En France, l’extrême droit se déchaîne contre l’Algérie. Exploitant l’affaire de créateurs de contenus algériens, accusés de tenir des propos « violents », plusieurs personnalités de ce courant politique prennent la parole pour attaquer l’Algérie et les algériens en des termes haineux et xénophobes.
Jeudi 9 janvier 2025, Boualem Naman, plus connu par le pseudonyme de Doualemn ou Boualem DZ, titokeur algérien de 59 ans, a été refoulé de l’aéroport international d’Alger, selon les médias français. Arrivé à Alger, accompagné de deux policiers français, l’homme n’était pas porteur d’un laisser passer consulaire, comme l’exige la procédure en pareille cas, selon des sources informées.
Sans ce document, qui est donné à titre exceptionnel par les consulats, Boualem Naman ne pouvait pas accéder en territoire algérien. La police des frontières a exigé les documents prouvant la nationalité algérienne de cet homme, ce qui, semble-t-il, n’a pas été fourni par Boualem Naman, expulsé par un arrêt ministériel, sous la procédure de l’urgence.
La vérification de nationalité est considérée comme un acte de sécurité incontournable pour permettre l’accès en territoire algérien.
Selon l’AFP, Boualem Naman a été interpellé, dimanche 5 janvier 2025, et expulser rapidement vers l’Algérie, jeudi 9 janvier, sans aucun jugement (son procès était prévu pour le 24 février 2025 devant le tribunal correctionnel de Montpellier), et sans attendre le laisser passer consulaire qui est nécessaire. Une manœuvre évidente pour faire pression sur l’Algérie.
« L’enquête judiciaire a écarté tout appel au meurtre, toute intention de tuer »
Jean-Baptiste Mousset, avocat de Boualem Naman, a dénoncé, lors d’une conférence de presse, une explusion manu militari de son client avec retrait du titre de séjour (renouvelé fin décembre 2024). Emilie Brun, une autre avocate, a précisé, de son côté, que Boualem Naman était en situation régulière en France depuis au moins quinze ans avec un titre de séjour. « M.Naman est un agent d’entretien en France. Il n’a commis aucune infraction sur le territoire français. Il a tenu un certain nombre de propos qu’il regrette aujourd’hui. C’est un homme qui le droit de s’expliquer et à un procès équitable », a souligné Emilie Brun.
Jean-Baptiste Mousset a indiqué que l’enquête judiciaire, « faite avec célérité et efficacité », a écarté « tout appel au meurtre, toute intention de tuer, ou encore, un quelconque comportement anti sémite ». Il a ajouté que des interprètes assermentés et des professeurs de langue arabe ont traduit les propos de Boualem Naman sous le contrôle du procureur de la République. « La publication incriminée de notre client a été détournée de son sens initial par le biais de certaines personnes qui se sont immiscées dans des traductions plus au moins officielles », a-t-il dit.
Chawki Benzehra, un autre tiktokeur algérien, est apparu dans les médias français d’extrême droite, comme Cnews, Europe 1 et Le Point, pour annoncer qu’il est derrière la dénonciation des « influenceurs algériens aux propos violents ».
« L’Algérie cherche à humilier la France »
Jean-Baptiste Mousset a ajouté que Boualem Naman ne représentait aucun risque de se trouver sur le territoire français et qu’il n’avait aucuen intention de se soustraire à l’action de la justice. D’où, la décision du procureur de la République de ne pas le mettre sous contrôle judiciaire ou sous mandat de dépôt. Jean-Baptiste Mousset a dénoncé une action administrive « particulièrement répressive » à l’encontre du créateur de contenu algérien. « Nous ne souhaitons pas que les résidents algériens en France deviennent les fusibles des relations diplomatiques », a-t-il déclaré.
Cette affaire est vite exploitée par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, un catholique conservateur, dont les idées sont proches de l’extrême droite, qui est monté sur ses grands chevaux pour menacer l’Algérie, foulant aux pieds les règles diplomatiques, et versant de l’huile sur le feu.
« Je vais dire ma stupéfaction. Je pense qu’on a atteint avec l’Algérie un seuil extrêmement inquiétant. L’Algérie cherche à humilier la France », a-t-il dit.
Il a enchaîné, sans que le lien ne soit apparent avec le dossier du tiktokeur, sur l’affaire de l’écrivain algérien Boualem Sansal, poursuivi en Algérie, depuis la mi novembre 2024, pour « atteinte à l’unité nationale » et « atteinte à l’intégrité territoriale », après des propos remettant en cause les frontières historiques de l’Algérie.
« L’Algérie détient actuellement un grand écrivain, Boualem Sansal, qui est non seulement algérien, mais qui est aussi français. Il a 80 ans (il a en réalité 75 ans) et il est malade. Est-ce qu’un grand pays, un grand peuple, peut s’honorer de maintenir en détention, pour de mauvaises raisons, quelqu’un qui est malade et âgé ? », s’est-il interrogé.
Ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie
Il a presque paraphrasé ce qu’a déclaré dernièrement le président Emmanuel Macron, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à Paris, sur l’écrivain.
« Il est détenu d’une manière totalement arbitraire par les responsables algériens. L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner », a déclaré le chef d’Etat français.
Des déclarations qui ont provoqué une vive réprobation du ministère des Affaires étrangères, des deux chambres du Parlement et des partis. Des propos qualifiés « d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie ».
Bruno Retailleau et Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, ont, tous deux, proposé d’utiliser des « leviers » pour contraindre l’Algérie à reprendre ses ressortissants faisant l’objet d’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) ou d’une mesure d’expulsion pour « menace à l’ordre public » ou pour « crimes ».
« Les leviers que nous pourrions activer figurent les visas, l’aide au développement ou encore un certain nombre d’autres sujets de coopération», a déclaré le chef de la diplomatie française à la chaîne LCI. Il a accusé l’Algérie de faire dans…l’escalade. Laquelle ? Il n’a pas précisé. Depuis sa prise de fonction, Jean-Noël Barrot n’a pas cessé d’avoir des propos offensifs, souvent peu diplomatiques, contre l’Algérie. Il marche sur les pas Bruno Retailleau qui depuis sa prise de fonction a pris l’Algérie pour cible.
Quand Xavier Driencourt fait dans « la menace »
Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, continue sa campagne haineuse contre l’Algérie, violant tous les us et coutumes diplomatiques qui imposent à un ancien ambassadeur de la retenue et de la réserve, même après la fin de sa mission dans un pays.
Star de tous les plateaux de médias d’extrême droite et de droite, il ne cesse de proposer des idées pour « sanctionner » l’Algérie. Invité de Figaro TV (droite), il émet la proposition d’interdire les vols d’Air Algérie en France. « Si la compagnie transporte des passagers qui ne peuvent pas descendre, interdisons Air Algérie. Eux, en rétorsion, interdiront Air France, mais qui des deux parties sera piégée ?», s’est-il interrogé avec une incroyable légèreté.
Il a proposé d’interdire le déplacement des diplomates algériens en poste en France « sans autorisation » du ministère de l’Intérieur.
Invité de Cnews et Europe 1 (extrême droite), il a n’a pas hésité à dire qu’il fallait « utiliser » la force pour libérer l’écrivain algérien Boualem Sansal de prison. Selon lui, la Déclaration de partenariat renouvelé, signée en août 2022, lors de la visite du président Emmanuel Macron à Alger, est aujourd’hui dépassée.
Les algériens sont des « bombes sur pattes »
Xavier Driencourt, qui semble ne pas manquer d’idées anti-algériennes, a proposé également de réduire le nombre de consulats algériens en France.
Sur le terrain de la haine anti algérienne, l’ancien ambassadeur est concurrencée par Sarah Knafo, députée française d’extrême-droite au sein du groupe « L’Europe des nations souveraines », née de parents juifs marocains. Elle n’a pas manqué à l’appel des troupes pour tirer à boulets rouges sur l’Algérie.
« On doit divorcer pour de bon avec l’Algérie. On a donné l’indépendance à l’Algérie en 1962. Donc, c’était prétendument le divorce, le problème c’est qu’on a eu la garde des enfants et qu’on a continué une pension alimentaire et qu’on a, même aujourd’hui, des violences conjugales. Donc, on fait ce qu’on aurait dû faire, la fermeté, fin de la naïveté », a-t-elle lâché sur RTL, autre média de droite. Cette campagne d’Eric Zemmour, une autre voix de l’extrême droite, a appelé, sans surprise, à une rupture avec l’Algérie. Elle a considéré les algériens comme des « bombes sur pattes », des propos diffamatoires diffusés par une radio à une heure de grande écoute. Mais qui s’en soucie en France ? Elle aussi a pris la défense de « l’intellectuel français » Boualem Sansal. Son emprisonnement est, pour elle, un acte de provocation.
« France ne peut pas accepter de se faire humilier ainsi par l’Algérie. La seule réponse, c’est la révocation immédiate des accords de 1968 et de ne plus accueillir un seul algérien en France », a proposé, de son côté, Eric Ciotti, leader de l’Union des droites pour la République (extrême droite).