« J’ai souvent répété que le Liban est un pays qui n’a pas de chance, mais il est debout grâce à son peuple. C’est un peu comme en Algérie. Comme me le disait un jour mon ami Ragheb Alamé (chanteur libanais), les jeunes en ont marre. Les gens veulent vivre. Et c’est pourquoi il faut continuer à s’attacher à la vie. Et la vie continue, même si on prie pour le repos de l’âme de tous les martyrs tombés. Le problème actuellement, pour la terre entière, c’est que l’homme est fou. Après la colonisation, l’indépendance, nous avons eu la politique puis l’intégrisme… Aujourd’hui, nous voulons seulement vivre », a déclaré, ce jeudi 3 septembre 2020, Cheb Khaled au quotidien libanais L’Orient-Le-Jour, après la sortie d’une chanson dédiée au Liban, « Ismouha Beyrouth » (Elle s’appelle Beyrouth).
Ce single, sorti le 18 aoûts accompagné d’un clip et produit avec le DJ libanais Rodge, se veut être l’expression d’une solidarité avec la capitale libanaise dévastée par une double explosion le 4 août 2020. « Le Maghreb tout entier adore Beyrouth. J’ai découvert Beyrouth dans les années 1990, moi qui ai grandi avec des films tournés au Liban. Les Libanais commençaient alors à rebâtir. J’ai vu un pays se construire. C’est le pays du cinéma, de la convivialité. Beyrouth, c’est le Las Vegas du Moyen-Orient, notre Hollywood à nous. C’est ce qui m’a poussé à chanter cette chanson; j’ai en quelque sorte senti que c’était un devoir(…) j’ai dit à Rodge qu’il fallait qu’on fasse quelque chose. Il y pensait aussi. C’est tombé à pic. Il m’a envoyé des mélodies et après 30 minutes d’essais, j’ai validé l’une d’elles. Je n’ai pas dormi pendant 4 jours pour sortir la chanson au plus tôt, et le Bon Dieu a fait que toutes les portes auxquelles on a frappé se sont ouvertes », a expliqué la star du Rai, grand fan de la diva Fairouz.
Préparation d’un méga concert à Beyrouth
En moins de deux semaines, le clip a obtenu plus de 800.000 vues sur Youtube et largement partagée sur les autres réseaux. Les rentrées de la chanson seront entièrement versées à la Croix rouge libanaise. « J’ai été appelé de partout de Los Angles, d’Australie et d’autres pays. Les gens ont été touchés par la chanson même s’ils ne comprenaient pas l’arabe ou le français. Ils m’ont dit qu’ils avaient senti beaucoup d’émotion dans ma voix lors de l’interprétation de la chanson », a confié récemment Cheb Khaled à Al Jazeera. Les paroles en français de la chanson ont été écrite par l’épouse de l’artiste.
« J’ai ouvert la porte aux autres artistes pour soutenir Beyrouth. La musique aide pour se solidariser avec les autres. La mélodie doit être triste et joyeuse à la fois. Beyrouth me rappelle l’Algérie qui a connu le terrorisme pendant dix ans. L’Algérie est restée debout grâce à la gaieté, à l’humour, à l’art, aux chants…La tristesse tue un pays. J’ai vu à Beyrouth qu’après une explosion, les gens reprennent le sens de la fête le soir. A quoi bon d’être triste », a déclaré la star du Raï dans un autre entretien accordée à Al Arabiya.
Il a annoncé qu’il prépare avec d’autres artistes un méga concert à Beyrouth. « Tous les artistes sont les bienvenus à ce concert. Nous attendons la reprise des vols », a-t-il lancé. « Nous sommes habitués à ces problèmes, aux attentats, aux explosions. Et ensemble, nous pourrons changer les choses. En Algérie, nous avons donné des leçons aux Européens durant nos manifestations, toujours pacifiques. Oui, pour tuer l’ennemi, il faut le tuer avec le sourire. Il est important de respecter les institutions et les forces de l’ordre, qui sont nos fils, nos frères. Je pense que les Libanais en sont conscients », a soutenu le chanteur algérien à l’Orient Le Jour.