L’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a abordé, dans un entretien accordé au quotidien l’Expression, la question de la récupération de biens algériens en France. Il a fait savoir que 46 propriétés ont été récupérées tandis qu’un dossier sur la situation a été transmis au président Abdelmadjid Tebboune.
« J’ai remis, il y a quelques jours au président de la République un dossier sur la situation de tous les biens immobiliers de l’Algérie en France », a fait savoir l’ambassadeur d’Algérie en France. « L’ambassade a lancé une opération qui a permis de récupérer des châteaux, des bâtisses et autres grands domaines ».
Mohamed-Antar Daoud fait état de 46 propriétés « qui doivent faire l’objet d’une prise en charge efficiente ».
Dans son entretien, il a indiqué que « plusieurs options sont envisagées ». Des biens immobiliers doivent ainsi être vendus. » J’entends par là, ceux non utilisés, non rentables, en état de délabrement très avancé ou menaçant ruine ».
Des propriétés seront concernées par « une réhabilitation, un réaménagement et une rénovation en vue d’un investissement par location, la réaffectation pour utilité ou intérêt national », a-t-il poursuivi. « L’autre possibilité est la mise à disposition de certains biens au profit d’associations activant en direction de notre pays par la communauté nationale établie en France », fait-il encore savoir.
Le montant des biens algériens récupérés non dévoilé
Mohamed-Antar Daoud n’a pas dévoilé dans cette interview le montant total des biens algériens récupérés en Franc. Il a, néanmoins, dévoilé l’estimation de la valeur de la propriété la plus importante. « C’est le plus important. C’est le domaine des Julhans, dans la région des Bouches du Rhône. Actuellement sa valeur oscille entre 8 et 10 millions d’euros. Globalement, ces biens coûtent plusieurs dizaines de millions d’euros », a-t-il dit.
L’ambassadeur explique que « globalement, ces biens coûtent plusieurs dizaines de millions d’euros. Dans le lot, il y a des biens totalement désaffectés, d’autres menacent ruine. Mais, beaucoup conservent une valeur foncière et immobilière incontestable », a-t-il affirmé. Il cite deux appartements « que je viens de récupérer au Boulevard de Strasbourg. Ils appartenaient à l’Amicale des Algériens en Europe. Dans leur état actuel, ils valent chacun entre 1 et 1,7 million d’euros. Il est possible de les vendre, comme ils peuvent être réhabilités pour être loués, jusqu’à 2.000 euros l’appartement », dit-il.
Une autre possibilité de prise en charge de ces propriétés a été évoquée par M. Daoud. « Par ailleurs, dans un souci de rentabilité, j’ai fait la proposition suivante: déménager les représentations d’Air Algérie et de l’Entmv en France des locaux qu’elles louent actuellement, pour les installer ensemble dans les anciens locaux du consulat général d’Algérie, rue d’Argentine, à Paris ».
L’ambassadeur explique sa proposition. « Dans le même bâtiment, j’installerai un bureau consulaire pour le rapatriement des dépouilles mortelles, une représentation d’un assureur public pour l’assurance obsèques. L’objectif de la démarche est de constituer un guichet unique au profit des Algériens établis en France. Et au passage, Air Algérie y gagnera énormément, puisque le siège à l’avenue de l’Opéra lui revient à 25.000 euros par mois de loyer ».
« Quant au siège de l’Entmv qui est la propriété de l’Office national du tourisme, je compte le récupérer pour en faire le siège d’une agence bancaire algérienne en France », a-t-il dit.
Deux bâtisses affectées à la Grande mosquée de Paris
Mohamed-Antar Daoud poursuit que parmi les biens récupérés, deux bâtisses seront affectées à la Grande mosquée de Paris, sur instruction du président Tebboune. « Le premier servira de siège à l’institut El Ghazali pour la formation des imams et le second abritera une association caritative. La gestion de tous ces biens sera confiée à plusieurs agences qui s’en occuperont », rajoute-t-il.
Les instructions du président pour la récupération des biens algériens ne se limitent pas à la France, a rappelé l’ambassadeur. « Les instructions valent pour tous les pays du monde. Au Maroc, en Tunisie, en Syrie, en Egypte ou en Espagne où un opérateur algérien a acquis un hôtel en usant de faux transferts financiers », dit-il, sans citer nommément Ali Haddad, qui avait acquis un hôtel à Barcelone.
« Concernant le Maroc, je peux vous dire qu’un travail a déjà été accompli concernant les biens de l’Etat et ceux de privés algériens nationalisés par le royaume », conclut-il.
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