Le coronavirus poursuit ses ravages dans les Amériques, et touche ses dirigeants: la présidente bolivienne et le numéro deux vénézuélien ont annoncé jeudi l’avoir contracté, quelques jours après le président brésilien Jair Bolsonaro, alors que les Etats-Unis et le Mexique ont connu un nouveau record quotidien d’infections.
« Je suis positive au Covid-19, je vais bien, je travaillerai à l’isolement. Ensemble, nous allons aller de l’avant », a tweeté la Bolivienne Janine Añez, qui est aussi candidate à l’élection présidentielle du 6 septembre.
« Je serai en quarantaine pendant quatorze jours et ferai un autre test. Je me sens bien », a ajouté la dirigeante de droite de 53 ans dans une vidéo postée sur son compte Twitter. Trois membres de son gouvernement avaient fait savoir ces derniers jours qu’ils avaient été contaminés.
Elle est devenue présidente par intérim de la Bolivie après la démission et l’exil du président de gauche Evo Morales en novembre 2019.
La Bolivie -onze millions d’habitants- a comptabilisé 42.984 cas de contamination et déplore 1.577 décès liés au Covid-19.
Quasiment au même moment, au Venezuela, le président de l’Assemblée nationale constituante et numéro deux du parti présidentiel (PSUV) Diosdado Cabello révélait avoir été contaminé. Il avait interrompu mercredi son émission hebdomadaire, précisant être « en train de lutter contre une forte allergie ».
« Toute ma solidarité (…). Il est en train de se reposer, il va bien », a réagi le président Nicolas Maduro, annonçant à cette occasion qu’Omar Prieto, gouverneur de l’Etat de Zulia (ouest) qui se trouve à la frontière avec la Colombie et où est localisé le plus important foyer de Covid-19 au Venezuela, était également atteint par la maladie.
« Très bien »
Selon les chiffres officiels –qui sont sous-estimés d’après l’opposition et des ONG comme Human Rights Watch–, 8.372 cas et 80 décès ont été confirmés dans le pays.
C’est bien moins qu’au Brésil, pays d’Amérique latine le plus affecté et deuxième au monde, où le dernier bilan faisait état jeudi de 69.184 morts (+1.220 en 24 heures) et 1,75 million de cas (+42.619).
Son président d’extrême droite Jair Bolsonaro, ouvertement sceptique sur la pandémie et opposé aux mesures de protection contre le virus, a annoncé mardi avoir été contaminé. Il claironnait deux jours plus tard qu’il allait « très bien ».
Depuis le début de la pandémie, le dirigeant de 65 ans a multiplié les bains de foule –la plupart du temps sans masque et serrant des mains–. Jeudi, il a de nouveau préconisé l’usage de l’hydroxychloroquine, un médicament controversé.
La situation continue de s’aggraver en Amérique latine, avec le Pérou qui a franchi mercredi la barre des 11.000 morts ou le Salvador dont la capitale est en « phase critique » selon l’ONG Médecins sans frontières.
Et le Mexique a enregistré jeudi un nouveau record de cas quotidiens (+7.280) pour un total de 282.283, et 33.526 morts.
Le virus se propage aussi à grande vitesse aux Etats-Unis. Ils ont battu également un nouveau record du nombre d’infections en une journée, avec plus de 65.500 cas supplémentaires recensés, selon le comptage à 20H30 locales de l’université Johns Hopkins.
Le nombre total de cas enregistrés s’établit désormais à plus de 3,11 millions. Le précédent record quotidien datait de mardi (plus de 60.200 nouveaux cas).
Et un millier de personnes ont succombé au Covid-19 lors des dernières 24 heures, pour un total de 133.195 décès aux Etats-Unis.
Trump minimise
Le président Donald Trump a minimisé jeudi ces records quotidiens: « Pour la centième fois, la raison pour laquelle nous avons tant de cas, comparé à d’autres pays qui ne font pas mieux que nous et de loin, est que nous testons beaucoup plus et mieux », a-t-il tweeté.
Mais « nous sommes dans une situation très difficile », a déclaré jeudi l’expert en maladies infectieuses Anthony Fauci, qui conseille la Maison Blanche sur la crise du Covid-19.
La réouverture du pays a eu lieu en « sautant toutes les étapes recommandées », a-t-il critiqué lors d’une téléconférence organisée par le média The Hill. « Ce n’est pas la bonne façon de procéder. Nous avons besoin de repenser cela et de faire différemment ».
L’Organisation mondiale de la santé a appelé jeudi à l’unité contre le virus, alors que le cap des 12 millions de cas déclarés venait d’être franchi dans le monde. Plus de 550.900 décès ont été recensés.
« Nous ne pourrons pas vaincre la pandémie si nous sommes divisés », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, deux jours après que les Etats-Unis ont confirmé leur retrait de l’instance internationale qu’ils accusent d’avoir mal géré la crise et d’avoir été trop indulgente à l’égard de la Chine où le virus est apparu en décembre.
Tandis que le continent américain tarde à atteindre le pic de l’épidémie, le virus a reflué ailleurs dans le monde, non sans résurgences.
En Australie (environ 9.000 cas pour 106 morts), les cinq millions d’habitants de Melbourne ont été replacés en confinement pour six semaines et les frontières de l’Etat de Victoria fermées.
La situation en Europe paraît sous contrôle malgré de nouveaux foyers. Le continent reste le plus durement touché avec plus de 200.000 morts, dont plus des deux tiers au Royaume-Uni, en Italie, en France et en Espagne.