Le FLN, Front de Libération Nationale, tient une place privilégiée dans la conscience des Algériens. La Constitution de décembre de 2020 lui reconnait en tant que FLN « historique » un rôle de mobilisation et d’unification du peuple algérien. Elle lui reconnait également la conduite partagée avec l’ALN, de « la guerre populaire » pour l’indépendance.
Le FLN, c’est également le parti unique qui règne sans partage de 1963 à 1989. Il reste le parti dominant avec l’avènement du multipartisme de façade que l’on croyait voir disparaitre avec la chute de Abdelaziz Bouteflika. Mais voilà, les législatives du 12 juin 2021 le portent à l’APN avec 105 députés. Cette députation dans une élection à l’abstention massive l’installe de nouveau comme premier parti politique du pays. C’est un véritable pied de nez fait à l’opinion qui le vouait à un séjour éternel au musée.
Le FLN AU MUSÉE
Le FLN au musée est une revendication assez partagée dans l’opinion nationale, nationaliste comprise. La Direction de l’ONM qui rassemble les anciens combattants de la guerre de libération la soutient. Le défunt Président Boudiaf, un des fondateurs du FLN historique, recommandait une telle destination. Le postulat à la base d’une telle revendication se résume ainsi : le FLN historique est la propriété du peuple algérien.
Le parti du FLN s’est accaparé de ce sigle et bénéficie ainsi de son symbole et de son prestige pour exercer une hégémonie politique usurpée. Il jouit donc d’un avantage concurrentiel qui frise le monopole. Ce raisonnement rejoint celui des autorités quand elles ont interdit l’usage des sigles de partis antérieurs au FLN comme celui du PPA (Parti du Peuple Algérien auquel a succédé le MTLD dont l’aile radicale fondera le FLN).
Une telle approche partage l’idée que l’Indépendance résulte d’un dépassement des anciens clivages politiques. Elle conjure une sorte de traumatisme de la division qui expliquerait une stérilité du mouvement national d’avant le 1er novembre 1954. Même si les partisans de la relégation du FLN au musée n’adhèrent pas forcément à une telle appréciation du mouvement national, ils croient cependant en un pouvoir mystificateur du sigle FLN.
L’implantation du FLN dans les zones rurales semblent les conforter dans cette croyance. Aussi, ils continuent mordicus à revendiquer « la remise du prestigieux sigle au musée » pour le préserver de « l’exploitation politique ». C’est le sens que lui donne une déclaration récente du SG de l’ONM.
LA RÉALITÉ DU FLN
Il s’agit bien sûr d’examiner le FLN de la période du multipartisme. Le FLN du parti unique exerçait une domination complète et monopoliste sur la vie politique. Il disposait des moyens logistiques et financiers de l’État.
La législation lui assurait une totale hégémonie sur l’Administration et les organisations professionnelles et catégorielles. Au besoin, les services de sécurité le suppléaient et le protégeaient de toute concurrence des partis d’opposition contraints à la clandestinité. C’est donc du FLN du multipartisme qu’il s’agit. Un FLN qui affiche une domination que l’opposition attribue au mythe du FLN historique encore persistant.
Les avantages logistiques, financiers et administratifs qui ne sont pas étrangers à la position dominante qu’il continue d’occuper dans la vie politique nationale sont relégués au second plan. Même l’avènement du FIS et le coup de tonnerre des législatives de 1991 ne semblent pas avoir ébranlé les tenants de la mise au placard du FLN. Autant le dire crument. Il s’agit bien d’une mise au placard. Les Algériens visitent trop peu les musées.
Pourtant, la mise en minorité du FLN par le FIS lors des législatives de 1991 et des municipales qui les précèdent devrait inciter à la réflexion, à la critique de la revendication. Malgré la supériorité logistique incontestable du FLN, malgré le soutien de l’État et de sa Présidence, malgré le prestige de la guerre de libération sensé coller au FLN, le mouvement islamiste a pu lui ravir la première place et se poser comme sérieux candidat à la gouvernance du pays.
Ce constat relativise les arguments des tenants de la mise au placard du FLN. Certes le mouvement islamiste a mobilisé des moyens logistiques considérables. Il s’est appuyé sur ses assises dans les municipalités acquises depuis peu. Mais incontestablement, c’est le facteur humain qui a été déterminant. Le mouvement islamiste s’est montré conquérant. Il a supplanté le nationalisme incarné par le FLN. Il a mis en lumière la faible implantation des forces se réclamant de la démocratie.
Et c’est dans cette direction qu’il faut chercher les raisons de la persistance de la présence importante du FLN dans la vie politique. Car malgré son succès relatif aux législatives de juin 2021, le FLN poursuit sa décroissance. L’érosion de son électorat se mesure aux voix obtenues lors de ces législatives. La cause parait avec évidence. Le puissant mouvement de la société civile qui a pris la forme du Hirak a ébranlé ses assises. Ce mouvement de manifestations pacifiques jamais égalé désigne le terrain solide sur lequel les forces acquises aux libertés et à la démocratie peuvent contester toute hégémonie politique parasitaire. C’est le terrain de l’opinion.
LE FLN, PROPRIÉTE DU PEUPLE ?
Il est légitime de revendiquer la fin des privilèges longtemps accordés au FLN. Il est légitime de faire récupérer par l’État les moyens logistiques exorbitants accumulés par ce parti sur le dos des contribuables. Il est donc légitime de ramener le FLN à la même case départ pour que la vie politique soit dynamisée par la rivalité et la coopération entre des partis égaux en droits. Dans le même temps, il est conforme au droit de reconnaitre aux militants et adhérents du FLN, à leur base électorale les mêmes libertés.
Les dernières législatives l’ont montré, il existe bel et bien une base électorale du FLN. Certes en diminution. Mais une réalité. Le FLN est un parti qui dispose de membres fondateurs et de statuts. Il est une personne morale et dispose d’une capacité juridique. Vouloir contester cette réalité, c’est aller contre le droit. En fait, la revendication de la mise au musée du FLN repose sur une fiction.
Le FLN serait la propriété du peuple algérien. Ce serait une propriété collective. Rien n’est plus faux. Le FLN a toujours obéi à une direction politique ou militaire. Il n’a jamais connu de vie démocratique. En aucun cas, le peuple algérien n’a exercé de droit de propriété. Bien au contraire, l’idéologie nationaliste a longtemps enseigné l’appartenance du peuple algérien au FLN. Intégré dans l’État qui nait en 1962, le FLN devient un moyen de cet État, un levier politique pour assurer la subordination de la société à l’État autoritaire.
Par sa relative victoire électorale aux législatives récentes, il va faire prévaloir sa place dans une majorité présidentielle. À tous les sceptiques, il faut faire retentir et lire l’hymne national et leur surligner le passage suivant : « Front de libération nous t’avons juré fidélité ». Heureusement que notre immense et regretté Moufdi Zakaria avait ajouté à la suite : « Car nous avons décidé que l’Algérie vivra ». L’Algérie vit et vivra, il appartient aux Algériennes et aux Algériens à faire prévaloir leurs droits à l’infidélité.
En effet , mille interrogations se posent sur ce FLN .
La première , pourquoi en 1963, les responsables de l’époque avait enterré l’ALN pour la remplacer par l’ANP, mais le FLN fut gardé en tant que tel sans modification , juste une structuration à travers toute l’Algérie lui donnant tous les privilèges.
En 1989, l’occasion était là pour , enfin , rendre ce FLN au musée de la révolution , hélas les responsables de l époque avait besoin de ce parti pour partir très loin.
A la venue de Boudin -Allah irrahmou- il était question de remodeler ce FLN , mais le temps ne lui a pas donné l’occasion.
L’arrivée de Bouteflika et sa vision fut des plus paradoxale , par rapport à ce parti. Ils savaient , lui et ses conseilles, que ce parti reste une ficelle importante à tirer afin de maîtriser la population .Mehri Allah irrahmou , fut le premier à vouloir s’en dessaisir et le remettre au musée , puis surviennent des tentatives de déstabilisation avec les différents secrétaires qui n’arrivaient pas à maîtriser la situation .
Au final un remodelage du paysage politique doit être engagé y compris avec tous ces partis politiques de toute obédience, pour créer un pouvoir et un contre pouvoir bénéfique à l’Algérie.
Le PAD doit être , non pas un regroupement de partis mais un parti tout court du camp des démocrates, les partis islamistes n’ont pas droit de citer puisque la loi est très claire, quant aux FLN , le RND et le TAJ et les autres seront dans un parti dit des conservateurs,
[…] FLN est le principal perdant, après l’annonce du Conseil constitutionnel dont les décisions ne […]