L’ONU a mis en garde ce 29 octobre contre l’effondrement de « l’ordre public » dans la bande de Ghaza après des pillages de ses centres, alors que l’armée israélienne bombarde sans relâche l’enclave assiégée depuis 2007 et tente de faire des incursions terrestres dans ce territoire palestinien où l’aide humanitaire n’entre qu’au compte-goutte. Le CICR dénonce un « échec (humanitaire) catastrophique ».
L’armée israélienne, qui n’arrive toujours pas à avancer sur le sol depuis vendredi soir avec des soldats et des blindés, a annoncé aujourd’hui augmenter le nombre de ses troupes et l’étendue de ses opérations dans le territoire palestinien. Parallèlement, elle bombarde sans relâche, ce petit territoire peuplé par près de deux millions et demi d’habitants, depuis 48 h.
A Ghaza, on déplore plus de 8000 Palestiniens tués dont près de 4000 enfants.
Depuis le 9 octobre, l’occupant a imposé un « siège total » à Ghaza, interrompant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire où s’entassent 2,4 millions d’habitants était déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007. Seuls 84 camions d’aide humanitaire ont pu arriver via l’Egypte depuis le 21 octobre.
Dans ce contexte, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a dit craindre un écroulement de « l’ordre public » à Ghaza, après des pillages de ses centres.
« Des milliers de personnes ont pénétré (samedi) dans plusieurs entrepôts et centres de distribution de l’UNRWA dans le centre et le sud » du territoire, a affirmé l’agence onusienne dans un communiqué publié dimanche. « C’est un signe inquiétant que l’ordre civil commence à s’écrouler ».
Un « grand nombre » de Palestiniens sont morts dans la nuit de samedi à dimanche lors des bombardements aériens sur deux camps de réfugiés du nord de Ghaza.
« Echec catastrophique »
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré samedi l' »escalade sans précédent des bombardements » qui « compromettent les objectifs humanitaires », appelant une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat.
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric s’est dite « choquée par le niveau intolérable de souffrance humaine », dénonçant « un échec catastrophique que le monde ne doit pas tolérer ».
Parlant de guerre « longue et difficile », le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a assuré samedi que son armée -« détruira l’ennemi sur terre et sous terre » en allusion aux tunnels souterrains d’où les résistants palestiniens dirigent leurs opérations.
Craintes d’embrasement régional
L’intensification des bombardements sur Ghaza s’est accompagné d’une coupure des communications et d’internet, compliquant encore la tâche des humanitaires.
Les médicaments manquent aussi et certaines opérations chirurgicales sont réalisées sans endormir les patients, en raison de la pénurie de produits anesthésiques, a alerté samedi MSF.
La Turquie a fustigé des « massacres » à Ghaza, entraînant le rappel par Israël de ses diplomates dans ce pays. L’Arabie saoudite a dénoncé une violation « injustifiée » du droit international.
La « communauté internationale », qui soutient effrontément l’état hébreu, affirme redouter un embrasement régional, alors que l’Iran, soutien du Hamas et du Hezbollah libanais, a lancé des avertissements aux Etats-Unis, proche allié d’Israël.
La tension est aussi très vive en Cisjordanie occupée depuis 1967, où trois Palestiniens ont été tués ce dimanche matin par l’armée israélienne. Depuis le 7 octobre, plus de 110 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens.