Fatima Zohra Namous, commissaire du Festival international de la danse contemporaine d’Alger: « La danse contemporaine offre plus de liberté d’expression sur scène »

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Fatima Zohra Namous, commissaire du Festival international de la danse contemporaine d'Alger: "La danse contemporaine offre plus de liberté d'expression sur scène"
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Fatima Zohra Namous-Senouci est chorégraphe. Elle est directrice de l’Opéra d’Algérie Boualem Bessaih et commissaire du Festival international de la danse contemporaine d’Alger. Le Festival, qui en est à sa onzième édition, se déroule jusqu’au 13 mars 2023, avec la participation de huit pays dont l’Algérie. Le Festival a été ouvert, jeudi 9 mars soir, à l’Opéra d’Alger en présence de la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji.


24H Algérie: Le 11ème Festival international de la danse contemporaine d’Alger se déroule avec le thème « Memory » (Mémoire). Pourquoi ce choix ?


Fatima Zohra Namous-Senouci : Ce choix est motivé par le fait que l’Algérie célèbre le soixantième anniversaire de son indépendance depuis juillet 2022. Les festivités se déroulent pendant une année. Les danses classique et contemporaine sont pratiquées en Algérie depuis les années 1960. Moi même, j’ai commencé à cette époque. De 1962 à ce jour, je n’oublie rien. Aujourd’hui, je suis ravie que nos jeunes prennent le relais et atteignent un niveau international. En tant qu ‘académicienne, j’ai le coup d’œil et je vois ce que font nos jeunes. C’est rassurant.  


Qu’en est-il du programme du Festival ?

C’est un programme riche. La soirée d’ouverture à l’Opéra d’Alger a été consacrée à l’Algérie et le Mali. Le Mali, qui est le pays invité d’honneur, participe avec un artiste de renom Aly Karembé et avec le Ballet national.
Pourquoi le choix du Mali ?C’est un choix fait il y a trois ans. Nous couvrons tous les continents. C’est au tour de l’Afrique d’être à l’honneur avec notre voisin le Mali. Aly Karembé  participe à toutes les éditions du festival d’Alger depuis le début, un monstre de la scène et de la danse contemporaine. L’Italie et la Russie participent avec de grandes compagnies, respectivement Spellbound et Moscow state academic dance theater.


Quid de l’Algérie ?

L’Algérie participe avec cinq créations de l’Opéra d’Alger. Des créations des jeunes talents, fruit d’un travail fait depuis trois ans. Une manière de mettre en valeur les côtés interprètes et créateurs de ces artistes. La relève est donc assurée.  Les chorégraphes algériennes Samar Boudaoud et Nouara Idami marquent aussi leur présence avec de nouvelles créations. Il y a aussi la participation des danseurs d’Ain Defla, de Sidi Bel Abbes, de Tizi Ouzou et de Djanet. La compagnie Arabesque d’Alger est également présente.


A travers les titres des créations chorégraphiques proposées au festival (« La renaissance », « Vouloir se libérer », « La joie », etc) , on constate que nous jeunes artistes sont dans une attitude positive. Il y a de l’espoir. Il y a un regard vers l’avenir.


Vous avez aussi prévu des master class ?

L’artiste malien Aly Karembé a encadré un master class. Les chorégraphes des pays participants, dont la Grande Bretagne, la France, le Canada et l’Italie, travaillent aussi avec une centaine de jeunes algériens, venus de plusieurs wilayas.


Et comment se porte la danse contemporaine en Algérie. Est-elle en évolution ?


Aujourd’hui, en Algérie, la danse contemporaine a pris plus de place que la classique. La méthodologie de la danse classique est rigoureuse avec des entraînements quotidiens. La danse contemporaine offre plus de liberté d’expression sur scène. Les danseurs peuvent tout faire mais en respectant les règles. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi mais les artistes ont cette liberté de création, de mouvement, du geste et du choix de la musique.


Les jeunes algériens sont-ils intéressés par la danse contemporaine ?

Venez assister aux master class (au niveau de l’Opéra d’Alger) et vous verrez. Nous avons reçu des jeunes de partout, d’Ain Defla, de Mostaganem, de Djanet, de Tamanrasset, de Tizi Ouzou…Je suis heureuse de voir que nos jeunes ont beaucoup d’amour et de passion pour la danse contemporaine. Il faut qu’on les soutienne.


Nous mettons à leur disposition, tous nos moyens. Le festival est de retour, autant que celui des jeunes talents. Des jeunes que nous n’avons pas revu depuis trois ans. Ils attendaient la reprise du festival parce qu’ils ont besoin de connaissance, d’apprendre, du contact avec les autres. Le contact virtuel ne suffit pas. Il faut qu’ils soient en contact avec des experts qui viennent ici. Les master class durent une dizaine de jours, cela permet aux danseurs de s’enrichir.


Il y a des jeunes qui ont créé des compagnies de danse…

Oui, comme à d’Ain Defla, à Mostaganem, à Sidi Bel Abbes, à Sétif, à Constantine et ailleurs. Des petits groupes qui font de la danse contemporaine et qui se développent. Nous comptons lancer un concours national de danse contemporaine à partir de la fin juin début juillet 2023 pour la fête de la jeunesse. Les premiers lauréats seront programmés pour la prochaine édition du festival international d’Alger.  


Comment séparer la danse contemporaine de la street dance, du new style ?

La street dance se pratique dans la rue. La danse contemporaine reste liée à la scène et à l’exécution selon des règles académiques. Le danseur contemporain doit avoir une formation à la base. Il faut que son corps soit prêt pour la scène en visuel. Il y a aussi le respect du costume, le choix de l’éclairage, des couleurs…Dans la danse contemporaine, on stylise tout. On peut, par exemple, y introduire des sons rappelant les musiques traditionnelles ou populaires.

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