La fondation « Amidoul », porteuse du projet de la ville écologique connue sous le nom de « Ksar Tafilelt » dans la wilaya de Ghardaïa, a remporté récemment le Prix international des villes écologiques (Energy Globe Award 2023) en Norvège.
Remporté par la ville écologique « Ksar Tafilelt » lors d’une compétition qui a vu la participation de plus de 2.000 projets représentant 180 pays en Norvège, ce Prix est l’une des plus prestigieuses récompenses environnementales au monde, visant à encourager les projets durables qui apportent des solutions aux problèmes environnementaux, ou ceux utilisant des énergies renouvelables.
Espace urbain écologique alliant architecture traditionnelle et modernité architecturale, Ksar « Tafilelt », vise à préserver l’identité culturelle de la région à travers l’utilisation des matériaux locaux de construction et l’optimisation de l’exploitation du système des oasis.
Lors d’une réception organisée, dimanche, par l’Observatoire national de la société civile (ONSC) en l’honneur du président de ladite fondation, Ahmed Nouh, et en présence du directeur général de l’Institut national d’études de stratégie globale, Abdelaziz Medjahed, le président de l’observatoire, Noureddine Benbrahem a tenu à saluer ce « sacre », soulignant qu’il traduit « la compétence des jeunes algériens ayant besoin d’un accompagnement pour concrétiser de telles réalisations qui reflètent la diversité du patrimoine culturel et civilisationnel de l’Algérie ».
Pour sa part, Nouh s’est réjoui de « l’intérêt » accordé par les autorités et les organismes concernés, exprimant « sa disponibilité à contribuer à la formation des jeunes dans le domaine de l’architecture qui allie modernité et authenticité ».
Relevant l’importance de « renforcer la culture environnementale et de réfléchir à de nouvelles façons de réhabiliter le patrimoine architectural pour le préserver », le président de la fondation « Amidoul » a souligné la contribution des habitants de Ksar à la gestion des affaires de leur ville, la qualifiant de « de véritable consécration du principe de citoyenneté et de démocratie participative ».
De son côté, M. Medjahed a qualifié Ksar Tafilelt d' »expérience exemplaire » d’autant qu’il préserve d’une part les particularités architecturales de la région et protège, ainsi, le legs culturel, ajoutant que ce Ksar répond, d’autre part, aux exigences du développement durable.
« Le Ksar traduit tangiblement la démocratie participative »., soutient-il.
L’exploit du Ksar Tafilelt
L’entreprise était sans précédent en Algérie : construire une cité éco-citoyenne à partir de rien en se basant sur les principes de l’architecture ancestrale des ksours tout en intégrant les éléments du confort moderne. 20 ans plus tard, Ksar Tafilelt, est là, avec ses habitants et sa renommée internationale; qui lui vaut de nombreux prix dont celui du prix de la ligue arabe pour l’environnement (2014), le premier prix de la ville durable de la COP 22 à Marrakech (2016).
La fondation Amidoul à l’origine du projet a été récompensée en mars 2021 par le “National Energy Globe Award 2020”, un prix des plus prestigieux pour l’environnement, décerné annuellement par La fondation autrichienne Energy Globe Foundation.
Ce succès international tient au fait que la cité cumule toutes les valeurs positives dans un monde où la question de l’environnement, du développement et de l’économie circulaire se posent de manière lancinante. Ksar Tafilelt apporte la preuve que ce qui paraissait une utopie peut, grâce aux volontés et à la valorisation des expériences architecturales ancestrales, devenir une réalité.
Située au sommet d’une colline rocheuse, dans le Mzab, dans le nord du Sahara, Ksar Tafilelt enchante le visiteur par sa sobriété et son style d’avant-garde profondément enraciné dans l’héritage architectural ancestral. La cité qui a atteint le nombre de 6000 habitants en 2013 donne sur Beni Isguen, le plus célèbre des ksour de la Vallée du M’zab.
Le projet est lancé en 1997. Avec le soutien de compétences de la région, Ahmed Nouh crée une fondation, Amidoul, qui fera office de promoteur mais aussi d’organisme de crédit (gratuit) pour les futurs propriétaires. Des notables mozabites avancent les premiers fonds, l’Etat algérien soutient le projet et les futurs résidents participent à la conception et au chantier, en vertu de la « touiza », un travail d’intérêt général qui fait partie des traditions algériennes. Le Ksar de Tafilelt, qui s’étend sur un site rocheux d’une superficie de 22 hectares , compte plus de 1.000 habitations écologiques.
Verdure, arbres et souci de préserver l’environnement, tout ici est construit pour apprivoiser le désert et casser les vents de sable avec ses ruelles entrelacées qui servent de protection et apportent de l’ombre pour rendre les étés sahariens plus supportables. La cité a été réalisée avec des matériaux locaux avec un souci d’une bonne gestion de l’eau, si rare en ces lieux, et du recyclage des eaux usées et la valorisation des déchets ménagers. Ici, comme l’explique, le fondateur de la cité, Ahmed Nouh, un docteur en pharmacie retraité, personne ne doit cacher à son voisin le soleil. Aucune construction ne dépasse les 7,60 m de haut, soit un étage.
Dans son livre, “Le m’zab une leçon d’architecture”, André Ravéreau, explique la découverte d’une architecture sans architecte où les hommes et les femmes ont créé des villes toutes de beauté et fonctionnelle. Ksar Tafilelt témoigne de la permanence de ce génie ancestral où les hommes à force de travail, d’abnégation et d’inventivité arrivent à dompter le désert. Ksar Ksar Tafilelt est une leçon d’architecture et d’éco-citoyenneté.