Festival européen de musique d’Alger : L’Armée mexicaine se rappelle « l’âge d’or » de Rachid Taha

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Festival européen de musique d'Alger : L'Armée mexicaine se rappelle "l'âge d'or" de Rachid Taha
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Le légendaire rocker Rachid Taha était présent, par son héritage musical, samedi 29 juin au soir, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi à Alger (TNA) où se déroule, jusqu’au 3 juillet 2024, le 24e Festival européen de musique.


L’Armée mexicaine, le célèbre groupe du chanteur franco-algérien Rachid Taha, a animé la troisième soirée du festival. Mené par Hakim Hamadouche, compagnon du créateur du groupe « Carte de séjour », au début des années 1980, l’Armée mexicaine a déployé toutes ses armes sur la scène du TNA : de la dissuasion massive avec les mélodies, les rythmes et la poésie lyrique puisés dans le riche et vaste patrimoine algérien.


En l’absence de Sofiane Saïdi, retenu en raison d’une urgence familiale, le groupe, composé d’Idris Badarou  à la basse, de Yan Péchin à la guitare, de Franck Mantegari à la batterie,  de Nawel Ben Kraiem et Julien Jacob au chant, a repris avec beaucoup d’amour et d’émotion le répertoire flamboyant de Rachid Taha.


Il a ainsi interprété l’indémodable « Ya rayah » (chanté à l’origine par Dahmane El Harrachi), le saharien « Bent sahra » (une chanson en style bedoui de Khelifi Ahmed), le mélancolique « Yames »,  les endiablés « Rock El Casbah » et « Garab garab », ainsi que l’engagé « Voilà voilà ». Muni de son mandoluth, Hakim Hamadouche, en solo, a interprété le morceau hawzi « Hab nassim », avec une voix nostalgique. 


De l’énergie positive « à tous les étages »

« Quand on joue en Algérie, c’est toujours avec une grande émotion. J’ai toujours le trac quand je monte sur scène dans mon pays. Par le passé, je jouais le châabi dans les fêtes de mariage en Algérie. Il est merveilleux de revenir et de jouer dans de grandes salles et de montrer tout le travail de Rachid Taha. Il faut continuer à le faire pour faire connaître cet artiste aux artistes algériens et toute la force qu’il véhiculait dans ses chants. J’ai passé 28 ans avec Rachid Taha. Il était comme mon frère, un membre de la famille », a confié Hakim Hamadouche, après le concert.

Rachid Taha avait, selon lui, de l’énergie positive à tous les étages.  « Rachid Taha était un artiste libre », a-t-il dit. Hakim Hamadouche a estimé que les chansons de Rachid Taha, comme celles produites avec le groupe Carte de Séjour puis en solo, sont toujours d’actualité, avec la montée de l’extrême-droite raciste en France et la chasse aux migrants.
« Nous sommes bien dedans. Cela va être tout le temps cela mais il ne faut jamais baisser les bras. Et comme, on dit chez nous, « Ali ymout wakef » ! Le danger est quand vous ne faites rien. Il ne faut pas avoir la faiblesse de ne pas lutter. Il faut voter, être actif, ne pas avoir peur d’eux », a plaidé l’artiste.


« La force de la mélodie est de traverser les générations »

Nawel Ben Kraiem, chanteuse d’origine tunisienne, a été captivée par « la grande énergie » du public algérien. « Chanter avec l’Armée mexicaine, des musiciens doués qui se connaissent depuis longtemps, est un vrai cadeau dans le parcours d’artiste. C’est une bonne expérience. On croise nos mondes. Moi-même, dans ce que j’écris, il y a ce croisement entre le patrimoine culturel maghrébin avec l’électro, la funk et le rock. Il y a beaucoup de couleurs musicales. Il y a aussi une colère qui est transformée en partage et en joie. En tant que tunisienne, j’ai une connaissance du patrimoine algérien qui est très riche. Cela dit, j’ai découvert « Ya rayah » de Dahmane El Harrachi à travers Rachid Taha », a-t-elle confié.


Et d’ajouter  : « je tente de semer mes graines, mes propres mélodies et textes, mais en même temps, je donne un second souffle à des choses qui nous appartiennent tous. La force de la mélodie, comme on l’a constaté ce soir, est de traverser les générations. Si l’écriture est intime, la mélodie appartient à tout le monde. C’est très beau, ça nous regroupe, et dans les périodes où on est un peu divisé, c’est un cadeau ».


En France, la musique maghrébine, contrairement à « l’âge d’or » durant lequel Rachid Taha s’était éclaté, n’est pas en bonne posture. « Aujourd’hui, il y a la remontée du racisme. Tout est lié. La musique est aussi une industrie avec de gros investisseurs qui mobilisent de l’argent lorsque la mise en avant des arabes est intéressante. Pour ma génération, les femmes ont plus de place que par le passé. Les femmes ont la parole. Il faut la prendre. J’essaie de le faire en mieux « , a-t-elle dit.
Avec d’autres chanteuses, Nawel Ben Kraiem prépare un projet artistique pour rendre hommage à Cheikha Remitti.

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