Le tribunal d’application des peines a accepté ce 15 novembre la onzième demande de libération conditionnelle du militant libanais propalestinien, emprisonné pour complicité de meurtres et libérable depuis 1999. Le parquet français antiterroriste (PNAT)va faire appel.
La libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais propalestinien détenu en France depuis 40 ans, pourrait marquer un tournant si elle se confirme. Vendredi, le tribunal d’application des peines a accepté sa onzième demande, mais le parquet national antiterroriste (Pnat) a aussitôt annoncé faire appel.
Selon le Pnat, cette libération, prévue pour le 6 décembre prochain, est assortie d’une condition : Abdallah devra quitter le territoire français et s’engager à ne plus y revenir.
Une condamnation marquante
Arrêté en 1984, Georges Ibrahim Abdallah avait été condamné en 1986 à quatre ans de prison pour association de malfaiteurs et détention d’armes. Un an plus tard, il écopait de la perpétuité pour complicité dans les assassinats de deux diplomates, l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimentov, à Paris en 1982, ainsi que pour une tentative d’assassinat en 1984.
Pendant son procès, Abdallah s’était défendu, niant son implication directe et se revendiquant comme «un combattant arabe». Malgré cela, la peine prononcée allait bien au-delà des réquisitions de l’avocat général, qui avait demandé dix ans de prison.
Un détenu aux positions inchangées
Aujourd’hui âgé de 73 ans, Georges Ibrahim Abdallah est l’un des plus anciens détenus de France. Incarcéré à Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, il est décrit par ses proches comme un homme résolument fidèle à ses convictions. « Il va bien intellectuellement, c’est un militant qui reste sur ses positions. Il lit beaucoup et suit de près l’actualité au Moyen-Orient », confiait son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, en 2022.
Depuis 1999, date où il est devenu libérable, ses nombreuses demandes de libération conditionnelle ont toutes été rejetées, sauf en 2013. À l’époque, la décision de libération était conditionnée à son expulsion, mais elle n’avait pas été exécutée par le ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel Valls.
Un prisonnier politique pour ses soutiens
Au fil des années, le cas Abdallah a suscité des mobilisations en France et à l’international, notamment dans les milieux proches du Parti communiste et de l’extrême gauche. Ces derniers dénoncent une forme d’acharnement judiciaire et le considèrent comme un prisonnier politique.
Certaines municipalités à tendance communiste l’ont fait citoyen d’honneur, tandis que des manifestations en sa faveur se tiennent régulièrement, notamment devant la prison de Lannemezan.
Récemment, l’écrivaine et prix Nobel de littérature 2022, Annie Ernaux, avait dénoncé ce qu’elle qualifie de « justice d’État ». Dans une tribune publiée en octobre dans L’Humanité, elle écrivait : « Georges Ibrahim Abdallah est victime d’une justice d’État qui fait honte à la France. »
Un appel qui suspend la décision
L’appel annoncé par le Pnat suspend pour l’instant la décision du tribunal. Si la libération conditionnelle était finalement confirmée, elle marquerait la fin d’un emprisonnement de quatre décennies, tout en rouvrant un débat sur la politique judiciaire et la notion de justice face à des crimes à connotation politique.