La France bascule. Le Gaullisme, héritage de ce vieil adversaire respecté du mouvement national algérien, qui a largement structuré la vie politique française est en train de disparaître, la gauche, malgré une incroyable cabale contre les Insoumis, coupables de dénoncer en termes clair le génocide à Ghaza – résiste.
C’est la petite note d’espoir, celle qui rappelle que la France, ce n’est pas que les fachos et les collabos et les Cnews “1000 collines” distributeurs quotidiens de haine et de racisme, c’est aussi un pays de résistants et de militants et d’humanistes. Il reste que le fait majeur de ce premier tour d’une élection législative, décidée de manière hasardeuse, est bien cette extrême-droite qui arrive aux portes du pouvoir.
Pour les Algériens, ce sont les héritiers de vieux adversaires à qui jamais ils n’accorderont une once de respect. Les héritiers directs des tortionnaires, des racistes, des ultras d’un ordre colonial barbare. Certes, cette montée de l’extrême-droite en France n’est pas isolée, c’est une tendance en Europe où le néolibéralisme dominant a paupérisé des pans entiers des populations et déclassé d’autres.
A cette situation, les pouvoirs politiques, soumis aux dominants, ont surfé sur les thèmes identitaires, sur la fabrication d’une menace “extérieure”, musulmane en l’occurrence, reprenant un par un, les thèmes de prédilection de l’extrême droite. Le racisme – c’est bien de cela qu’il s’agit – est banalisé.
L’extrême-droite française a, en sus de cet humus fangeux qui déferle sur l’Europe, un histoire propre avec l’Afrique en général et l’Algérie en particulier. C’est le parti de la haine contre les Algériens, le parti qui continue de claironner que la France a “civilisé” des barbares, qui est aux portes du pouvoir.
Les relations entre Alger et Paris ont toujours été marquées du sceau de l’ambiguïté avec une divergence de fond sur la manière d’évaluer la longue – et terrifiante – séquence coloniale. Les efforts visant à faire un récit historique “consensuel” sur cette période, laissent plus que sceptiques les historiens.
On risque même un retour en arrière avec ce mur de haine qui s’élève en France et qui cible de manière frontale les français non “souchiens”, déjà malmenés avec la loi sur le “séparatisme” et qui sont désormais ouvertement désignés comme une cinquième colonne. La droite française au pouvoir, a force de singer l’extrême droite, a envoyé le mauvais signal: les électeurs français, perturbés par les politiques néolibérales, peuvent voter pour “l’original”. C’est une réussite! Il suffisait de la décision, aléatoire et incompréhensible, de dissoudre l’assemblée nationale pour amplifier ce qui s’était exprimé aux européennes. Le basculement est en cours.
Les français d’origine maghrébine et subsaharienne vont souffrir. “Dans la vie quotidienne, les ‘blancs’ ont déjà l’attitude belliqueuse, genre, fini de rire” indique un franco-algérien. Les exemples ne manquent pas. Mais ils doivent tirer le bon enseignement de ces orages: ils n’ont plus le droit à l’abstention. Ceux qui le peuvent doivent s’inscrire sur les listes électorales et voter. Comme ils sont l’objet-cible des politiciens de toutes les droites, ils savent qui les vouent à la remigration et ceux qui les considèrent comme des français à part entière. Et ils savent déjà pourquoi un Mélenchon est tellement haï par les médias qui ont fait le lit de l’extrême-droite.