L’adieu à Gilberte Chemouili Sportisse, figure militante communiste et anticolonialiste algérienne

0
L'adieu à Gilberte Chemouili Sportisse, figure militante communiste et anticolonialiste algérienne
Google Actualites 24H Algerie

La militante algérienne Gilberte Chemouili Sportisse s’est éteinte, le 31 août à Paris en France à quelques jours de son 104 anniversaire. Gilberte Chemouili Sportisse est une figure de la gauche communiste algérienne anti-coloniale qui a subi l’emprisonnement aussi bien sous le régime de Vichy que par la police coloniale.

Elle avait adhéré au Parti communiste Algérien (PCA) en 1938 et sera arrêtée, torturée et emprisonnée par la police de Vichy. Ce combat pour la liberté durant la seconde guerre mondiale contre le nazisme et le fascisme, Gilberte le poursuivra par la suite contre l’ordre colonial. Elle reprend à sa libération ses activités au sein de son parti où elle fait la connaissance de Taleb Bouali, membre du comité central du PCA.

La vie avec Taleb Bouali sera courte. Suite aux directives du parti, Taleb Bouali gagne le maquis dans la Wilaya, il tombe au combat les armes à la main contre la soldatesque coloniale. Gilberte est arrêtée et torturée par la police avant d’être expulsée d’Algérie vers la France. Elle est affectée par son parti l’affecte à Prague pour assister la délégation extérieure du PCA dans son travail international de soutien à la guerre de libération.

Henri Alleg, militant communistre et auteur de “La question” la décrivait comme un modèle de bravoure. « Gilberte Taleb, si frêle, si claire, si simple dans sa bonté et son dévouement absolus qu’elle trouvait « normal » que sa vie, comme celle de son mari Bouali Taleb, tué au maquis durant la guerre de libération nationale, ait été, tout entière, faite de peines et de sacrifices. Si modeste, qu’elle n’a même pas conscience de son héroïsme lorsqu’elle explique à son défenseur pourquoi elle avait tenté de fuir au moment de son arrestation : « J’avais peur de ne pas tenir le coup sous les tortures. J’espérais qu’ils me tireraient dessus quand j’essaierais de fuir. »  

Gilberte Chemouili Sportisse avec son compagnon William Sporstisse

Gilberte Chemouili Sportisse, une lutte jusqu’au bout

Gilberte regagne l’Algérie à l’indépendance et obtient la nationalité algérienne en 1964 après être passée par l’obligation de la demander par écrit qui était faite aux Algériens d’origine européennes. 

Gilberte Chemouili Sportisse fait partie des rares militants communistes algériens d’origine européenne  qui obtiennent dès 1964 la nationalité algérienne. Son futur compagnon, William Sportisse n’obtiendra le document attestant de sa nationalité algérienne que 12 ans après l’indépendance.  Elle fait partie des militants communiste torturés suite au coup d’Etat du 19 juin 1965.

A sa libération, elle travaille  à la Caisse de Sécurité sociale et milite dans le Parti de l’Avant-Garde socialiste (PAGS) clandestin créé en janvier 1966 en continuité du PCA. Après la dissolution du PAGS en 1993, Gilberte rejoint le  Parti algérien pour la démocratie et le socialisme, parti des communistes d’Algérie (PADS). Sadek Hadjeres, ancien dirigeant du PAGS, lui a rendu un vibrant hommage.

Sadek Hadjeres souligne que les “ sacrifices de plusieurs générations en Algérie et dans plusieurs régions du monde n’ont pas été vains. Les évolutions en profondeur incitent à poursuivre la longue marche libératrice.”

Pour lui, même “si l’environnement planétaire est assombri par de graves  sursauts  bellicistes impérialistes… . Les dernières années de vie de Gilberte, sont éclairées par des évolutions qui contredisent les rodomontades des prophètes néolibéraux”. 

Pour Sadek Hadjeres, « la longue marche se poursuit avec le rejaillissement admirable des expériences et intelligences sociales collectives accumulées durant des décennies. Elles sont relayées par le dynamisme d’une jeunesse impressionnante qui s’instruit et s’imprègne  des leçons de la vie. »  Et de conclure « les luttes de Gilberte et des millions d’autres n’ont pas été vaines. Elles ont irrigué les racines d’un monde meilleur en train de se construire dans les douleurs et les épreuves. »

Article précédent« Janitou » de Amine Hattou en lice au FESPACO
Article suivantCoronavirus: 285 nouveaux malades et 20 décès en Algérie

Laisser un commentaire