Quoique titrés « fragments », ces instantanés de vie que nous livre Myriam Kendsi, obéissent à une commune thématique : « chercher un lieu pour renaître » avec comme bagages les débris de vie laissés par la guerre, la migration, le deuil, les amitiés (in)complètes… mais aussi la beauté des personnes et des choses, et, comme toujours chez cette auteure, la compagnie des Grands Maîtres de la Peinture conjuguée à l’art culinaire qui n’est pas en reste.
Ce sont aussi des bouts d’autobiographie qui disent des manques et des souhaits, un hymne à sa mère-Courage, des notes versifiées de spleen à « tremper la lune dans la Méditerranée », des souhaits « artistiques » comme le dur désir de « prendre le café avec Matisse » ou « peindre la voix d’Oum Kalsoum ».
Un texte floral, s’il en est, qui chante l’arôme de l’oranger et de la myrrhe, qui fait fleurir le balcon « d’ipomées en mauve et de « pourpiers en fuchsia ».
C’est le vert et le noir. On y trouve aussi bien le « vert des champs de thé» fondu dans les « pupilles émerveillées » d’une jeune femme, que l’Algérie collée à nos baskets nostalgiques non sans ses gabegies, qui alterne entre l’espoir et le désespoir (à noter la nouvelle bien ciselée « les champs d’orangers » au temps des colonies).
Ébriété culinaire et artistique, contrariétés destinales, espérances mesurées, tel est l’underground de ces fragments à lire en fumant un sebsi.
Achour Wamara