorah, Nassiriya, Amara et Kout. « Nous avons tardé à augmenter notre production de pétrole en raison de la non exécution de ce projet d’eau de mer », a-t-il ajouté.
TotalEnergies investira, « dans une première phase », 3 milliards de dollars dans le projet visant à injecter de l’eau de mer dans des champs pétroliers.
Selon Reuters, ce projet d’injection, d’une capacité initiale de traitement de 2,5 millions de barils d’eau de mer par jour, vise en partie à faire remonter le pétrole à la surface, contribuant ainsi à compenser le déclin de production dans certains champs pétroliers du sud de l’Irak.
L’Irak prévoit d’augmenter sa production de pétrole brut à huit millions de barils par jour d’ici la fin de 2027. L’exportation du pétrole assure plus de 90% des revenus de l’Irak, pays membre de l’OPEP.
Projet de produire 8,5 millions de mètres cubes de gaz naturel
Deux milliards de dollars seront investis dans la construction d’une station de production de gaz naturel dans les gisements de Artaoui, West Qurna 2, Tuba, Luhais et Majnoun. La capacité de production sera de 8,5 millions de mètres cubes de gaz par jour dans une première phase.
Les réserves prouvées du gaz naturel en Irak sont estimées à 3,2 milliards de mètres cubes (12ème au rang mondial). Un tiers des besoins de l’Irak en gaz naturel sont assurés par l’Iran, actuellement.
« Le gaz que produira TotalEnergies constitue 20 % du coût du gaz importé d’Iran(…) Le premier véritable projet de production de l’énergie solaire sera concrétisé avec TotalEnergies. Il aura une capacité de 1.000 mégawatts (MW).). Il sera le plus grand projet au Moyen-Orient », a indiqué Ihssan Abdoul Jabbar Ismaïl.
Le quatrième projet a trait à l’augmentation de la production de pétrole du gisement d’Artaoui pour atteindre 200.000 barils de pétrole par jour au lieu de 60.000 barils actuellement. TotalEnergies y investira 3 milliards de dollars.
« Nous saluons TotalEnergies de s’intéresser à ces projets en Irak alors que les investissements dans le pétrole et le gaz tendent à baisser, tout le monde va vers la transition énergétique et les énergies propres », a souligné Ihssan Abdoul Jabbar Ismaïl.
Total s’oriente vers les énergies propres
L’Irak est confronté à une crise d’énergie marquée par des coupures électriques. Le gouvernement entend faire tourner les centrales électriques avec du gaz au lieu du fuel actuellement. Le pays consomme 6 millions de barils de pétrole par mois pour produire de l’électricité, soit 70 millions de barils par an, l’équivalent de cinq milliards de dollars.
Le groupe Total, pour rappel, a décidé de changer d’appellation pour se nommer Total Energies signifiant une volonté de s’orienter vers les énergies propres pour lutter contre le réchauffement climatique.
TotalEnergie projette de devenir leader européen en matière de production et de distribution de bornes de recharge électrique rapide pour les voitures.
Le gros contrat de TotalEnergies est signé quelques jours seulement après la visite du président français , la deuxième en une année, en Irak.
A Baghdad, Macron parle de « la reconstruction » de l’Irak
A Baghdad, Emmanuel Macron a été reçu par le président Barham Saleh et le premier ministre Moustafa al-Kazimi. « La France nous a soutenu dans le combat contre Daesh, contre le terrorisme et dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Nous avons des partenariats dans les secteurs de l’énergie, de l’électricité, de l’éducation, de la santé et autres », a déclaré Moustafa al-Kazimi dans une conférence de presse.
« La France reste un partenaire de l’Irak jusqu’à la fin de la guerre contre le terrorisme pour garantir la stabilité et la sécurité dans la région. La France reste un partenaire économique et commercial et reste à nos côtés pour la reconstruction de l’Irak », a annoncé, pour sa part, Barham Saleh qui parle de signature de contrats avec des sociétés françaises.
Emmanuel Macron a évoqué également la reconstruction des « zones libérées » en Irak et le retour « des déplacés » dans leurs régions : « Ils ont besoin de projets. La reconstruction ce sont tous les projets que nous souhaitons accompagner en termes d’infrastructures, de développement économique. Plusieurs projets ont été identifiés et les entreprises françaises sont mobilisées. Reconstruction de l’aéroport de Mossoul, projet d’assainissement d’eau à El Anbar, etc ».
« Les entreprises françaises sont fortement mobilisées » en Irak, selon Emmanuel Macron
Selon lui, la coopération économique avec l’Irak est essentielle. « Des projets importants pour la stabilité, la souveraineté et le quotidien du peuple irakien. il y a chaque année plus de 500 000 jeunes Irakiens qui arrivent sur le marché du travail.
Donc il y a la nécessité de trouver des projets économiques, d’aider au développement du pays. C’est évidemment ce qui est au cœur dans notre relation bilatérale, à travers des projets en matière d’énergie, de transport, d’aménagement sur lesquels nous sommes revenus, de traitement de l’eau où les entreprises françaises sont très fortement mobilisées », a déclaré Emmanuel Macron.
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La recherche effrénée de profits a conduit à la délocalisation de pans entiers de l’industrie des pays industrialisés vers les pays du Sud offrant les coûts de main-d’œuvre les moins élevés et les conditions générales de travail et d’environnement les moins contraignantes. Il est fondamental que notre pays soit en capacité de faire une lecture géopolitique de toutes ces stratégies de redéploiement entre plusieurs aires de puissances pour se positionner et trouver sa place à l’épicentre d’un pôle permettant d’assurer sa stabilité et son autonomie.
A cet égard, l’appartenance à un pôle Maghreb dans lequel l’Algérie a aujourd’hui encore un rôle central naturel à jouer doit, en dépit des turpitudes persistantes, être affirmée fortement. Soit l’Algérie croit au «pouvoir central» qui lui est conféré au sein du Maghreb et choisit en conséquence de construire autour de cette centralité, soit cette même centralité sera diluée, comme le montrent les adhésions et/ou l’intérêt du Maroc et de la Tunisie à d’autres ensembles régionaux (Comesa, Cedeao)..
Chez nous la tentative de Total pour racheter les parts d’Anadarko n’a pu avoir car Sonatrach a réussi à faire valoir son droit de préemption sur les intérêts détenus par Anadarko en Algérie, en annulant la cession des actifs algériens au profit du groupe français..