“La gare” ou “Ain Lahdjar” comédie satirique sur la société algérienne

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“La gare” ou "Ain Lahdjar" comédie satirique sur la société algérienne
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Le film La Gare (ou Ain Lahdjar), réalisé par Lotfi Bouchouchi, a été présenté le 05 octobre en ouverture du Festival International d’Oran du Film Arabe (FIOFA). Cette comédie satirique dresse un portrait doux-amer de la société algérienne à travers une critique subtile des jeux de pouvoir, des complots et de la corruption. Située dans le village “fictif” d’Ain Lahdjar, quelque part dans le désert algérien, l’histoire se déroule trois mois avant le Hirak, un détail précisé dès le début du film.

Au cœur de cette intrigue, un village isolé abrite une petite gare perdue dans un paysage aride, loin des centres de décision. Autour de cette gare désuète, les habitants se disputent le pouvoir dans une série de manigances et de complots. L’atmosphère de délabrement et d’abandon est accentuée par les décors : un village construit en terre, des wagons abandonnés et des rails ne fonctionnant qu’occasionnellement, symboles de l’immobilisme dans cette bourgade enclavée.

Le réalisateur, Lotfi Bouchouchi, avait obtenu l’accord pour le financement de son film en 2018 mais n’a reçu l’autorisation de tournage du ministère de la Culture qu’en 2021. Après une longue quête pour trouver un lieu de tournage éloigné des agglomérations, il a finalement choisi la gare d’El Kantara, à la frontière entre les Hauts Plateaux et le Sahara, pour planter son décor.

La Gare est son deuxième long métrage après Le Puits (2016), qui se déroulait également dans un village désertique, mais durant la colonisation française. Bouchouchi a tenu à préciser, lors de la première projection à Oran, que les similitudes entre les deux films s’arrêtaient à ce cadre désertique.

Des interprétations remarquables

Le film repose largement sur l’interprétation de ses acteurs principaux. Nabil Asli incarne Battouche, un complotiste charismatique, Mourad Saouli joue Cherif El Barrah, et Kamel Rouini prête ses traits au chef de gare Tayeb. Tous trois livrent des performances marquantes, se distinguant par la finesse et la justesse de leur jeu, avec une mention spéciale pour Nabil Asli, dont la présence domine l’écran. L’entrée en scène de Mme Aïcha, interprétée par Houria Bahloul, ainsi que celle de la jeune et séduisante Malika, ajoute une touche d’épice et de complexité à l’intrigue.

Un miroir de la société algérienne

À travers cette microsociété villageoise, “La Gare ou Ain Lahdjar” offre un miroir des dynamiques sociales et politiques de l’Algérie contemporaine. Le film révèle comment les pouvoirs en place, même dans les endroits les plus reculés, peuvent influencer les communautés, les entraînant dans des complots dont elles ignorent souvent les enjeux réels. La satire sociale de Bouchouchi touche ainsi à des thèmes universels tout en conservant un ancrage profondément local.

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