8 février 2022. Soixante ans après, les « événements » survenus au métro Charonne sont qualifiés de « tragédie » par Emmanuel Macron dans le communiqué rendu public par l’Elysée. Efficace cheville rhétorique, l’hyperbole ici employée est aux discours commémoriels ce que la main gauche est aux illusionnistes. Elle détourne l’attention pendant que la main droite s’active pour cacher ce qui doit l’être.
« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d’une nation, et c’est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger. L’investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l’origine de toutes formations politiques… » Ernest Renan, 1882
« Il n’est jamais mauvais qu’exposé à cette histoire mémoriale-oublieuse, l’historien prenne ses livres (…). L’histoire-science peut résister à l’oubli logé dans l’histoire édifiante, l’empêcher de “raconter des histoires”. » Jean-François Lyotard, 1988
8 février 2022. Soixante ans après, les « événements » survenus au métro Charonne sont qualifiés de « tragédie » par Emmanuel Macron dans le communiqué rendu public par l’Elysée.
Organisée par plusieurs partis politiques et syndicats du mouvement ouvrier pour protester contre les attentats commis par l’OAS et pour la paix en Algérie, il est rappelé que cette manifestation a été « violemment réprimée par la police » puisque « neuf personnes ont perdu la vie » et « plusieurs centaines furent blessées ».
Un hommage est rendu à la « mémoire des victimes et de leurs familles », est-il écrit en conclusion. Comme on pouvait s’y attendre, les dévots du président ont applaudi ce geste qui confirmerait sa volonté de « regarder l’histoire en face » et d’œuvrer sans relâche à la réconciliation des mémoires, selon les éléments de langage répétés ad nauseam en de telles circonstances. Quelques historiens empressés et intéressés se sont joints à ce chœur louangeur en saluant ce « pas en avant » longtemps attendu par celles et ceux qui militent depuis des décennies pour l’établissement de la vérité. Singulière mais classique complaisance de quelques amoureux de Clio. Contrairement à ce qu’il serait légitime d’attendre d’eux, ils semblent préférer l’éclat des ors de la République et la fréquentation des « grands » à l’entêtement de faits désormais avérés et documentés de façon précise et circonstanciée.
Une fois encore, cette initiative présidentielle, qui s’ajoute à plusieurs autres pour des raisons liées à la conjonction inédite d’épisodes majeurs de la guerre d’Algérie et d’échéances électorales décisives, est d’une partiélité et d’une partialité remarquables puisqu’elle est contraire aux connaissances établies par les spécialistes de la manifestation du 8 février 1962[1].
De plus, ce geste demeure très en-deçà de la reconnaissance pleine et entière exigée notamment par le collectif « Vérité et Justice pour Charonne ». Comme souvent en ces matières, le communiqué élyséen mobilise une hyperbole creuse – « tragédie » -, qui permet, dans le même mouvement, d’occulter la pusillanimité de ce communiqué, – le refus de qualifier avec précision le comportement des forces de l’ordre en atteste -, et d’accréditer l’opinion selon laquelle il est fait droit à la gravité des actes commis par ces dernières.
Efficace cheville rhétorique, l’hyperbole ici employée est aux discours commémoriels ce que la main gauche est aux illusionnistes. Elle détourne l’attention pendant que la main droite s’active pour cacher ce qui doit l’être.
Au terme de cet artificieux tour langagier, les grands mots – de même pour la formule convenue « les pages sombres de l’histoire » souvent utilisée en des circonstances analogues – passent pour de courageuses déclarations, et des vessies sont prises pour des lanternes par une cohorte hétéroclite de fidèles du président, de naïfs vrais ou faux, et de personnalités diverses soucieuses de rester en cour ou de la fréquenter.
L’efficacité discursive du terme « tragédie[2] », et aux autres vocables du même tonneau, tient également à ceci qu’il s’agit de mots pare-feu destinés à nommer pompeusement des événements devenus condamnables pour mieux circonscrire le périmètre de ceux qui en portent la responsabilité. Dans ce cas d’espèce, les sommets de la hiérarchie policière et politique sont placés hors champ, épargnés donc. Quant au massacre, jamais nommé, il demeure sans coupable d’importance ni adresse précise.
En effet, les personnalités diverses qui exerçaient le pouvoir, la Cinquième République et l’État in fine sont rendus invisibles afin de ménager certaines fractions de l’électorat et de préserver des mythologies nationales, partisanes et personnelles jugées fondamentales au prestige de la France et des institutions républicaines. Réputées toujours fidèles à leurs traditions comme à leurs idéaux, ces dernières demeurent, à l’instar de la divine Marie, innocentes, immaculées et vierges. Sublime magie de la rhétorique commémorative. Elle parvient ainsi à feindre la reconnaissance tout en préservant les images d’Épinal chères aux amoureux transis de l’Hexagone et des grands hommes qui ont présidé à ses destinées universelles et glorieuses.
De là cette autre (in)conséquence majeure : la néantisation du rôle joué par les ministres et le préfet qui ont décidé d’interdire la manifestation du 8 février 1962, de la réprimer dans le sang, de couvrir le massacre d’État au moyen d’un mensonge forgé en haut lieu puis diffusé par une certaine presse et des medias contrôlés par l’exécutif. N’oublions pas la justice, soumise, complaisante et aux ordres. Saisie, elle a fait preuve d’une très servile et opportune lenteur qui l’a conduit, quatre ans plus tard, à considérer que son action devait s’achever conformément à la loi d’amnistie du 18 juin 1966.
Euphémisation, dénégation, mépris de l’histoire et de ceux qui l’ont pourtant écrite, sont au fondement du communiqué élyséen qui ravale de très graves événements au rang de bavure condamnable mais étrangère au gouvernement de l’époque.
En quelques mots, Emmanuel Macron et ses communicants affairés réhabilitent la thèse, qui n’est qu’une mauvaise fable politique infirmée par les recherches menées par Alain Dewerpe, selon laquelle les policiers auraient agi à l’insu de leurs supérieurs hiérarchiques et du gouvernement. Stupéfiantes régression et réécriture de l’histoire qui conjuguent opportunisme, électoralisme et désinvolture scandaleuse à l’endroit des travaux les mieux informés.
Anticommunistes notoires, le premier ministre Michel Debré, le ministre de l’Intérieur Roger Frey et le préfet de police Maurice Papon se sont en effet donnés les moyens juridiques et humains d’empêcher puis de réprimer comme rarement une mobilisation jugée dangereuse pour l’autorité de l’Etat et de son chef, le général de Gaulle. Avec son aval, faut-il préciser, puisqu’avant la manifestation ce dernier avait déclaré : les « agitateurs » doivent être réduits et châtiés. Martial et lumineux langage.
Le but ainsi fixé, il suffisait désormais de laisser faire « l’intendance » qui s’est exécutée dans les conditions que l’on sait. Après quoi, les premiers se sont empressés de justifier et de saluer, comme il se doit, l’action des fonctionnaires de police. Selon les formules utilisées par celui qui se trouvait place Beauvau[3], il s’agissait de préserver l’ordre public contre la « subversion » de « véritables émeutiers » qui sont donc coupables de ce qu’il s’est passé.
Macron se cache derrière la « responsabilité policière«
Très classique inversion maligne qui consiste à imputer aux manifestants des comportements prétendument séditieux pour mieux les accuser d’être à l’origine des violences subies, lesquelles sont désormais légitimes puisqu’elles ont été motivées par la volonté de conjurer une menace jugée exceptionnelle. Au temps du massacre a succédé le temps du mensonge des pouvoirs publics forgé pour les besoins de la cause : celle de la raison d’Etat et celle des hommes qui depuis longtemps la servaient.
Relativement au massacre du 17 octobre 1961, au cours duquel furent tués des centaines d’Algériens rassemblés pacifiquement à l’appel du FLN pour protester contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé depuis le 5 octobre par Maurice Papon et le gouvernement, Emmanuel Macron use de procédés similaires. Contre toute vérité historique, politique et institutionnelle, il circonscrit la responsabilité des « crimes commis cette nuit-là » aux forces de l’ordre agissant « sous l’autorité » du préfet de police.
Et c’est ainsi que cet autre massacre d’État, bien plus important que celui de Charonne eu égard au nombre de victimes et aux moyens employés : rafles, internement de masse, exécutions sommaires, noyades, tortures, disparitions forcées, -, se transforme en un crime imputable au seul Maurice Papon. Mauvaise fable qui serait dérisoire si elle n’était obscène en raison de l’extrême gravité des faits qu’elle travestit et de l’occultation des rapports hiérarchiques de l’époque sur laquelle elle prospère.
L’autoritaire Emmanuel Macron, qui aux dires de beaucoup se complait dans la verticalité des rapports de pouvoir, croit-il lui-même à cette fable forgée par ses services ? Il est permis d’en douter. Élu président, il s’est coulé avec délice dans les institutions de la Cinquième République en réprimant avec la vigueur que l’on sait tous les mouvements sociaux. Il est donc fort bien placé pour savoir qu’un préfet de police, qui plus est en période de crise particulièrement grave, n’est qu’un exécutant.
Quoi qu’il en soit, les spécialistes, historiens, politistes ou juristes[4] ont établi que Maurice Papon a agi, avant, pendant et après le 17 octobre 1961, avec l’aval de ses supérieurs, le ministre de l’Intérieur Roger Frey et le chef du gouvernement Michel Debré ; tous deux résolus, quoi qu’il en coûte, à empêcher une démonstration de force du FLN dans la capitale. À charge pour le préfet d’accomplir cette mission particulièrement importante. Elle s’inscrit dans la continuité de celles qui lui ont été confiées par le premier : « frapper juste et fort » pour « démanteler (…) l’organisation rebelle.[5] »
Soutenus par des personnalités du parti présidentiel, l’Union pour la Nouvelle République (UNR), les mêmes ont aussitôt couvert les pratiques meurtrières de leur subordonné puis élaboré une version officielle destinée à minorer de façon drastique le nombre de victimes et à imputer les « heurts » aux militants du FLN. Voilà qui confirme ceci : la dénégation et l’inversion des responsabilités sont au principe de l’action et de la rhétorique de ceux qui, ayant commis et/ou justifié un crime d’Etat, doivent immédiatement l’occulter en forgeant un récit leur permettant d’échapper au scandale et de continuer à exercer légitimement le pouvoir sans être inquiétés.
Comme pour Charonne, le communiqué du président de la République, relatif au 17 octobre 1961, témoigne d’une conception platement partisane, instrumentale et utilitariste de l’histoire, ceci expliquant cela, et des travaux de celles et ceux qui l’ont écrite en s’appuyant sur des archives, des sources diverses et des témoignages circonstanciés.
De là la singularité des rapports qu’Emmanuel Macron, ce très mauvais et très infidèle élève de Paul Ricoeur, entretient avec les faits. Quelquefois convoqués, le plus souvent de façon partielle, ces derniers sont presque toujours tronqués, arrangés et minimisés pour mieux les coucher dans le lit de Procuste de commémorations officielles qui prétendent révéler l’Histoire alors qu’elles ne cessent de raconter des histoires fragmentaires.
Et des histoires parfois abracadabrantesques, comme le prouve la fiction élyséenne élaborée pour rendre compte des crimes commis le 17 octobre 1961 puis à Charonne ; tous relevant, est-il soutenu, d’initiatives répréhensibles de subordonnés débordés et/ou désireux de prendre leur revanche sur le FLN d’abord, sur le Parti communiste ensuite. Courage de la vérité mis au service d’un désir de connaissance exhaustive ? Souci de restituer la complexité d’une période et des événements qui ont eu lieu ? Volonté de les reconnaître pleinement ? Ces quelques commémorations prouvent qu’il n’en est rien.
Le procédé politico-rhétorique employé par le président est des plus classiques. Il a fort bien été identifié, défini et analysé par Roland Barthes qui le nomme « vaccine[6] ». Elle « consiste à confesser le mal accidentel d’une institution (…) pour mieux en masquer le mal principiel. »
Dans le cas présent, il s’agit de domestiquer l’histoire en imposant une pauvre mais efficace histoire-bataille destinée à satisfaire certains en évitant, autant que faire se peut, les foudres de quelques autres. Sans être édifiante, puisqu’il ne s’agit évidemment pas de célébrer des victoires et d’encenser des héros mais de réprouver des actes et de condamner ceux qui les ont commis, cette histoire-bataille repose sur des procédés voisins : la décontextualisation sociale, politique et institutionnelle des acteurs et des massacres commis, lesquels ne sont plus que des actes isolés sans rapport les uns avec les autres[7].
Là où existaient un système et des institutions diverses – gouvernement, police, armée, justice…- dirigés par un président, un gouvernement et des ministres, qui ont fixé les orientations, et des fonctionnaires civils et militaires qui ont rempli les missions définies par les premiers, ne reste plus que quelques individualités et une histoire en miettes. Une histoire ? Un récit officiel bien plutôt qui repose sur la simplification et la réécriture mensongère, par omission, des événements. L’ensemble est conçu pour éviter tout scandale, complaire aux desservants du culte national et entretenir la thèse immunitaire, mythologique et consensuelle, à droite comme au sein d’une certaine gauche, selon laquelle le gouvernement de l’époque, le général de Gaulle, bien sûr, la France et la République, cela va de soi, sont absolument étrangers à ce qu’il s’est passé.
Certains contemporains se sont élevés avec vigueur contre de telles affirmations. Pierre-Vidal Naquet, notamment, en démontrant de façon précise que les pratiques mises en œuvre par l’armée et la police, des deux côtés de la Méditerranée, étaient les conséquences d’une politique arrêtée au sommet de l’Etat[8]. Rappelons aussi aux « oublieux »de l’Elysée et à ceux qui les soutiennent que le général Pâris de Bolladière a demandé être relevé de son commandement pour protester contre l’usage de la torture avant d’en témoigner publiquement dans L’Express du 29 mars 1957. De même Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d’Alger, qui a pris la décision de démissionner de ses fonctions quelques mois plus tard, le 12 septembre 1957, considérant que le recours à la question et les disparitions forcées étaient systématiques désormais.
Relativement à la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron a soutenu qu’il est confronté à un « défi mémoriel[9] » particulièrement dramatique comparable, nonobstant la différence de nature des crimes commis, à celui qu’a affronté Jacques Chirac lorsqu’il a reconnu, dans son célèbre discours du 16 juillet 1995, que « la folie criminelle de l’occupant a été secondée (…) par l’État français ». Et, précisait-il, par sa police et sa gendarmerie qui ont livré 13 000 Juifs à « leurs bourreaux » lors des rafles des 16 et 17 juillet 1942.
Comparons donc. Dans un cas, la France, le régime de Pétain, les institutions de l’époque et les différents corps chargés d’assurer la défense du nouvel ordre public, dictatorial, raciste et antisémite, sont désignés de façon explicite afin d’établir ceci : tous furent responsables et coupables d’avoir commis « l’irréparable. » Dans l’autre, la politique mémorielle et commémorielle de l’actuel président de la République évite constamment de semblables mises en cause. Hier, un homme d’État résolu qui, en dépit de l’opposition de nombreux « barons » gaullistes, d’une fraction du parti qui le soutenait et de son propre électorat, a prononcé un discours courageux et précis. Aujourd’hui, les faux-fuyants et les contorsions rhétoriques d’un « Jupiter » auto-proclamé qui se comporte en chef de parti plus soucieux de sa réélection et de la défense de ses intérêts particuliers que de la vérité.
Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, imaginons ce que devrait être une juste déclaration relative aux crimes perpétrés dans cette colonie. « 19 mars 2022. La France reconnait que dix ans après la prise d’Alger en 1830, les colonnes infernales du général Bugeaud ont commis l’irréparable en se livrant à de nombreuses razzias, enfumades et tueries. Au XXème siècle, l’irréparable encore. Souvenons-nous des terribles massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, de la répression sanglante de militants nationalistes algériens lors de la manifestation parisienne du 14 juillet 1953, du crime d’Etat du 17 octobre 1961 et de celui du métro Charonne le 8 février 1962. N’oublions pas les centaines de milliers de victimes de la guerre d’Algérie au cours de laquelle l’armée française a torturé, déporté les populations civiles, interné en masse dans des camps regroupant plus de 2 millions d’Algériens, soit un quart de la population totale. Irréparables toujours les disparitions forcées, les exécutions sommaires, les viols des femmes. Soixante ans après, la France reconnait que l’Etat, la République, leurs forces armées, leur police et leur gendarmerie ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Soixante ans après, la France rend hommage aux victimes de ce terrible conflit, décide d’ouvrir toutes les archives et d’élever un lieu de mémoire dans la capitale afin que nul n’oublie. »
Le Cour Grandmaison, universitaire. Dernier ouvrage paru : « Ennemis mortels ». Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, La Découverte, 2019 et, avec O. Slaouti (dir.), Racismes de France, La Découverte, 2020.
[1]. Cf l’ouvrage de référence sur le sujet : A. Dewerpe, Charonne. 8 février 1962 : anthropologie historique d’un massacre d’Etat, Paris, Gallimard, 2006.
[2]. Lorsque les faits sont particulièrement graves, l’adjectif « inexcusable » est ajouté pour renforcer le poids des mots et frapper plus encore les imaginations. Pareille formule permet d’éviter le recours à des qualifications autrement plus précises – celles de crime de guerre voire de crime contre l’humanité – et plus lourdes de conséquences politiques voire juridiques. « Tragédie inexcusable » ; telle fut l’expression employée par l’ambassadeur de France en Algérie, H. Colin de Verdière le 27 février 2005 suivi, au mois de mai de la même année, par Michel Barnier, alors ministre des Affaires étrangères. De là cette conséquence majeure : les auteurs de cette « tragédie inexcusable » : l’Etat français, ses forces armées et ses milices coloniales, ayant commis les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, ne sont jamais désignés et c’est précisément pour éviter qu’ils le soient que ce syntagme pare-feu est utilisé.
[3]. Dès le lendemain, le 9 février 1962, Roger Frey décide de saisir L’Humanité et Libération dans un contexte où, depuis longtemps déjà, les pouvoirs publics prennent beaucoup de liberté avec les libertés fondamentales en recourant à la censure et à la saisie de nombreuses publications et ouvrages jugés contraire à la doxa officielle. Tel fut également le sort réservé aux ouvrages de Paulette Péju, Ratonnades à Paris et Les Harkis à Paris publiés par Fr. Maspero en 1961.
[4]. Cf., l’ouvrage pionnier de Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris : le 17 octobre 1961, Paris, Seuil, 1991 puis Octobre 1961 : un massacre à Paris, Paris, Fayard, 2001, et notamment Linda Amiri, La Bataille de France : la guerre d’Algérie en métropole, Paris, R. Laffont, 2004, Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961 : les Algériens, la terreur d’Etat et la mémoire, Paris, Tallandier, 2008, Emmanuel Blanchard, La Police parisienne et les Algériens (1944-1962), Paris, Nouveau Monde Editions, 2011, Arlette Heymann-Doat, Guerre d’Algérie. Droit et non-droit, Paris, Dalloz, 2012 et Fabrice Riceputi, Ici on noya des Algériens, Paris, Le Passager clandestin, 2021.
[5]. Roger Frey cité par Le Monde, 16 octobre 1961.
[6]. R. Barthes, Mythologies, Paris, Seuil, 1957, p. 238.
[7]. De même pour l’assassinat, le 27 mars 1957, de l’avocat nationaliste algérien, maître Ali Boumendjel, arrêté, torturé et précipité, sur ordre du commandant Aussaresses, du sixième étage d’un bâtiment pour faire croire à un suicide. Dans ses mémoires publiées en 2001, ce dernier a reconnu les faits et livré d’assez nombreux détails. Cf., Services spéciaux. Algérie 1955-1957, Paris, Perrin, 2001, pp. 173-178. Là encore, ce crime de guerre, qui fit scandale, a été couvert par la hiérarchie militaire, le pouvoir politique de l’époque et le très socialiste président du Conseil, Guy Mollet. Cf. P. Vidal-Naquet, La Torture dans la République, (1963), Paris, Les Editions de Minuit, 1972, p. 72 et suiv. Quant à Emmanuel Macron, il s’en est tenu à ce cas emblématique en se gardant bien de rappeler qu’il n’était pas le seul et que cet assassinat fut la conséquence de pratiques : la torture, les exécutions sommaires, les disparitions forcées, légitimées par une doctrine bien connue : celle de la guerre contre-révolutionnaire qui les a érigées en système.
[8]. P. Vidal-Naquet, La Torture dans la République, op. cit. , p. 12 et suiv.
[9]. Le Monde, 25 janvier 2000.Recommandé (59)
24h Algérie Publie ce blog initialement publié le 21 février sur Mediapart avec l’aimable autorisation de son auteur