Les enseignants poursuivent leur protestation et rejettent les assurances de la tutelle

0
Les enseignants poursuivent leur protestation et rejettent les assurances de la tutelle
Les enseignants poursuivent leur protestation et rejettent les assurances de la tutelle
Google Actualites 24H Algerie

Les enseignants et travailleurs du secteur de l’Education ont de nouveau organisés des sit-ins et marches en guise de solidarité avec les enseignantes victimes d’une lâche agression à Bordj Badji Mokhtar. Les syndicats réaffirment leur intention de boycotter les examens de fin d’année et de cycles, malgré les « garanties » du ministère de l’Education.

Les protestataires exigent une solution « définitive » à la problématique des enseignants exerçant en dehors de leur wilaya d’origine. Les enseignants et travailleurs de l’Education sont sortis dans plusieurs régions du pays, organisant des rassemblements devant les Directions de l’Education, les établissements scolaires ou manifestant pour exiger le « respect à leur dignité ».

A Adrar, les enseignants ont réitéré leur sit-in devant la Direction de l’Education. « Nous sommes toujours debout (صامدون صامدون على الحق واقفون) », « De la capitale à Adrar, de Tebessa à Bordj Badji Mokhtar, rchaque ville et chaque village contre la violence », « nous sommes tous concernés », « Ya wazir, ya wazir, si elles avaient été vos filles, qu’auriez-vous fait ? », sont les slogans scandés ou écrits sur des pancartes portées par les protestataires.

Le bras de fer entre les travailleurs du secteur et la tutelle, qui dure depuis plusieurs mois, a été exacerbé par l’agression contre des enseignantes, dans la nuit de lundi à mardi 18 mai 2021 à Bordj Badji Mokhtar. Selon le Procureur-adjoint près la Cour d’Adrar, cette agression a visé neuf enseignantes, qui élisaient domicile dans un logement de fonction dans la ville susnommée. Le crime « a consisté dans l’agression sexuelle de l’une d’elles, le vol de téléphones portables et des sommes d’argent, des violences physiques contre quatre enseignantes, dont les blessures sont de différentes gravités selon le rapport du médecin légiste ainsi que des menaces à l’arme blanche ».

La procédure judiciaire a mené à l’interpellation de neuf personnes. Quatre de ces suspects ont été ouvertement reconnu d’avoir commis le crime. Ils seront présentés près le Procureur du tribunal de Bordj Badji Mokhtar. « Les opérations de réquisition et de fouilles ont permis de récupérer quelques objets volés », a-t-il précisé.

« Trop tard »

L’agression a suscité la colère des travailleurs et des syndicats. Selon ces derniers, des enseignants ont maintes fois alerté sur les dangers qui guettent leurs lieux de travail et de résidence. L’agression contre les institutrices à Bordj Badji Mokhtar était même la quatrième en un mois, selon le Syndicat algérien des travailleurs de l’Education (SATE).

Le même syndicat annonce immédiatement après cette agression, à côtés de plusieurs autres organisation, son intention de boycotter les examens de fins d’années jusqu’à la mise en place d’une « solution définitive à ce problème ».

Dimanche, l’inspecteur général du ministère de l’Education nationale (MEN), Mustapha Benzemrane, a annoncé la prise d’une série de mesures « pratiques, urgentes et rassurantes » pour terminer la saison scolaire et tenir les examens nationaux officiels dans leurs délais dans la wilaya frontalière de Bordj-Badji-Mokhtar.

Exprimant, dans cette wilaya, l’entière solidarité avec les enseignantes agressées et soulignant « la ferme condamnation du ministère de tutelle, l’inspecteur général du MEN a assuré le « soutien à la famille du secteur de l’éducation dans cette wilaya pour ce qu’ont du subir ces enseignantes ».

Il a également estimé que sa présence dans cette wilaya permettra « d’ouvrir un dialogue sérieux avec les syndicats locaux, à l’instar de celui qui se déroule à Alger au niveau du ministère avec les syndicats nationaux sur l’examen et l’enrichissement du statut particulier ».

Une annonce qui n’a pas calmé les protestataires. Messaoud Boudiba, porte-parole du CNAPEST a accusé les autorités de vouloir « étouffer l’affaire », lors d’un sit-in ce lundi à Boumerdés. « Quand des enseignantes sont agressées et aucun responsable national  ne s’est déplacé sur place, dans les heures qui ont suivi l’affaire, c’est la preuve qu’il y a une volonté de minimiser l’affaire », a-t-il déclaré, reprochant au gouvernement la « mollesse  » de sa réaction.

« Cette agression sauvage et sans précédent a mis en lumière la situation catastrophique de l’institution scolaire et de l’enseignant », estime le porte-parole du CNAPEST, qui explique cette attitude par la volonté des autorités « de ne pas faire des vagues durant la campagne électorale ».

Pour M. Boudiba, la visite de Mustapha Benzemrane et les déclarations du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, sont « insuffisantes » et surviennent « trop tard ».

Les enseignants protestent depuis plusieurs mois

Les enseignants multiplient les actions de protestation depuis plusieurs mois. Grèves, sit-ins et marches à travers plusieurs régions du pays. A l’origine de ce mouvement: une demande de réexamen du statut de l’enseignant et son enrichissement. Les protestataires évoquent notamment une érosion du pouvoir d’achat, des salaires bas, une surcharge des horaires et les conditions socioprofessionnelles détériorées. Les protestataires ont évoqué une série de revendications, à leur tête la protection du pouvoir d’achat et la revalorisation du point indiciaire pour qu’il passe de 45 à 90 DA.

Le 2 mai, le président Abdelmadjid Tebboune a instruit lors du conseil des ministres « d’engager un dialogue avec les différents partenaires sociaux du secteur de la santé afin de réviser la situation socioprofessionnelle des travailleurs » de la Santé et de faire de même avec les syndicats de l’éducation.

Les enseignants exigent également le classement de l’enseignement comme un métier pénible et de bénéficier de la retraite sans condition d’âge.

La semaine dernière, le ministère de l’Education a annoncé le début des discussions avec les syndicats quant à ces revendications.

Article précédentCrise migratoire : l’effet papillon
Article suivantRéouverture des frontières aériennes: le nombre de vols, les villes concernées et le protocole sanitaire dévoilés

Laisser un commentaire