Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), est revenu à Tamanrasset sur un mémorandum proposé sur l’enseignement de Tamazight.
Un mémorandum, qui sera bientôt rendu public, et dans lequel le HCA fait l’état des lieux de l’enseignement de tamazight, langue introduite à l’école en 1995, en faisant appel à des experts en pédagogie.
« Dans ce mémorandum, nous tracons les perspectives de l’enseignement de tamazight jusqu’à 2038. Depuis des années, le HCA travaille pour consolider cet enseignement. C’est l’une de ses missions. Nous constatons l’existence de manquements dans le dispositif mis en place par le secteur de l’éducation. Le travail de terrain permet de faire ce constat », a-t-il dit, lors d’un point de presse à l’hôtel Tahat, à Tamanrasset, en marge des festivités de célébration du Yennayer 2972, le nouvel an amazigh.
La loi d’orientation de l’éducation nationale du 23 janvier 2008 est, selon lui, un verrou devant l’évolution de l’enseignement de tamazight à l’école. Il a plaidé pour sa révision pour qu’elle soit adaptée à la nouvelle Constitution.
Il a plaidé pour une formation continue destinée aux 3700 enseignants de tamazight qui travaillent au niveau national actuellement. « Depuis 1996 et jusqu’à aujourd’hui, le HCA a organisé par ses propres moyens 35 rendez-vous de formation pour les enseignants de tamazight. Le moment est venu pour partager les frais avec les autres secteurs », a-t-il proposé.
Désintérêt des parents
Le volume horaire de l’enseignement de tamazight est de trois heures dans les programmes actuels. « C’est une matière factuelle. Elle est enseignée selon la loi portant orientation scolaire. Il y a une forme de désintérêt de la part des parents d’élèves », a souligné le SG du HCA.
Il a indiqué que l’enseignement de tamazight se fait dans des formes correctes à Tizi Ouzou, Béjaïa et Tamanrasset.
« Jusqu’à 2013, tamazight était enseigné dans 13 wilayas. Nous avons fait un travail pour que l’enseignement soit élargi au niveau national. Il s’agit d’augmenter le nombre d’enseignants au niveau primaire comme une première étape. Notre objectif est que l’enseignement de tamazight soit obligatoire. Est-il raisonnable que toutes les matières scolaires soient obligatoires à l’école sauf tamazight? Il faut revoir cette situation. Tamazight doit être considéré comme les autres matières. C’est notre plaidoyer », a déclaré Si El Hachemi Assad.
Selon lui, les élèves, qui s’inscrivent dans les cours de tamazight, doivent continuer le cursus jusqu’au bout. « C’est un premier pas. Il faut réhabiliter tamazight dans le système scolaire », a-t-il dit.
Faire un bilan statistique du nombre réel des inscrits en cours de tamazight
Le HCA propose dans son mémorandum de réunir tous les directeurs de l’éducation au niveau national pour unifier les méthodes d’enseignement de tamazight.
« A Béchar, des élèves ont reçu un enseignement en tamazight au niveau primaire. Le directeur de l’éducation n’a pas fait des prévisions pour ouvrir des postes budgétaires au niveau du cycle moyen. Résultat : l’enseignement a été rompu. C’est du gâchis ! Nous devons évaluer l’enseignement de tamazight au niveau national, faire un bilan statistique du nombre réel des scolarisés depuis le début de cette opération en 1995. Il faut étudier tous les problèmes pédagogiques et bureaucratiques posés pour leur trouver des solutions », a estimé le SG du HCA.
Il est important, d’après lui, d’encourager les parents pour que les élèves s’intéressent davantage à la langue tamazight, « comme un élément d’identité nationale ».
» Il faut aussi revoir le coefficient de la matière qui est de 2. Un coefficient peu incitatif pour les élèves. Il n’y a pas de continuité dans l’enseignement de tamazight », a-t-il noté.
Signature d’une convention avec l’université de Tamanrasset
Mardi 11 janvier, un cours-modèle a été donné au niveau du CEM Tarik Ibn Ziyad de Tamanrasset. « Un cours préparé avec des pédagogues sur la signification historique de Yennayer comme un héritage culturel unificateur partagé par l’ensemble des Algériens », a précisé Si El Hachemi Assad. Le HCA entend, selon lui, élargir le partenariat avec les universités.
« Par le passé, nous avions des relations qu’avec les instituts de langue et de littérature amazighs dans cinq universités. Il s’agit de Tizi Ouzou, Béjaïa, Batna, Bouira et Tamanrasset. Depuis 2020, nous avons établi d’autres conventions avec les universités d’El Oued, d’Annaba et avec le centre universitaire de Tindouf », a-t-il précisé.
Le HCA va, selon lui, accompagner l’université de Tamanrasset dans l’enseignement de tamazight en sollicitant des enseignants pour renforcer l’encadrement pédagogique des étudiants.
« Nous nous sommes engagés avec l’université de Tamanrasset pour coordonner l’organisation des colloques scientifiques. Le colloque sur « l’habitat traditionnel » organisé ici à Tamanrasset est le premier du genre entrant dans ce cadre. Ses actes seront publiés selon la formule de la coédition », a-t-il dit.
Le HCA a fait un don de 631 titres à l’université de Tamanrasset (près de 2000 livres), en collaboration avec les éditeurs publics, ENAG et ANEP, et avec l’AARC (Agence algérienne du rayonnement culturel). « Le HCA achète tout ce qui est édité en tamazight en Algérie », a indiqué Si El Hachemi Assad.
Concernant les langues des ancêtres, ne faites pas comme les français qui ont tué leurs langues régionales, et tout particulièrement le Breton. C’est une grande richesse culturelle que de maintenir ce lien avec nos anciens. C’est aussi la préservation d’une identité culturelle forte et vraie. L’arabe, le français, l’anglais, le russe sont des langues imposées par l’étranger parfois depuis longtemps. Elles ont leur utilité, mais la langue de ses ancêtres, c’est autre chose. Elle enracine