La Grande Mosquée de Paris s’inquiète de la montée du discours antimusulman dans les médias

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La Grande Mosquée de Paris s'inquiète de la montée du discours antimusulman dans les médias
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Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, s’inquiète de la montée du discours anti-musulman dans les médias français.
Chems-eddine Hafiz a rencontré Roch-Olivier Maistre, président de l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), le gendarme de l’audiovisuel français, pour lui remettre une lettre de protestation, « après une observation minutieuse et une surveillance continue au cours des dernières semaines du discours médiatique dont l’intensité a augmenté ».


« Tout discours véhiculant la haine et la violence ne mène qu’à davantage de haine et de violence en retour. À cette occasion, à la Grande Mosquée de Paris, nous n’avons pas seulement averti contre l’hostilité envers les musulmans et les pressions médiatiques et sociales exercées sur eux, mais nous avons également appelé à la lutte contre l’antisémitisme en général. C’est notre rôle et notre devoir, en particulier dans de telles circonstances. La Grande Mosquée de Paris a le devoir de s’inquiéter, en particulier, des faits répréhensibles commis à l’encontre de nos concitoyens de confession musulmane », a déclaré Chems-eddine Hafiz  dans une interview accordée à LatestReport, reprise sur le site de la Grande Mosquée de Paris.
Et d’ajouter :  « Ces derniers jours comme ces derniers mois, hélas, j’ai le regret de constater une évolution dangereuse et pernicieuse qui conduit les musulmans de France à devenir les cibles de propos absolument inadmissibles. Nous ne pouvons rester insensibles et passifs face à la libération et à la banalisation d’une parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse contre nos concitoyens musulmans ».


« Je m’oppose fermement à ceux qui exploitent notre religion à des fins politiques »

Il a estimé que le discours de haine touche les musulmans et d’autres communautés. « Le ministère de l’Intérieur français a signalé environ 1200 cas d’antisémitisme au cours des dernières semaines, se manifestant par des insultes, injures et même des agressions physiques contre des citoyens français de confession juive. En tant que recteur de la Grande Mosquée de Paris, la plus ancienne institution islamique en France, qui a représenté les musulmans dans ce pays pendant plus d’un siècle, et qui continue à le faire, je tiens à souligner mon engagement et à affirmer ma responsabilité dans la défense, de la dignité, des droits et de la liberté des musulmans dans la pratique de leur religion et de leurs cultes. De plus, je m’oppose fermement à ceux qui exploitent notre religion à des fins politiques dans le but de la dénigrer et de présenter une image négative de cette belle religion qu’es l’islam », a-t-il déclaré.


Invité au plateau de la chaine d’information continue, BFMTV, qui défend sans aucune distance toutes les thèses israéliennes depuis le début de l’agression contre Ghaza, Chems-eddine Hafiz s’est prononcé, dans une émission consacrée à l’antisémitisme, sur la situation à Ghaza et sur l’attaque de Hamas contre les israéliens.


 Il a rappelé, dans ce débat avec Haïm Korsia, grand rabbin de France, que le fondateur de la Grande Mosquée de Paris avait sauvé des juifs des rafles nazies durant la deuxième guerre mondiale. « Lorsque le peuple d’Israël veut vivre en sécurité, il est évident aujourd’hui qu’il faut à côté un deuxième Etat pour que le peuple palestinien puisse vivre également en sécurité. Le peuple israélien ne pourra jamais vivre  en paix tant  qu’à côté, il n’y aura pas un peuple palestinien qui vivra en paix », a-t-il dit dans cette émission en plaidant pour la solution des deux Etats. Selon lui, il est anormal qu’un musulman soit antisémite.
Chems-eddine Hafiz a été critiqué de n’avoir pas défendu assez la population civile victime, selon les organisations internationales de défense des droits d’humains, de génocide et d’épuration ethnique commis par les militaires israéliens.


« Il ne peut y avoir de hiérarchie dans le sort des victimes »

« Mes propos ont été sortis de leur contexte et interprétés de manière tronquée et malveillante. J’ai insisté sur les droits des Palestiniens à avoir un État, revendication légitime et nécessaire. Comme j’ai rappelé qu’un être humain est égal à son prochain et qu’il ne peut y avoir de hiérarchie dans le sort des victimes. Quant à ma réponse à la question concernant le Hamas, lors de l’interview avec la chaîne française, elle a été interprétée de manière à déformer intentionnellement mon idée. Je suis un religieux qui n’a pas de compétence pour qualifier des actes de quelque nature que ce soit. En tout cas, il n’y a aucune mention, ce qui est une preuve claire d’une manipulation éhontée de mes propos au cours de l’interview », a-t-il répondu.


« Les victimes et leurs familles, qu’il s’agisse de personnes âgées, de femmes ou d’enfants innocents, attendent des solutions pratiques plutôt que de longs discours et de nombreuses paroles inutiles. C’est pourquoi je confirme ma position, en soulignant tout d’abord la nécessité d’arrêter toute opération violente et le meurtre d’innocents. D’un autre côté, je soutiens et j’apporte mon appui au peuple palestinien dans son État indépendant et sa capitale, “Al Qods Acharif”, dans les plus brefs délais, avant la fin de cette année », a soutenu Chems-eddine Hafiz.


La presse française de droite attaque ces derniers jours le recteur de la Grande Mosquée de Paris. « Algérie, Frères musulmans : les influences ambiguës de la Grande Mosquée de Paris », titre le magazine l’Express. « Elu en 2020, le recteur Chems-eddine Hafiz se veut l’interlocuteur privilégié de l’Elysée sur l’islam tout en répondant aux demandes d’Alger. Un équilibre précaire menacé par le conflit entre Israël et le Hamas », écrit cet hebdomadaire, connu aussi pour ses positions totalement pro israéliennes. Chems-eddine Hafiz est critiqué en raison de sa non participation à « la marche contre l’antisémitisme », organisée par les deux chambres du Parlement français, le 12 novembre 2023. 

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