Avec détermination, la révolution pacifique va vers l’accomplissement de sa première année. Elle rassemble encore plus de manifestants édifiés par le pouvoir lui-même, à travers ses choix et ses discours, que la voie pour libérer l’Algérie de la corruption et de la médiocrité passe par le changement de régime.
Des observateurs continuent, de leur salons, à poser de vieilles questions sur les “alternatives” et à propager leur lecture obsolète autour de “l’infiltration” et de la “déviation” de la révolution sans que cela n’affecte en rien la roue de l’histoire. Et pour cause, cette roue-là a souvent ignoré ceux qui ont choisi de rester dans les marges par souci de sécurité ou par cupidité, en affectant la sagesse.
Le vendredi 51 donne une leçon éloquente à ceux qui aiment les calculs: le nombre croissant des manifestants et leur détermination à continuer à manifester rend chaque jour plus improbable le rêve du pouvoir d’imposer le fait accompli. Les élections se sont transformées en réalité en piège. Elles ont révélé au grand jour les luttes de clans au sein du pouvoir et le retour des figures du quatrième mandat. Du coup, la médiocrité explose comme une bombe sale au visage de tous le monde.
Tout indique qu’il n’existe ni vision, ni consensus au sein du pouvoir. La seule chose qui se manifeste, à travers des décisions contradictoires, est celle d’une anarchie qui accentue l’inquiétude de ceux qui suivent la chose publique car dessinant un horizon bouché.
Le pouvoir n’a pas compris ce qui est arrivé le 22 février ou, pour être plus précis, il n’a pas fait l’effort de comprendre. Il n’a ni le temps pour comprendre ce qui se passe, ni les compétences dans son environnement pouvant lui être utile en présentant les bonnes lectures. Ce qui lui reste, ce ne sont que des armées de profiteurs arrivés aux hautes fonctions en raison de la règle en vigueur de la “prévalence de l’allégeance sur la compétence”.
Le pouvoir n’ayant pas compris, il persiste à recourir aux vieilles recettes: traitement sécuritaire accompagné de campagnes de manipulations médiatiques , élections, révision de la constitution…. Et ainsi de suite, jusqu’au bout du même plan qui est ressorti à chaque crise d’un régime depuis longtemps frappé d’obsolescence.
Des partis qui se préparent au retour des « quotas«
Au sein du régime la croyance que la force dispense de la nécessité de comprendre est une règle, ses choix sont donc compréhensibles. Ce qui n’est pas du tout compréhensible par contre est l’attitude de ces partis qui adhèrent au plan du pouvoir visant à renouveler la façade du régime. Ils le font en se préparant déjà au retour au jeu des “quotas” dont la saison sera ouverte avec les élections législatives et communales; des échéances que le pouvoir compte organiser en bout d’un processus renversé réduisant la prétendue “institution” à une opération de “renouvellement” d’un régime depuis bien longtemps périmé.
En cours de route, le pouvoir commet davantage d’erreurs mortelles suivi par des partis guidés par l’instinct de cupidité. Le tout donne ainsi une image du régime dans toutes ses composantes: pouvoir et partis y compris ceux qui se mettent en posture d’opposants; des façades pluralistes factices face à un mouvement populaire dans la rue ouvert à toutes les diversités de la société et qui persiste à poursuivre la bataille de la liberté; un mouvement entièrement tendu vers l’avenir pour ne laisser derrière lui qu’un régime constitué de résidus d’une autre ère.
Chaque semaine, ce régime montre le pire de ce qu’il est et de ce qu’il a. Il arrive ainsi à convaincre davantage d’Algériens que leur révolution pacifique, la Silmiya, est une formidable réalisation et qu’elle est digne d’être une source de fierté. Mais cette révolution est d’abord, l’issue de secours face à une aventure qui va à l’encontre du mouvement de l’histoire, une aventure que persistent à emprunter ceux qui ne tirent pas les leçons, proches et lointaines, de l’histoire.
La flamme de la révolution pacifique ne s’est pas éteinte. Elle est ardente, elle éclaire la voie pour une nouvelle génération de jeunes militants qui ont choisi d’assumer le fardeau de sauver leur pays et de construire l’Algérie qu’ils souhaitent. Une Algérie libre et fière où la loi règne et où les Algériens vivent pleinement et dignement en citoyens.
Par Nadjib Belhimer.
Traduit par la rédaction – Article original