Le Pr Jean-Paul Grangaud, l’un des piliers de la santé publique en Algérie, a été enterré ce 05 août, en présence d’officiels, de proches, d’anciens élèves et collègues ainsi que de nombreux amis, tous réunis dans un recueillement à la hauteur de l’humaniste et du praticien engagé qu’il a toujours été.
Au cimetière chrétien d’El Madania, une foule d’amis et de proches a accompagné le défunt Pr Grangaud à sa dernière demeure, dans un recueillement empreint de ferveur et de solennité. Une circonstance douloureuse qui a fait se retrouver certains d’entre les anciens collègues et amis du défunt pour évoquer ses qualités.
« C’est un moment triste où nous perdons le Pr Jean-Paul Grangaud. Nous avons perdu un professeur mais également un grand homme et un des meilleurs fils de l’Algérie. Un homme affable, aux valeurs morales et que le sourire ne quittait jamais ! « , déclare le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, selon l’agence de presse algérienne (APS)
Accompagné du ministre délégué à la Réforme hospitalière, Ismail Mesbah, il a également souligné « l’humanisme » qui caractérisait le défunt : » Je l’ai eu comme enseignant et maître, c’est un monsieur qui a peu d’égal en matière de spontanéité, de présence, de travail, de formation et de diligence en tout moment « , a-t-il ajouté, rappelant les nombreux programmes de santé initiés par lui, dont celui auquel il est le plus associé : la vaccination.
Le ministre a tenu à témoigner, en outre, de celui qui fût aussi un « militant de la cause nationale » et qui le demeurera après l’indépendance du pays en choisissant d’y vivre, d’y travailler et d’y former des générations de médecins algériens. « Il nous a enseignés l’amour pour ses patients, il avait une manière de prendre en charge les malades et de distribuer la consolation aux parents et proches de ces derniers. Il avait aussi la dimension d’un enseignant d’une clarté et d’une pédagogie exemplaires, ainsi que l’art de simplifier le message en se mettant à la place de l’élève. Il nous laisse un héritage inestimable! », témoigne son ancienne collègue, Fadéla Chitour.
Par ailleurs fervente militante des droits de l’homme, elle a tenu à relever « le sens de la santé publique et l’organisation de la pédiatrie dont il a été le père, mais aussi de la néonatologie algérienne », rappelant que le défunt, avec le Pr Mazouni, ont été à l’origine de la création de la 1ére unité de cette discipline en Algérie. De même qu’elle mettra en exergue le fait que le Pr Grangaud ait « composé feuille par feuille et ligne par ligne » le carnet de santé, lequel a été « un précieux document pour les familles algériennes ».
Amie du couple Marie-France-Jean-Paul Grangaud, la psychanalyste Faika Medjahed a fait ses premiers pas dans le service de santé publique au CHU de Beni-Messous, dirigé par le défunt, « un service pluridisciplinaire et où exerçaient diverses nationalités en toute convivialité « . « Avec le Pr Grangaud, j’ai appris le partage des connaissances, la générosité ! », ajoute-t-elle, avant d’évoquer son ancienne collaboration avec Mmes Grangaud et Nadia Ait Zai, dans le dossier de la violence à l’égard des femmes, « un travail merveilleux effectué sur le terrain à travers toute l’Algérie « , assure-t-elle.
La présidente du Centre d’Information et de Documentation pour l’Enfant et la Femme (Cidef), Mme Ait Zai a tenu, pour sa part, à « saluer la mémoire et l’engagement d’un Algérien qui est né, a grandi et choisi de faire son chemin aux côtés des Algériens après l’indépendance du pays ». « Une personne, ajoute-t-elle, qui est vénérée par tous. Chacun vous dira qu’il a soigné mon enfant ! », poursuit-elle, rappelant que Jean-Paul Grangaud a été membre de la « Fondation pour l’Egalité » alors que son épouse en est un de ses membres fondateurs, créée en 2012. « En dépit de son âge avancé, il était présent et suivait l’actualité, les événements politiques et ce, jusqu’à son plus récent chantier, le Plan Cancer dans lequel il était impliqué », relève-t-elle, avant de conclure en ces termes : « C’est une école que nous perdons. Un hommage particulier lui a été rendu et cela est important ! »
Le Pr Jean-Paul Grangaud, un des pionniers de la santé publique de l’Algérie post-indépendance, est décédé mardi à Alger à l’âge de 82 ans