La France a posé une nouvelle condition à sa libération. Georges Ibrahim Abdallah ne veut rien céder. Rien lâcher. Sa position n’est pas négociable et il ne fera pas « acte de contrition » rapporte le site Madaniya.
La parution de cette information dans le journal Al Akhbar est intervenue à la veille du 70e anniversaire de Georges Ibrahim Abdallah, le 2 avril, un homme qui aura passé plus de la moitié de sa vie en prison par fidélité à ses idées.
Au delà du déni de droit constitué par l’incarcération prolongée de Georges Ibrahim Abdallah, la France a posé une nouvelle condition à sa libération. Qu’il fasse acte de contrition…Une repentance en somme, elle qui traîne tant à se repentir de ses crimes coloniaux; Une condition supplémentaire qui s’ajoute à celle, saugrenue, que son retour au Liban ne donne pas lieu à un accueil populaire, qu’il retourne dans son pays, honteux, et qu’il ne soit pas accueilli en héros.
En 37 ans de captivité, les Français- tous gouvernement confondus- n’ont toujours pas pris l’exacte mesure du personnage: Fier comme un chêne, dur comme un roc, limpide d’une clarté cristalline, incorruptible.
Georges Ibrahim Abdallah: «Je ne négocierai pas mon innocence. Je ne renoncerai pas à ma position»
Cette réponse est à la hauteur de l’homme qu’il est. Une déclaration faite par Georges Ibrahim Abdallah au terme de son entretien avec la ministre libanaise de la justice, Marie Claude Najm, à sa prison de Lannemezan, département des Hautes Pyrénées dans la région Occitanie, dans le sud ouest de la France.
Premier membre du gouvernement libanais à rencontrer le prisonnier libanais, Mme Najm a eu deux entretiens avec son compatriote captif d’une durée totale de trois heures. Elle était accompagnée du Directeur général de la sûreté libanais, le général Abbas Ibrahim, précise Al Akhbar.
Lors de ses deux visites au Liban, en 2020, à la suite de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, M. Macron, rappelle Al Akhbar, a multiplié les conseils et admonestations à l’égard de la classe politique libanaise, donnant des leçons sur le processus de construction de l’état, mais, souligne le quotidien, le président français a complètement passé sous silence «les violations flagrantes commises par la France en matière des Droits de l’Homme en ce qui concerne Georges Ibrahim Abdallah».
«La France exécute les ordres des États Unis et d’Israël, alors que Georges Ibrahim Abdallah a accompli sa peine», poursuit le quotidien.
En 2018, l’État libanais s’est enfin décidé de prendre en charge le cas de Georges Ibrahim Abdallah, devenu depuis lors le doyen des prisonniers politiques en Europe.
Le président Michel Aoun avait soulevé le cas de Georges Ibrahim Abdallah auprès d’Emmanuel Macron, lors de la visite du président français à Beyrouth.
La France avait donné son accord à la visite de la ministre libanais de la justice à Lannemezan sous réserve qu’elle se fasse dans la discrétion «sans publicité», comme si le gouvernement français était gêné aux entournures, honteux e sa forfaiture.
De surcroît, la France a posé à sa condition une repentance, en contrepartie d’une «grâce présidentielle». Une grâce et non une libération sans condition du fait que le pensionnaire de Lannemezan a largement purgé sa peine.
Georges Ibrahim Abdallah a fait savoir qu’il n’était «pas dans ses intentions de négocier sur la base des conditions françaises», se considérant comme un «prisonnier politique» et qu’à ce titre la France doit «assumer ses responsabilités», ajoute Al Akhbar.
Georges Ibrahim Abdallah, fait valoir Al Akhbar, ne s’est jamais attaqué aux intérêts français, menant son combat contre la domination impérialiste et les forces colonialistes pour la défense des peuples».
Al Akhbar rappelle enfin les propos tenus par M. Macron lors de son séjour au Liban à l’occasion de sa campagne présidentielle de 2017 :
«Depuis Beyrouth, M. Macron s’était prononcé contre la reconnaissance par la France d’un État palestinien, sans accord des deux parties» (palestinienne et israélienne) «et contre toute pression sur Israël».
Lors de sa précédente rencontre avec des responsables libanais, en décembre 2018, Georges Ibrahim Abdallah avait administré une leçon de dignité et de courage à ses compatriotes, les exhortant en ces termes: .
«Ne quémandez pas ma liberté. Ne vous placez pas en position de faiblesse. Au Liban existe désormais un leadership combatif (…) La France ne dispose plus d’influence au Moyen orient, sauf en Irak et au Liban».