La Sonatrach envisage d’explorer de nouveaux marchés émergents où « la demande de gaz naturel est en croissance », a déclaré Rachid Hachichi, PDG du groupe énergétique algérien, à l’agence APS.
Il s’agit, selon lui, de compenser d’éventuelles pertes sur les marchés traditionnels et de réagir aux contraintes de financements des projets d’investissements gaziers « imposées par des pays industrialisés qui veulent favoriser le passage vers les énergies renouvelables ».
Il a estimé que le gaz naturel pourrait jouer un « rôle clé » dans la transition vers d’autres énergies d’ici 2050. « Toutes les prévisions des institutions et bureaux d’études internationaux convergent sur une augmentation de la consommation mondiale en gaz de 1 à 2% par an, ramenant la consommation mondiale de gaz à 5000 milliards de m3 à l’horizon 2050 », a-t-il dit.
Actuellement, selon le PDG de Sonatrach, les énergies renouvelables couvrent près de 7% de la consommation mondiale d’énergie primaire. « Ces énergies, sous leurs différentes formes, sont les alliés incontournables du gaz naturel dans le mix énergétique (…) L’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique en Algérie représente un réel levier d’action sur le plan environnemental » », a-t-il dit.
Une production de 56 millions de mètres cubes de GNL
Rachid Hachichi a, dans une autre interview accordée à l’agence qatarie de presse (QNA), déclaré que l’Algérie possède d’importantes capacités de production de gaz naturel liquéfié (GNL), s’élevant à 56 millions de mètres cubes, « ce qui lui permet d’approvisionner ses clients dans le bassin méditerranéen, en Europe de l’Ouest et du Nord et en Asie, dans la mesure où conditions commerciales et opérationnelles sont remplies.
Il a rappelé que Sonatrach exploite une flotte de 7 méthaniers. « Le groupe dispose d’une importante capacité de production estimée à environ 136 milliards de mètres cubes par an de gaz naturel, en plus des 29 millions de mètres cubes par an GNL et de 9,4 millions de tonnes par an de gaz de pétrole liquéfié (GPL). La capacité de production de condensat est de 8,3 millions de tonnes par an », a détaillé le PDG de Sonatrach.
Un marché « mondialisé »
Concernant la concurrence sur le marché européen où les inquiétudes sont exprimées depuis le début de la guerre en Ukraine, Rachid Hachichi a estimé que le marché du gaz naturel est de plus en plus mondialisé. « Cette tendance est principalement due au domaine du commerce du GNL.
Il est naturel que ce changement structurel conduise à une rude concurrence sur le marché du gaz entre les pays producteurs, notamment à l’égard du marché européen, qui joue un rôle central car il permet un équilibre entre le marché américain et le marché asiatique », a-t-il analysé.
A l’APS, Rachid Hachichi a parlé des progrès réalisés par Sonatrach dans le domaine de la pétrochimie en évoquant des projets en cours comme la construction du MTBE (Méthyl Tert-Butyl Ether) à Arzew, pour la valorisation des matières premières méthanol et butane.
Le deuxième projet est celui de STEP (Production de polymères PDH-PP) d’Arzew visant la valorisation de la matière première propane en vue de produire le polypropylène, « actuellement importé, avec une capacité de production de 500 KTA et qui entrera en exploitation courant de 1er semestre 2027 ».
Valorisation « des matières premières kérosène et benzène »
Linéaire alkyl benzène (LAB) est le troisième projet prévu à Skikda. Un projet en phase de signature de contrat et vise « la valorisation des matières premières kérosène et benzène issus de la raffinerie de Skikda RA1K, pour une production de 100 KTA de LAB, utilisé comme matière première pour la fabrication des détergents ».
Selon le PDG de Sonatrach, ce complexe sera en exploitation courant du 2ème semestre 2027 et permettra de satisfaire la consommation nationale et « dégager aussi de l’excédent à l’exportation ».
Il a évoqué aussi du projet de réalisation d’un complexe de vapocraquage du naphta à la zone industrielle de Skikda, « dans le cadre d’un éventuel partenariat ». Ce projet vise, d’après lui, à la valorisation des matières premières Naphta et Ethane avec une production devant répondre aux besoins du complexe pétrochimique CP2K en éthylène et dérivés, actuellement importés. Rachid Hachichi a rappelé que Sonatrach n’importait plus de carburants depuis 2020 et qu’elle ambitionnait à exporter à moyen terme.