Industrie: Sid Ahmed Tibaoui plaide pour un nouveau processus de privatisation

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Industrie: Sid Ahmed Tibaoui plaide pour un nouveau processus de privatisation
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Le CEO du World Trade Center Algiers (WTCA) et ex-président d’un holding public, Sid-Ahmed Tibaoui, a fait un plaidoyer pour le partenariat public-privé et pour un nouveau processus de privatisation des entreprises publiques.


Sid-Ahmed Tibaoui a estimé important d’engager une réflexion sur le rôle de l’Etat dans une économie ouverte « dans le cadre de la globalisation ». « L’Etat doit être stratège et investisseur. L’investissement doit se faire dans les infrastructures pour offrir au secteur économique et, notamment à l’industrie,  toutes les conditions de développement. Un Etat facilitateur et régulateur et, exceptionnellement, producteur aussi. A mon avis, l’Etat doit investir dans l’industrie structurante avec des investissements lourds que ne peut supporter le secteur privé », a-t-il plaidé samedi 4 décembre, lors d’une intervention, à la conférence nationale sur la relance industrielle, organisée par le ministère de l’Industrie, au Centre international des conférences (CIC) Abdellatif Rahal, à l’ouest d’Alger.


Il faut, selon lui, penser à la politique des champions industriels. « Il y a beaucoup d’entreprises qui ont réussi dans les secteurs public et privé. Il est important de les aider pour qu’elles aient plus de muscles », a-t-il dit.


« Le gestionnaire public doit fonctionner comme un privé »

Sidi Ahmed Tibaoui, ancien cadre du ministère du Commerce et ancien conseiller à la Présidence de la République, a fait un plaidoyer pour la dépénalisation des actes de gestion (un texte de loi est en préparation actuellement allant dans ce sens) :  « Souvent, les gestionnaires ne veulent pas trop s’engager de peur des répercussions. Il faut libérer le secteur public, qu’on dépénalise les actes de gestion, que les cadres n’aient pas peur de s’engager. Le gestionnaire public doit fonctionner comme un privé. C’est l’actionnariat qui sera différent ».


Il faut, selon lui, se doter d’une loi cadre pour le Partenariat-public-privé (PPP). « Il existe des opportunités extraordinaires dans ce domaine. Les gens ne se connaissent pas, chacun est dans son côté, il faut que les secteurs public et privé travaillent ensemble dans un cadre commercial ordinaire. La stabilité du cadre juridique est également un axe important pour attirer les investisseurs », a-t-il souligné.


« Réduire les impôts des entreprises de production »

Il a estimé nécessaire de lancer un nouveau processus de privatisation des entreprises publiques à travers la bourse d’Alger « pour la dynamiser et pour que l’opération soit transparente ». A ses yeux,  une réforme de la fiscalité est incontournable. « Il est nécessaire de réduire les impôts des entreprises de production ainsi que les charges sociales qui pèsent sur les employeurs. Ces entreprises produisent de la richesse, vont exporter, réduire les importations… », a-t-il argué.


Il a rappelé que le secteur public industriel a connu plusieurs restructurations depuis l’indépendance de l’Algérie sans que des évaluations, des analyses ou des audits ne soient faits. « Le système productif était orienté vers la satisfaction des besoins nationaux sans se soucier de l’exportation », a-t-il dit.


Il a évoqué « l’autonomie des entreprises », la création des « holdings publics, remplacés par les SGP (Sociétés de gestion publiques) », etc.


« Le secteur industriel public a été trituré »

« Le secteur industriel public a été trituré sur le plan organisationnel avec les différentes réformes pendant des années. Les entreprises ont été saucissonnées.  Souvent, c’était le changement pour le changement avec toutes les conséquences de perdition de compétences et de savoir-faire technique et humain. il n’y a pas eu d’accumulation », a-t-il constaté.

Selon lui, l’intérêt pour le secteur industriel privé n’a commencé qu’après « l’ouverture politique » de 1989 avec la Constitution du 23 février (qui a mis fin au régime du parti unique). « Après cette évolution, 30.000 entreprises privées étaient créées chaque année dont 15 % dans le secteur industriel. Malgré cela, il n’y a pas eu de dynamisme. Le privé a souvent été victime de la bureaucratie et du manque de soutien public », a-t-il noté.


Il a rappelé que l’Algérie était dans les années 1970 parmi les plus gros investisseurs industriels au monde. « A cette époque là, le secteur industriel contribuait à 15 % au PIB. La plupart des usines étaient clef en main parce qu’il y avait un manque de cadres. Le problème est qu’après le relais n’a pas été pris. La restructuration des années 1980 a été faite sans évaluation précise », a-t-il insisté.


« Il faut savoir établir des partenariats »

Aujourd’hui, le privé est, d’après lui, majoritaire dans des secteurs tels que la pharmaceutique ou l’agroalimentaire. « Il y a de vrais champions qui arrivent à exporter. Hormis Cevital qui exporte pour 300 millions dollars, toutes les opérations d’exportation hors hydrocarbures sont le fait d’entreprises en partenariat en Algérie. Tosyali (entreprise algéro-turque) va exporter pour presque 700 millions de dollars. Nous sommes presque les premiers exportateurs de rond à béton aux  Etats Unis. Il faut savoir établir des partenariats, savoir les négocier et les protéger », a-t-il noté.


Et d’ajouter :  « En 1994, après le rééchelonnement de la dette, nous sommes entrés par effraction dans l’économie de marché sans nous préparer. Aujourd’hui, nous devons tenir compte de la mondialisation et du partage de la production. Il suffit de prendre les décisions au bon moment ».


La conférence nationale sur la relance industrielle se poursuit, ce dimanche 5 décembre, au CIC, sous forme de quatre ateliers qui doivent plancher sur les thématiques : « soutien des entreprises et promotion de la production nationale et de l’exportation », « amélioration du climat des investissements et de l’offre foncière », « gouvernance des entreprises publiques économiques et le rôle de l’Etat en tant qu’actionnaire » et « l’intégration, la diversification et la compétitivité ».

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1 commentaire

  1. Personnellement, je n’ai jamais été partisan de la privatisation car elle désarme l’état et le prive d’agir pour le développement. Le privé cherche ses intérêts financiers et ne se préoccupe nullement du bien-être de la population.
    C’est dire, pour moi, le socialisme est la meilleure voie pour développer le pays et préserver la dignité des travailleurs, loin de l’exploitation de l’homme qui est le fondement du privé.

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