Jean Luc Mélenchon, président du mouvement La France insoumise, dénonce la haine contre les musulmans et prévient contre « une guerre de religion ».
Jean Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2022, est le seul homme politique français d’opposition à dénoncer publiquement et sévèrement la loi confortant « le respect des principes de la République », dite « loi contre le séparatisme« , proposée par le gouvernement en décembre 2020. La loi vise, selon ses prometteurs, à lutter contre le radicalisme islamiste, le repli communautaire et la remise en cause de la laïcité.
« C’est une loi inutile et dangereuse qui va semer la division (…) Il y a dans ce pays, une haine des musulmans déguisée en laïcité », a déclaré le militant de gauche lors d’une intervention à l’Assemblée nationale, début février 2021, où la loi est encore débattue. Il a prévenu contre « un déferlement » contre les six millions de musulmans vivant en France, encouragé par cette loi, et contre la limitation des libertés.
Jean Luc Mélenchon refuse la guerre des religions
Il a évoqué le rejet par la conférence des évêques de la même loi qualifiée de « loi de police et de répression » et les critiques émises par les représentants de la religion juive. Les bouddhistes et les protestants ont également émis des réserves à propos de la loi. Jean-Luc Melenchon a rappelé que la France a voté seize loi contre le terrorisme en trente ans.
« Je plaide pour l’unité de la France, je ne veux pas de guerre de religion. A force de montrer du doigt toujours les mêmes, on finit par provoquer des réactions de rejet dans la jeunesse, un sentiment de frustration, ce qui est extrêmement dangereux. La laïcité n’est pas une religion, c’est la séparation entre l’Eglise et l’Etat. L’Etat ne se mêle pas de religion », a-t-il rappelé en citant la loi de 1905, lors de l’émisison « Balance ton post ! », diffusée par la chaîne privée C8, jeudi 11 février 2021.
« Dans cette loi, il y a 51 articles et 400 paragraphes. Ils écrivent des tas de choses, mais ils ne parlent que des musulmans, tout le long du débat. Une député LREM (La République en marche, parti du président Emmanuel Macron, ndlr), qui n’est pas de mon camp, a dit qu’ici (l’Assemblée nationale), c’est le procès des musulmans du matin au soir », a regretté Jean Luc Mélenchon.
« Une République une et indivisible »
« Je défends l’idée d’une République une et indivisible. Et dans la bataille que je mène aujourd’hui, je suis contre l’attitude électoraliste qui consiste à penser qu’en montrant du doigt les musulmans, ils vont reprendre les électeurs de l’extrême-droite », a-t-il ajouté.
Il a rappelé que la polygamie, le mariage forcé et les certificats de virginité, cités dans « la loi contre le séparatisme », sont déjà interdits en France par d’autres textes. ll s’est dit hostile d’obliger les associations à faire « un serment » pour défendre la République. « La République est défendue par la loi depuis longtemps », a-t-il noté.
« Le vrai séparatisme est celui des riches qui créent leurs propres quartiers. Il y a des villes où le logement social ne représente que 2 %. Ce qui est contraire à la loi. Cela ne vous dérange pas ! Par contre, vous montrez du doigt ces malheureux musulmans en les soupçonnant de faire dans le mariage forcé, la polygamie et les certificats de virignité », a dénoncé Jean Luc Melenchon en s’adressant, dans la même émission, à une militante du parti Les Républicains (droite).
« Cela ne les dérangeait pas que la grand-mère, bonne catholique, avait un foulard sur la tête ! »
Il a ensuite reproché au directeur de rédaction de l’hebdomadaire Valeurs actuelles (extrême droite) Geoffroy Lejeune de l’avoir accusé d’être « un islamo-collabo » à la Une de la publication. « J’espère que vous vous sentez déshonoré par ce genre de vocabulaire. Politiquement, je suis opposé à l’islamisme politique. Respectez au moins vos adversaires, ne nous inventez pas des pancartes « , a-t-il lancé.
« Cela ne les dérangeait pas que la grand-mère, bonne catholique, avait un foulard sur la tête ! Et personne ne va lui dire qu’il faut le retirer parce que c’est la loi », a-t-il déclaré en réponse à une question sur le voile islamique. Il a rappelé que dans sa propre famille, certaines femmes, dont sa grand-mère, portaient un foulard sur la tête.
« Les gens doivent s’habiller comme ils le veulent »
Il a précisé qu’il est contre tout signe religieux dans le service public, mais pas dans l’espace public. « Les gens doivent s’habiller comme ils le veulent. Si vous entrez dans le débat sur la manière avec laquelle les femmes doivent se vêtir, vous n’allez jamais vous en sortir », a-t-il prévenu. A l’Assemblée national, Jean Luc Mélenchon a regretté que le débat se focalise en France sur l’obligation de porter le voile ou sur le certificat de virginité alors que le nombre de pauvres augmentent dans le pays, que la pandémie de Covid-19 fait des ravages et que le climat pose beaucoup de défis pour l’avenir.