La sélection officielle du 74 ème édition du Festival de Cannes a été dévoilée ce jeudi 3 juin 2021. Le Festival continue d’ignorer clairement le cinéma africain et asiatique.
Pierre Lescure et Thierry Frémaux, respectivement président et délégué général du Festival de Cannes, ont organisé, ce jeudi 3 juin à l’UGC Normandie à Paris, la traditionnelle conférence de presse pour dévoiler le programme de la 74ème édition du Festival, prévue du 6 au 17 juillet 2021. Habituellement, le festival se tient au mois de mai de chaque année. Il a été décalé en raison de la pandémie de Covid 19, l’édition 2020 n’a pas pu se tenir.
62 % de la sélection dominée par le cinéma européen et nord américain
Le cinéma européen et nord-américain reste dominant dans la sélection officielle du festival. Sur les 24 longs métrages en course pour la Palme d’Or, 15 sont des films européens et nord-américains, soit 62 % de la sélection. Et, comme pour les éditions du festival de ces dernières années, le cinéma français est privilégié dans la compétition officielle. Sept longs métrages sont retenus, soit 29 % de la sélection.
« C’est une sélection très internationale », a soutenu Thierry Frémaux, en dépit de son constat.
L’Afrique n’est présente qu’avec deux longs métrages, “Casablanca beats” du marocain Nabil Ayouch (Maroc) et Lingui” du tchadien Mahamat-Saleh Haroun.
Saleh Haroun est un habitué du festival de Cannes où il a obtenu le prix du jury en 2010 pour son film « Un homme qui crie ». En 2011, il était membre du jury du festival sous le présidence de Robert de Niro. Et, il est revenu deux ans plus tard pour son film « Grigris », sélectionné en compétition officielle. Nabil Ayouch connait bien Cannes, lui aussi. En 2012, son long métrage « Les cheveaux de Dieu », qui traitait de la question de l’extrémisme religieux dans un bidonville de Casablanca, était retenu dans la section « Un certain regard ». Et, « Much loved », un long métrage ayant pour thématique la prostitution à Marakech, était retenu dans « La quinzaine des réalisateurs » en 2015.
On prend les mêmes et on recommence
Le retour des mêmes réalisateurs en compétition officielle ou dans les autres catégorie est une caractéristique du Festival de Cannes.
L’équipe de Thierry Frémaux donne l’impression de faire sa sélection dans un cercle restreint de cinéastes et de scénaristes. On prend les mêmes et on recommence en somme !
Cette année, par exemple, en plus du tchadien Mahamat-Saleh Haroun et de Nabil Ayouch, l’iranien Asghar Farhadi est de nouveau sélectionné pour la compétition officielle avec son long métrage « Un héros ». Révélé par le Festival de Berlin, en 2009, avec « À propos d’Elly », Asghar Farhadi est souvent présent à Cannes, comme en 2013 pour son long métrage « Le passé », tourné en France, et, en 2016, pour « Le client ».
Paul Verhoeven et Wes Anderson des « habitués » de Cannes
Dans la liste des « habitués », il y a également le néérlandais Paul Verhoeven, 83 ans, présent cette année avec « Benedetta », tourné en français et racontant l’histoire d’une catholique italienne lesbienne.
En 1992, Paul Verhoeven participait à Cannes avec son long métrage à scandale « Basic instinct ». Il y revenait en 2016 en compétition officielle avec « Elle », film tourné en français aussi. L’américain Wes Anderson, qui vit à Paris, avait fait l’ouverture du festival de Cannes en 2012 avec la comédie « Moonrise Kingdom »(avec Bruce Willis). Il revient cette année avec “The French Dispatch”, tourné à Angoulême en France. Dans la distribution de ce film décalé figure l’actrice franco-algérienne Lyna Khoudri.
François Ozon et Jacques Audiard de retour aussi
L’australien Justin Kurzel revient, lui aussi, à Cannes avec « Nitram », en compétition officielle. Le film du genre thriller s’inspire de la fussillade de Port-Arthur en Tasmanie (Austraie) en 1996 (35 personnes tuées). En 2015, Justin Kurzel était aussi à Cannes en sélection officielle avec « Macbeth », et en 2011, dans la catégorie « La semaine de la critique » avec « Les crimes de Snowtown ».
Côté français, la plupart des cinéastes sont également de retour à Cannes comme François Ozon, déjà selectionné à plusieurs reprises depuis 2003 avec des longs métrages tels que « Le temps qui reste », « Jeune et jolie » et « Été 85 ».
En juillet prochain, il sera en course avec « Tout s’est bien passé ». Jacques Audiard connaît bien La Croisette également. Il y est sélectionné dans plusieurs catégories depuis 1994. En 2009, il a décroché le grand prix du jury pour « Un prophète » (avec Tahar Rahim). Et, en 2015, il a obtenu la Palme d’or pour « Dheepan ». Le jury du festival de Cannes sera présidé par l’Américain Spike Lee. Il a été désigné pour diriger le jury en 2020. Spike Lee avait reçu le grand prix du jury à Cannes en 2018 pour « BlacKkKlansman ».
Le cinéma sud américain presque invisible
Le cinéma sud américain, pourtant novateur et dynamique ces dernières années, est invisible dans la sélection officielle du festival de Cannes. Il n’est représenté que par un seul film dans la section « Un certain regard », « Noche de fuego » (nuit de feu) de la mexicaine Tatiana Huezo. Dans la même section, deux longs métrages représentent l’Asie « Rehana Maryam Noor » d’Abdullah Mohammad Sâad (Bangladesh) et Gaey Wa’r de Na Jiazuo (Chine).
Le reste de la sélection de cette section, la deuxième en importance après la compétition officielle, est dominée par le cinéma européen et nord américain. La moitié des longs métrages retenus en hors compétition sont français à l’image de « Aline » de Valérie Lemercier.
LIRE AUSSI: Cinéma: Des professionnels expriment leur inquiétude après la fermeture du FDATIC
Compétition officielle du Festival de Cannes 2021 :
“Haut et fort” – Nabil Ayouch (Maroc)
“Un héros” – Asghar Farhadi (Iran)
“Lingui” – Mahamat-Saleh Haroun (Tchad)
“La fièvre de Petrov” – Kirill Serebrennikov (Russie)
“France” – Bruno Dumont (France)
“Nitram” – Justin Kurzel (Australie)
“Memoria” – Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande)
“Les Olympiades” – Jacques Audiard (France)
“Tout s’est bien passé” – François Ozon (France)
“Tre piani” – Nanni Moretti (Italie)
“Les intranquilles” – Joachim Lafosse
“La fracture” – Catherine Corsini (France)
“Compartment NO.6” – Juho Kuosmanen (Finlande)
“Julie en douze chapitres” – Joachim Trier (Norvège)
« Bergman island” – Mia Hansen-Love (France)
“L’histoire de ma femme” – Ildikó Enyedi (Hongrie)
“Flag Day” – Sean Penn (Etats Unis)
“Le genou d’Ahed” – Nadav Lapid (Israël)
“Drive my car” – Ryusuke Hamaguchi (Japon)
“Benedetta” – Paul Verhoeven (Pays Bas)
“Titane” – Julia Ducournau (France)
“The French Dispatch” – Wes Anderson (Etats Unis)
“Red Rocket” – Sean Baker (Etat Unis)
[…] Spike Lee, mardi 6 juillet, lors de la traditionnelle conférence de presse du jury du festival de Cannes, quelques heures avant l’ouverture officielle de la grande manifestation […]