Festival international du Malouf de Constantine : musique savante turque pour la clôture

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Festival international du Malouf de Constantine : musique savante turque pour la clôture
Adlen Fergani, Malek Chelloug et Amine Bounah honorés
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Les jeunes chanteurs du Malouf et l’ensemble turc Hamdi Demircioglu ont animé, samedi 15 juillet, la soirée de clôture du 11ème Festival international du Malouf de Constantine, à la salle Ahmed Bey. Ce festival s’est déroulé du 11 au 15 juillet 2023.


Connu par la célébration de la musique savante turque, Hamdi Demircioglu et son orchestre ont animé la première partie de la soirée. Ils ont interprété des chansons dans le style nahawand. « Des anciennes chansons classiques. Comme je suis enseignant de musique à l’université d’Istanbul, je dois bien connaître les chansons antiques. Je connais les musiques de l’époque Ottomane datant de plus de 600 ans. De nos jours, les gens veulent plutôt écouter des chansons dansantes. J’ai remarqué qu’en Algérie, l’écoute que je trouve est différente de celle existant dans d’autres pays arabes comme l’Egypte. Les Algériens savent bien apprécier la musique », a déclaré en arabe Hamdi Demircioglu, après le concert. Hamdi Demircioglu est natif du sud de la Turquie, pas loin des frontières avec la Syrie.


« Nous n’avons pas eu le temps de jouer du hijaz kurde sur scène compte tenu d’un programme chargé. Le nahawand est joué en sol mineur, n’est pas loin de la musique jouée ici. Les turcs jouent du bachraf au début d’un tour de chant, c’est un prélude instrumental qui existe dans le Malouf algérien », a-t-il noté.


« Nous avons appris dès notre jeune âge qu’il faut respecter ses maîtres »

Petit fils du maître Mohamed Tahar Fergani, Adlen Fergani s’est installé sur scène ensuite pour interpréter avec beaucoup de maîtrise des extraits de la nouba Rasd eddil. « Mon grand-père adorait cette nouba qui, par le passé, était interprétée en fin de cérémonie de mariage lorsque le jour commence à se lever. J’ai grandi au sein d’une famille artistique. J’avais une grande relation avec mon grand-père et avec mon père. Mon père et mon frère Hamza sont toujours à mes côtés. Nous avons appris dès notre jeune âge qu’il faut respecter ses maîtres. Les artistes, les familles et le public de Constantine ont besoin de ce festival pour sauvegarder le patrimoine », a-t-il déclaré.


Il a salué également la reprise du Festival international du Malouf de Constantine après six ans d’arrêt, comme il a plaidé pour que le Malouf soit chanté à l’étranger pour mieux le faire connaître.


Adel Meghouache, qui dit faire partie de la troisième génération de chanteurs du Malouf, a pris ensuite le relais sur scène  pour interpréter une une série de braouel dont « hokmek hokm el bey ». Il a estimé qu’il est du devoir des jeunes de sauvegarder le patrimoine du Malouf.


Introduire le Malouf sur les plateformes numériques

« Ce festival est une occasion de se rassembler chaque année afin de continuer à garder vivant le patrimoine du Malouf. Il y a encore des chioukh, des connaisseurs et des chercheurs qui font un travail pour que le Malouf ne disparaisse pas. Il y a  des textes et des airs qui n’ont pas encore été chantés », a-t-il dit.
Adel Meghouache, qui a appris le Malouf auprès des associations Bestandjia et Fergania,  dit faire des recherches sur des airs rares. « S’il faut faire des projets, il est important penser à introduire le Malouf sur les plateformes numériques. Adlen Fergani et Abbas Righi sont déjà présents sur ces plateformes. C’est important pour le futur », a-t-il dit.
Nazim Lemnouar, qui vit à Alger depuis plus de vingt ans, a été présenté par Ilyas Benbakir, commissaire du festival, comme la surprise de la manifestation musicale. Nazim Lemnouar, qui apprend la san’a d’Alger, s’est initié au Malouf auprès de l’association Maqam dès l’âge de dix ans.  


Depuis, il n’a jamais cessé de jouer du Malouf, éloigné de sa ville natale Constantine. L’apprentissage au sein des associations est important, selon lui, pour la sauvegarde d’un patrimoine musical ancestral. « C’est un passage obligatoire. J’encourage les familles à envoyer leurs enfants aux associations pour assurer la transmission et la sauvegarde du patrimoine culturel du Malouf », a-t-il plaidé. Sur scène, il a interprété des extraits de la nouba zidane.


« Le Malouf fait partie de notre identité culturelle »

Autre star montante du Malouf, Malek Chelloug a, lui, choisi de chanter du zadjal en hommage à son maître Amar Berrachi et des extraits de la nouba Gharnata qui aurait été écrite après la chute de Grenade en 1492 et la fin d’Al Andalus.


Malek Chelloug, qui a commencé au sein de la tariqa aissaouia, a appris l’art du Malouf avec des maîtres tels que Abderrahmane Gueraichi et a fait un passage par les associations Nadjm Cordoba et Al Bestandjia. « En 2007, j’ai rejoint l’orchestre de Constantine dirigé par Samir Boukredera, puis l’orchestre national sous la direction de Rachid Guerbas. Je viens d’enregistrer un coffret constitué de 4 CD, zadjal, mahdjouz, hawzi et nouba, avec le soutien du ministre de la Culture et des Arts. Une manière de contribuer à la protection et la sauvegarde du patrimoine Malouf. Depuis notre jeune âge, nous avons à l’oreille la musique Malouf. Le Malouf fait partie de notre identité culturelle », a-t-il dit.


Malek Chelloug fait des recherches sur le mahdjouz. « J’ai trouvé au moins 132 morceaux. Pour réussir dans ce domaine, il faut avoir l’éducation et l’enseignement nécessaires, adhérer aux associations pour mieux apprendre », a-t-il plaidé.


« Le Malouf est une musique classique médiévale »

Diplômé en Master art et culture de l’université de Constantine, Amine Bounah chante le Malouf avec grande conviction. Il a interprété  des extraits de la nouba Sika et du mahdjouz.


Les jeunes ont, selon lui, la lourde responsabilité d’assurer la relève des maîtres du Malouf et d’œuvrer à la sauvegarde de ce patrimoine. Il a souligné le rôle que peuvent jouer les associations dans l’initiation à la musique et à l’apprentissage des règles de cette musique. « Le Malouf est une musique classique médiévale plus ancienne que la musique baroque européenne du XVII ème siècle. Notre devoir est de sauvegarder ce patrimoine et de lui faire de la promotion partout dans le monde. Je souhaite que la Malouf soit présente dans tous les opéras du monde », a-t-il dit. Il a salué la réouverture récente du conservatoire de musique de Constantine.


Lors de la soirée de clôture, un hommage a été rendu aux maîtres du Malouf Mohamed-Tahar Fergani et  Ahmed Hamma. Un défilé de mode a été présenté de robes et de tenues traditionnelles constantinoises conçue par le styliste et couturier Fouad Azzi.

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