Festival international du Théâtre de Bejaïa : quand “L’ours” de Tchekhov se colore en noir et blanc

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Festival international du Théâtre de Bejaïa : quand "L'ours" de Tchekhov se colore en noir et blanc
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Le théâtre russe garde toute sa vigueur. Lundi 14 octobre, le public du Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaia a beaucoup applaudi la pièce “L’ours” de la troupe du Briantsev Theater of The Young Audience de Saint-Pétersbourg de Russie.
C’est un vaudeville tiré de la célèbre pièce en un seul acte du dramaturge russe Anton Tchekhov, “L’ours”, présentée à la faveur de la 13ème édition du Festival international de théâtre de Béjaïa qui se déroule du 10 au 18 octobre 2024. Mise en scène par Ilya Arkhipov, la pièce reprend les trois personnages : Elena Popova, une propriétaire d’un domaine, Louka, vieux valet d’Elena et Grigori Smirnov, jeune propriétaire terrien.


La scénographie contemporaine représente une maison de campagne, réduite sur scène à un divan gris souris en forme ronde, une statue d’une tête d’un ours blanc, un parterre en forme de tapis, un panneau sur lequel sont projetés des textes en anglais pour appuyer parfois les dialogues. Des dialogues vifs et tranchants surtout entre Popova et Smirnov. Popova peine à sortir du deuil. “Ma vie est finie… Il est dans la tombe ; moi, je me suis enterrée entre quatre murs… Nous sommes morts tous les deux”, dit-elle à Louka qui lui demande de sortir prendre l’air, reprendre sa vie.


Smirnov débarque à la maison réclame le remboursement d’une dette de douze cents roubles laissée par le défunt époux de Popova. La veuve lui demande de revenir plus tard mais Smirnov insiste pour avoir son argent. Le conflit se développe en échange coléreux entre les deux personnages. “Que dois-je faire ? M’envoler en ballon pour éviter mes créanciers ? Ou bien prendre mon élan et me flanquer la tête contre un mur ? Je reste et resterai ici jusqu’à ce qu’elle me paie ! … Comme je suis furieux aujourd’hui ! “, crie Smirnov.


“Assis sur un baril de poudre “

Il est en colère du fait que Popova lui dise qu’elle n’est pas disposée à s’occuper d’affaires d’argent. “Il vaut mieux être assis sur un baril de poudre que de parler à une femme”, lâche-t-il.  


Les tentatives de Louka de calmer Popova et Smirnov ne servent pas à grand-chose, chacun campant sur ses positions. Smirnov  décide de rester : “Je resterai ici jusqu’à ce que tu me donnes mon argent. Si tu es malade une semaine, je resterai une semaine ; si tu es malade un an, je resterai un an. Je recevrai ce qui m’est dû, la petite mère ! Tu ne m’attendriras pas par ton deuil et tes fossettes”. Popova demande à Smirnov de ne pas crier et le traite de grossier.


Le conflit se développe petit à petit en une discussion presque voluptueuse sur la séduction, l’amour, la fidélité et la fortune après une tentative d’un duel en pistolets.
“Tirez ! Vous ne pouvez comprendre quel bonheur j’aurai de mourir sous des yeux aussi beaux, de mourir par le pistolet que tient cette main de velours”, dit Smirnov. Le désir sera-t-il plus fort que la détermination à récupérer la dette ? Le jeune propriétaire terrien est dans un dilemme, Louka ne sait plus sur quel pied danser et Popova croit à la possibilité d’une autre vie. Rien n’est définitif dans la vie et le cœur dépasse parfois l’esprit !


Un jeu dynamique

Entrecoupée de musique et de chant, la pièce, traversée par des moments de grotesque, est légère et respecte l’esprit de la farce voulue par Tchekhov. Les visages des personnages sont couverts de peinture blanche pour intensifier les traits de la caricature. La pièce est rythmée par un jeu dynamique des trois comédiens et une mise en scène réglée comme du papier à musique. Les costumes, adapté au choix du noir et du blanc, pour les souligner les oppositions, ont permis de bien souligner le caractère de chaque personnage.


Le public de Béjaïa a pu suivre la pièce grâce à une traduction écrite simultanée en anglais et en arabe projetée sur un écran. “L’ours” a déjà été présentée en Tunisie et en Serbie ( au festival Theater Kustendorf  organisé par le réalisateur Emir Kusturica). Elle sera bientôt en tournée en Russie, au Festival Cœur Musical du Théâtre, qui se tiendra simultanément dans les villes de Samara et de Togliatti.


La troupe russe s’est dite émerveillée par la beauté naturelle de Béjaïa. Elle a partagé sur le site du Briantsev Theater of The Young Audience des photos de Yemma Gouraya, des plages et des montagnes de Béjaïa.


“On dit que Béjaïa est la plus belle ville d’Algérie. Ville portuaire du nord du pays, elle est aussi appelée le paradis sur terre. Avant la représentation de notre pièce « L’Ours », nous parcourons ces lieux magnifiques et nous nous inspirons des paysages. Nous souhaitons partager avec vous nos impressions et cette beauté vraiment surnaturelle. On pourrait écrire beaucoup de mots beaux et enthousiastes, mais ces photographies en diront plus”, est-il écrit sur le site. La culture est aussi la porte la plus proche du tourisme. Pour certains, c’est une évidence. 

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